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L’histoire des évadés corses du camp de Rawa-Ruska, racontée ce jeudi à Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio


le Lundi 13 Janvier 2025 à 16:35

C’est un épisode méconnu de la Deuxième Guerre mondiale que le Corse Dominique Pompa évoquera ce jeudi 16 janvier à la médiathèque de Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio, Dès 1940, galvanisés par l’appel du général De Gaulle, de nombreux Français et Belges ont tenté de s’évader des stalags allemands dans lesquels ils avaient été constitués prisonniers. Les repris furent envoyés dans le camp de Rawa-Ruska, aujourd’hui en Ukraine. Parmi eux, 140 Corses qui seront témoins de la Shoah.



Sur cette photo, quatre prisonniers corses du stalag 325 de Rawa Ruska.
Sur cette photo, quatre prisonniers corses du stalag 325 de Rawa Ruska.
Si Dominique Pompa connaît le sujet sur le bout des doigts et est aujourd’hui le délégué régional de l’association Ceux de Rawa-Ruska, c’est parce qu’il a côtoyé très jeune l’un des rescapés de Rawa-Ruska : son père, Pierre Pompa. « Il m’en avait beaucoup parlé. Ce qui l’avait marqué, c’était la déshumanisation à l’oeuvre. C’était le but de leur incarcération. » Quand ils eurent vent que le général de Gaulle avait déclaré quelque chose comme « tous les officiers, soldats, marins, aviateurs, français où qu’ils se trouvent, ont le devoir de résister à l’ennemi », nombre de prisonniers de guerre tentèrent de s’évader des stalags allemands. Des évadés récidivistes, qui se rendirent « coupables » (aux yeux des Allemands) de sabotage ou de refus de travail réitérés. Repris, ces courageux furent envoyés le plus loin possible de la France, en Ukraine, au camp de Rawa-Ruska. Au total, sur plus de 1 500 000 prisonniers de guerre français internés en Allemagne, 24 à 25 000 furent dirigés à Rawa-Ruska, « le stalag 325 ».

"Les Corses étaient plus réfractaires !"

Parmi lesquels Dominique Pompa a recensé « 140 corses », originaires de toute l’île. Un nombre conséquent au regard de la population insulaire de l’époque : « Peut-être que les Corses avaient une proportion plus élevée que les autres à s’évader. Ils étaient un peu plus réfractaires ! », fait remarquer le fils de Pierre Pompa. A Rawa-Ruska, « il y avait des Corses, des Picards, des Bretons… Ils se regroupaient par affinités ou par langues. Ca les tenait ensemble. » Durant leur incarcération à Rawa-Ruska, tous furent témoins des massacres. Ce que l’on a appelé plus tard « la Shoah par balles », en référence au million et demi de Juifs d’Ukraine, non pas morts dans les camps d’extermination, mais fusillés par la Waffen SS. 

De Rawa-Ruska, Pierre Pompa en est ressorti vivant. « Aujourd’hui, il reste un survivant du camp, sur le Continent. Il a 106 ans. Le dernier Corse s’est éteint il y a quatre ans », souligne Dominique Pompa. Avec Sylvain Gregori du Musée de la Résistance de Zonza, il a entrepris d’intégrer cet épisode méconnu dans le parcours d’exposition du musée. La plupart du temps, Dominique Pompa intervient dans les écoles corses pour raconter aux jeunes générations l’histoire de son père et de tous « Ceux de Rawa-Ruska ». « Le retour que j’ai à chaque fois est très positif de la part de ces jeunes. Ils sont surpris car ils n’ont pas l’habitude d’avoir un témoignage aussi direct de cette époque-là. »

« Les évadés de Rawa-Ruska », une conférence de Dominique Pompa, ce jeudi 16 janvier à 18 heures à la médiathèque de Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio. Entrée gratuite.