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La Ligue des droits de l'homme alerte les citoyens


Vanina Bruna le Mardi 22 Avril 2014 à 20:52

Les membres du bureau de la LDH se sont réunis à l'Octroi, à Ajaccio, pour donner une conférence de presse. Un nouveau point après des municipales mouvementées, ils dressent un bilan de l'évolution de la politique sur l'île et souhaitent informer les citoyens de la fragilité de la démocratie.



La Ligue des droits de l'homme alerte les citoyens
André Paccou, Julia Sanguinetti, Michéle Zevaco, Jean-Pierre Arrighi, Antonin Bretelle et Jean-Christophe Galavotti relatent un état de fait. La donne politique a changé au cours de ces dernières municipales. si le FN est bien installé dans le paysage politique, c'est l'UMP qui gagne du terrain dans de nombreuses villes au plan national.
En Corse, si la LDH se félicite du taux de participation à ces élections et de la marginalisation du FN, elle trouve toutefois des limites à cette satisfaction. Le spectacle offert par les élections insulaires ont incités la LDH à prendre position afin de réinstaurer un débat de fond sur l'évolution de la société et du peuple Corse.
Les membres de la LDH ont donc fait parvenir un courrier à l'ensemble des élus territoriaux pour exprimer leur position sur la citoyenneté de résidence, un débat dangereux ou il est question d'égalité des droits. "La Corse nécessite d'être traitée de manière singulière. L'égalité des droits ne veut pas dire traiter tout le monde de la même manière, mais traiter chaque cas dans sa spécificité en agissant de la même façon chaque fois que le cas se représente.." précise André Paccou.

Une démocratie fragile

Pour la LDH, l'importante augmentation de corps électoral dans certaines communes est, en partie, liée à l'explosion du nombre de résidences secondaires. Cet état de fait "interroge sur la possibilité des résidents permanents de peser sur le choix de leurs élus, et d'être, par le moyen de la démocratie représentative, les décideurs des politiques locales. Se pose ici l'urgence de la définition d'une nouvelle citoyenneté, fondée sur la résidence, entendue au sens d'installation durable en Corse.
Le constat est clair, l'inflation des votes par procuration pose un véritable problème. C'est la sincérité de certains scrutins qui est remise en cause. Il y a quelques années, c'était le vote par correspondance qu'il avait fallu combattre. Dérives claniques de retour? Manipulations des scrutins? L'objectif selon André Paccou est de "redonner un ordre démocratique dans le code électoral".

Jeux politiciens, criminalisation et nouvelles pratiques démocratiques

"La LDH se demande si l'excès de jeux politiciens ne l'a pas emporté sur les débats autour de projets. Fort légitimement, l'objectif, pour chaque liste présente était d'accéder au pouvoir. Mais les élections sont un moment privilégié pour confronter différents projets. Cette confrontation et le pluralisme politique sont nécessaires aux citoyens. Ils offrent des repères qui donnent sens à la démocratie." soulignera Elsa Renaut, enseignante et syndicaliste, membres du bureau de la LDH. Selon le LDH, la démocratie a besoin de débats de fond, et c'est ce qui a manqué à ces municipales. Mais pas seulement. Avec l'assassinat de Jean Leccia au soir du premier tour des municipales, avec la distribution de tract anonyme dans le Valinco, portant de graves accusations contre des personnes nommément citées, "la démocratie a besoin de l'Etat de droit. Il revient à l'Etat d'assurer la sécurité des citoyens, d'en finir avec l'impunité, sans remettre en cause leur liberté, sans recours à des méthodes dérogatoires au droit commun." précisera-t-elle également. 
La LDH en appelle à la conscience citoyenne de chacun "les citoyens ont également la responsabilité d'exiger de leurs élus le respect de la loi, la transparence, et de nouvelles pratiques démocratiques."

PADDUC, politiques locales et spéculations

"Au lendemain des élections municipales, marquées par une victoire de la droite, certains de ses leaders sont passés à l'offensive." surenchérit André Paccou. "ils demandent le gel des travaux sur le PADDUC, et l'abandon des discussions autour d'alternatives à l'économie de résidence, qu'ils continuent à soutenir. Vu l'état social de la Corse, ce n'est pas raisonnable."
Pour le porte-parole de la LDH, à ceux qui disent que la droite n'a pas de projet, il répond clairement que "oui la droite a un projet, et il est clairement défini. C'est celui de la spéculation, du libéralisme effréné qui ne peut qu’entraîner des inégalités en droit."
La LDH s'est donc fixé comme objectif d'instaurer un débat de fond. Cette conférence de presse fait suite à une réunion qui s'est tenue à Corte avec d'autres leaders insulaires. "Ça n'est pas un positionnement partisan que prône la LDH mais bien un engagement citoyen, il ne s'agit pas de questions d'accès au pouvoir, mais bien d'un enjeu de société." précise André Paccou.
Cette semaine l'assemblée de Corse se réunira autour des questions foncières relatives à la citoyenneté de résidence. Si il y a un réel risque pour le citoyen insulaire d'être dépossédé du foncier, le risque est plus grand encore, d'être dépossédé de la démocratie, censée régir les décisions politiques qui nous concerne tous. Face à une droite qui semble bien décidée à prendre le pouvoir, "la LDH se félicite de la reprise des travaux du PADDUC. Elle soutient la majorité de l'Assemblée de Corse qui veut définir un autre développement pour la Corse, en s'appuyant sur une large délibération, en insistant sur la question sociale, et qui, sans nier le marché, refuse le tout marché, la dérégulation, et la dé-sanctuarisation de la Corse."
Pour les citoyens, rendez vous est pris pour les européennes.