Après un exil forcé de près de deux siècles, la Madone de Brando, va enfin retrouver sa terre natale. Le retour tant attendu de cette pièce maîtresse du patrimoine corse est prévu pour le mardi 16 juillet. Le retable mesurant 2 mètres 20 de haut qui représente la Vierge en trône tenant l’Enfant, entourée de quatre anges musiciens sera d’abord exposée à l'église Santa-Maria di Castellu Brandu à 17h30 mai. Cette présentation ne durera qu’une journée avant que l’œuvre ne soit transférée au Musée de la Corse, à Corte, où elle sera exposée de manière permanente.
Un parcours tumultueux
Commandé à l’origine par un couvent franciscain de l'île, ce superbe tableau daté du 16e siècle, avait depuis quitté la Corse. En janvier 2023, la Collectivité de Corse (CdC) a été informée par la maison de ventes de Baecque que l’œuvre, détenue par les consorts Chalandon, allait être mise aux enchères. Cette découverte a marqué le début d’un long processus de rapatriement. Albin Chalandon, héritier d'une riche famille lyonnaise, avait acquis le retable en 1839 après la mise en vente du couvent San Francescu de Brando comme bien national, suivant la Révolution française. La CdC a mené des recherches approfondies dans les archives et a engagé des démarches auprès du ministère de la Culture pour prouver l’illégalité de cette vente. Finalement, l’analyse des documents d’archives a confirmé la domanialité publique de la Madone de Brando, annulant ainsi la vente de 1839. En parallèle, des interventions de la mairie de Brando et du président de l’Exécutif de Corse ont également été nécessaires pour faire valoir ces droits.
Une résolution heureuse
Après plusieurs mois de tractations, la maison de ventes de Baecque a finalement retiré l’œuvre de la vente prévue fin mars 2023. La commune de Brando, avec l'aide de la CdC et du ministère de la Culture, a pu négocier le retour de la Madone en Corse. Le retable, propriété de la commune de Brandu, a été mis à disposition de la Collectivité de Corse pour des raisons de sécurité et d’accessibilité à un large public. Ainsi, il sera exposé au Musée de la Corse, qui lui garantira des conditions de conservation optimales.
La Madone, désormais inaliénable et imprescriptible, retrouve enfin son ile, protégée à jamais des aléas du commerce et des déplacements forcés, pour être admirée par les générations futures.