La majorité des liégeurs corses s'est associée à la création de ce syndicat qui représente leur profession en Corse.
"Nous sommes, nous liégeurs corses, la matière première, chargés de la récolte du liège." En signant cette phrase aux accents de serment, Valère Serra jette les fondations d'une profession corse qui a décidé de dire stop à une concurrence qu'elle juge déloyale, issue de grands groupes venus d'Italie ou du Portugal, le numéro un du secteur. "Dans ma famille, on fait du liège depuis sept générations, confie le jeune porto-vecchiais, élu secrétaire du nouveau syndicat. Or, je vois des liégeurs étrangers venir dans nos forêts parce que chez eux, c'est interdit de démascler (*) passé une certaine période. Ils tuent des arbres ou les abîment, parce qu'il n'y a pas d'amende, et ça me fait mal au coeur. Notre syndicat veut défendre la suberaie corse, notamment face aux incursions de ces liégeurs étrangers." Car le marché du liège reste porteur, ses bouchons le rendant indissociable du marché du vin. Et au niveau de l'isolation phonique et thermique, le matériau extrait de l'écorce du chêne-liège a fait ses preuves, du fait notamment de ses propriétés imputrescibles.
Maire d'une commune historiquement associée au liège et qui a accueilli une usine de transformation du liège jusqu'en 1975, Jean-Christophe Angelini dit "soutenir très concrètement" la création de ce syndicat : "Quand je vois des camions remplis de liège partir en Sardaigne, puis revenir chez nous sous forme d'isolants, je me dis qu'on a vocation à faire quelque chose", s'interroge l'élu porto-vecchiais. "Le risque, c'est de perdre le marché local, confirme Sylvestre Sisco, chef de la cellule du développement forestier à l'ODARC, l'Office du développement agricole et rural de la Corse. On est actuellement dans une économie de plus en plus mondialisée. Ce sont les gros groupes qui prennent la main et qui font des plus-values sur le liège local à l'extérieur de la Corse, ce qui représente une perte nette pour notre économie."
Seulement une quinzaine de liégeurs corses
La suberaie en Corse revêt en effet un potentiel immense. Elle s'étend sur 60 000 hectares mais est pour l'heure en majorité non exploitable, car les chênes-lièges sont le plus souvent situés sur des terrains privés. Une coopérative, la Sylvacoop, travaille à ce défrichage depuis quelques années, en prenant contact avec les propriétaires terriens qui disposent de chênes-lièges sur leurs terres. Actuellement, les liégeurs corses, au nombre d'une quinzaine à peine, parviennent à en récolter "20 000 quintaux par an environ, soit la moitié de ce qui est récolté sur toute la France", pose Valère Serra. Et par la voix de son syndicat, il entend sensibiliser la population : "90 % des gens en Corse ne savent pas comment ça se passe", pense-t-il. Concrètement, les subériculteurs corses sont bien conscients que leur capacité de défense se limite à ce travail d'information. Mais ils interpellent aussi les pouvoirs publics à défendre cette richesse de la la forêt corse.
Maire d'une commune historiquement associée au liège et qui a accueilli une usine de transformation du liège jusqu'en 1975, Jean-Christophe Angelini dit "soutenir très concrètement" la création de ce syndicat : "Quand je vois des camions remplis de liège partir en Sardaigne, puis revenir chez nous sous forme d'isolants, je me dis qu'on a vocation à faire quelque chose", s'interroge l'élu porto-vecchiais. "Le risque, c'est de perdre le marché local, confirme Sylvestre Sisco, chef de la cellule du développement forestier à l'ODARC, l'Office du développement agricole et rural de la Corse. On est actuellement dans une économie de plus en plus mondialisée. Ce sont les gros groupes qui prennent la main et qui font des plus-values sur le liège local à l'extérieur de la Corse, ce qui représente une perte nette pour notre économie."
