Vendredi, à la médiathèque du centre culturel l’Alb’Oru à Bastia, « s’est déroulée la restitution du projet Nos amis les aniMOTS » indique Jocelyne Casta, directrice des bibliothèques et médiathèques de la ville. « Elle est le fruit d’un partenariat entre la Direction des affaires culturelles et la Direction du Renouvellement Urbain et de la Cohésion Sociale dans le cadre de la Dotation Politique de la Ville » ajoute-t-elle. « Ce partenariat permet de mener des actions culturelles au plus près des habitants et plus précisément des jeunes des quartiers sud puisque ces ateliers ont été organisés entre le centre culturel Alb’Oru de Lupino et le centre social François Marchetti à Paese Novu ». poursuit la directrice.
L’action consistait en des rencontres créatives autour du verbe poétique, sur le thème des sculptures de Richard Orlinski disséminées à travers tout le territoire de la CAB depuis le début de l’été, avec pour animateur, Youn, poète de l’oralité du collectif « Au détour de Babel », créé à Rennes. « Ce collectif que j’ai initié voilà 15 ans conduit des actions protéiformes autour du verbe poétique » explique Youn, installé depuis plusieurs années à Bastia. « Nos actions mêlent spectacles, performances, expositions, tous au service du verbe poétique. Nous avons une cinquantaine d’intervenants dans toute la France : des musiciens, des comédiens, des plasticiens, des poètes, des gens de tous bords ». Chaque année, à cette période, une action est donc menée par le Collectif avec la ville de Bastia. « Avec Youn nous avions plusieurs pistes pour cette session de 2024 et puis l’exposition des œuvres monumentales de Richard Orlinski présentée par l’Office du Tourisme Intercommunal, dans le cadre de « In Giru 2024 » nous a semblé une évidence » souligne Jocelyne Casta.
Une action intergenerationelle
La plupart des 15 participants étaient des habitants des quartiers sud, de 10 à 83 ans ! « Dans un premier temps, grâce au concours de sa directrice Céline Dolesi, nous avons organisé au centre social François Marchetti, 4 ateliers d’écriture, en français et en corse, autour des photos des 6 animaux de l’exposition puis une journée de safari poétique sur place d’une sculpture à l’autre » indique Youn. Aux ateliers d’écriture, de 3h chacun, chaque participant a travaillé sur un animal : ours, lion, crocodile, panthère, gorille… « Il s’agissait d’un travail poétique sur chacun d’eux et autour d’eux » commente Youn. « Que sont ces animaux, que représentent-ils, pourquoi ces couleurs, pourquoi ont-ils été placés dans des lieux parfois décalés, qu’inspirent ces animaux. Il y a eu des échanges entre les participants, d’autant plus intéressants qu’intergénérationnels, entre familles. L’occasion de beaux moments de partage où chacun a éclairé les autres avec son approche personnelle de la langue, son jeu avec les mots ».
À l’issue de ces ateliers, une séance d’enregistrement des textes a eu lieu pour les besoins du film de restitution. « Pour beaucoup de participants, ces ateliers constituaient une nouveauté et ils partaient dans l’inconnu et la magie s’est opérée car tous sont vraiment rentrés dans le jeu, même les plus timides. Il y a une véritable alchimie humaine. Au-delà de l’action proprement dite il s’est passé quelque chose entre ces gens aux milieux différents, aux préoccupations différentes, aux objectifs différents. Ils ont voyagé ensemble dans la poésie, chacun dans son style, » ajoute Jocelyne Casta. « Les gens se sont véritablement lâchés, on était dans la générosité, l’échange » confirme Youn.
« Je me suis inscrite par curiosité » déclare Marie-Claire, une hab tante du quartier. « Ce travail a été très agréable, enrichissant. Chacun a donné ses idées, ses interprétations, les a partagées. Il y a eu beaucoup d’échanges ». Parmi les animaux, l’un a fasciné le tout jeune Farés qui a participé en famille, avec sa maman. « J’ai choisi le crocodile et j’ai découvert encore plus cet animal. Les animateurs m’ont aidé pour le texte par rapport à ce que je voulais écrire. J’ai bien aimé le safari en bus. On est allés d’animal en animal comme des touristes. J’ai aussi appris à enregistrer ».
Toute l’opération a été filmée par le vidéaste Oleksiy Dokuchayev pour les besoins d’un film d’une douzaine de minutes mis en musique par le musicien Lelexx. « C’est une production audio-poético loufoque» commente Youn, et Jocelyne Casta de conclure : « Une action réussie à 200% ».