Seulement une quinzaine de liégeurs corses
La suberaie en Corse revêt en effet un potentiel immense. Elle s'étend sur 60 000 hectares mais est pour l'heure en majorité non exploitable, car les chênes-lièges sont le plus souvent situés sur des terrains privés. Une coopérative, la Sylvacoop, travaille à ce défrichage depuis quelques années, en prenant contact avec les propriétaires terriens qui disposent de chênes-lièges sur leurs terres. Actuellement, les liégeurs corses, au nombre d'une quinzaine à peine, parviennent à en récolter "20 000 quintaux par an environ, soit la moitié de ce qui est récolté sur toute la France", pose Valère Serra. Et par la voix de son syndicat, il entend sensibiliser la population : "90 % des gens en Corse ne savent pas comment ça se passe", pense-t-il. Concrètement, les subériculteurs corses sont bien conscients que leur capacité de défense se limite à ce travail d'information. Mais ils interpellent aussi les pouvoirs publics à défendre cette richesse de la la forêt corse.
La suberaie corse s'étend sur 60 000 hectares.
"Dédier davantage de formations à la filière"
Cela doit notamment passer par le développement de la filière, estime Jean-Christophe Angelini : "On peut envisage une dynamique d'accès à la profession sylvicole. Il faut dédier encore davantage de formations à la filière du bois et du liège." La quinzaine de liégeurs corses n'est effectivement pas en capacité de récolter à elle seule 20 000 quintaux de liège par an sans faire appel à de la main d'oeuvre étrangère, reconnaît Valère Serra : "La période de la récolte, c'est entre mai et août. On fait venir à cette occasion des travailleurs saisonniers issus de pays où on connaît le liège, qui sont des ouvriers spécialisés dans sa récolte. C'est une main d'oeuvre très technique, on ne peut pas embaucher quelqu'un de hautement qualifié, en appoint."
Sylvestre Sisco voit d'un bon oeil la création de ce syndicat : "Le fait de se regrouper va leur permettre de réfléchir ensemble à comment ils pourront se développer localement et ce vers quoi il faudra tendre." Jusqu'à créer les conditions du retour des usines de transformation du liège, qui ont disparu du paysage en Corse dans les années 60 et 70 ? Le responsable de l'ODARC ne le pense pas : "Ce n'est pas une économie qui serait rentable, l'investissement est trop important." Valère Serra pense lui aussi que la question est prématurée : "Avant l'usine, se pose le problème de la matière première. Si on ne la maîtrise pas et que des gens peuvent venir la démascler hors saison et l'abîmer, comment peut-on la transformer ?"
(*) Démascler, c'est l'action de retirer la première couche de chêne-liège, qui a peu de valeur, pour que le liège exploitable puisse ensuite se former au fil des ans.
Cela doit notamment passer par le développement de la filière, estime Jean-Christophe Angelini : "On peut envisage une dynamique d'accès à la profession sylvicole. Il faut dédier encore davantage de formations à la filière du bois et du liège." La quinzaine de liégeurs corses n'est effectivement pas en capacité de récolter à elle seule 20 000 quintaux de liège par an sans faire appel à de la main d'oeuvre étrangère, reconnaît Valère Serra : "La période de la récolte, c'est entre mai et août. On fait venir à cette occasion des travailleurs saisonniers issus de pays où on connaît le liège, qui sont des ouvriers spécialisés dans sa récolte. C'est une main d'oeuvre très technique, on ne peut pas embaucher quelqu'un de hautement qualifié, en appoint."
Sylvestre Sisco voit d'un bon oeil la création de ce syndicat : "Le fait de se regrouper va leur permettre de réfléchir ensemble à comment ils pourront se développer localement et ce vers quoi il faudra tendre." Jusqu'à créer les conditions du retour des usines de transformation du liège, qui ont disparu du paysage en Corse dans les années 60 et 70 ? Le responsable de l'ODARC ne le pense pas : "Ce n'est pas une économie qui serait rentable, l'investissement est trop important." Valère Serra pense lui aussi que la question est prématurée : "Avant l'usine, se pose le problème de la matière première. Si on ne la maîtrise pas et que des gens peuvent venir la démascler hors saison et l'abîmer, comment peut-on la transformer ?"
(*) Démascler, c'est l'action de retirer la première couche de chêne-liège, qui a peu de valeur, pour que le liège exploitable puisse ensuite se former au fil des ans.