"Notre intention n'est ni d'affaiblir, ni de diviser la gauche, mais, bien au contraire, de lui donner un nouvel élan lors des municipales. Nous ne voulons pas que des problématiques de personnes fassent le jeu d'autres formations politiques". Fabien Mineo, membre fondateur du Collectif, Pour un élan citoyen à Bastia, tient à remettre les pendules à l'heure. Le but des primaires citoyennes est de souder la gauche bastiaise, fissurée par l'âpre controverse sur la succession d'Emile Zuccarelli à la tête de la municipalité et le schisme avec François Tatti, et non de prendre part à une querelle d'hommes.
Choisir le meilleur
Le Collectif l'a martelé à la centaine de personnes qui s'est déplacée pour assister à cette première réunion publique sur le sujet. "Nous voulons, pour cette ville, le meilleur. Quand plusieurs candidats de gauche veulent y aller, lequel choisir ? C'est à la primaire de le déterminer. C'est à nous, la société civile qui faisons cette ville, de choisir celui qui va la diriger et qui va la conserver à gauche. Le choix citoyen vaut mieux que le choix restrictif d'un parti". L'important, pour le Collectif, est, à travers ces primaires, de redonner la parole à la population.
Rééditer le succès national
Derrière cette initiative, se profile également la crainte qu'un mauvais candidat ne puisse endiguer la montée en puissance de l'opposition nationaliste et ne précipite un changement de camp de la majorité municipale. L'idée est donc de rééditer au plan local, le succès national des présidentielles, de créer le même élan démocratique, la même vague populaire et d'aboutir à la même victoire. A Bastia, lors du second tour des primaires qui ont vu la désignation de François Hollande, plus de 1500 électeurs étaient venus votés.
Un mouvement de fond
Il est vrai que le succès national fait des émules. Etendre les primaires au niveau des élections municipales dans les moyennes et grandes villes est dans l'air du temps. Nombre de fédérations locales du PS, du PRG et d'Europe Ecologie s'y disent favorables. Le mouvement est en marche dans toute la France, à Paris, Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Sète, Pau, Nice, Montpellier, Strasbourg, Angers, Troyes... Pour le Collectif citoyen bastiais, comme pour le Think Tank Terra Nova, il est inéluctable que le mode de désignation par primaire citoyenne s'étendra partout. Atteindra-t-il Bastia dans l'immédiat ?
Un problème technique
Le public, attentif et intéressé, s'est montré dubitatif sur cette concrétisation de primaires dans une gauche bastiaise verrouillée par les pouvoirs locaux. "Qui peut décider de les organiser ?", fut la question récurrente. Car c'est bien là que le bât blesse. A moins que la décision ne soit prise par les instances nationales et imposée au niveau local ou encore envisagée par les caciques régionaux, comme à Paris, Marseille ou Montpellier, elle a peu de chance d'aboutir. De plus, si aucun parti de gauche n'est d'accord pour la mise en oeuvre de primaires, se posera un problème technique, celui de l'obtention des listes électorales.
Un moyen de pression
Pour Terra Nova, le seul moyen de contourner ce refus, est de faire jouer le pouvoir citoyen en lançant une pétition qui, si elle récolte des milliers de signatures, saura faire pression, via, s'il le faut, l'instance nationale.
Présent dans le public, à titre individuel, avec d'autres élus de gauche, dont ceux de sa mouvance, François Tatti a eu le mot de la fin. "J'ai lancé cette initiative en tant que candidat de gauche aux prochaines municipales, je suis ravi qu'elle soit reprise par le Collectif, Un élan citoyen. La qualité des questions et des échanges laisse augurer un débat démocratique dans la cité. On innove partout, il n'y a pas de raison qu'on n'innove pas à Bastia". Affaire à suivre...
N. M.
Marie-Gabrielle Castagnoli : " Nous allons lancer une pétition sur la primaire citoyenne"
A l'issue du débat Marie-Gabrielle Castagnoli, présidente du collectif, Un élan citoyen pour Bastia (www.facebook.com/primaire.bastia), a répondu aux questions de Corse Net Infos
- Pourquoi et quand est née cette association ?
- Elle est née, il y a quelques mois, pour promouvoir, dans un premier temps, l'idée de primaires citoyennes à Bastia et, ensuite, disserter sur d'autres thèmes. C'est un groupe de réflexion de quelques amis qui se sont constitués en association pour évoquer des sujets, être à l'écoute des Bastiais et être véritablement acteurs de la vie politique locale.
- Revendiquez-vous un parti politique ou une sensibilité de gauche ?
- Nous n'appartenons pas à un parti politique. Nous sommes tous de sensibilité de gauche, mais nous ne sommes pas forcément encartés. Chez nous, la parole est libre. Nous voulons être des moteurs de notre vie politique, de notre société bastiaise tout simplement.
- Combien comptez-vous d'adhérents ?
- Nous démarrons. C'est une expérience novatrice. Mais les gens ne sont pas forcés d'adhérer à notre association. Ils peuvent tout simplement nous remettre leur mail et nous leur enverrons le compte-rendu de nos réunions et l'avancée de nos travaux.
- Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de ces primaires à Bastia ? Le succès des primaires nationales ou le manque de démocratie au niveau local ?
- Un peu les deux. Effectivement, le manque de démocratie au niveau local, il faut bien le reconnaître ! Nous ne sommes pas tellement d'accord sur la façon dont se passent les élections à Bastia. Mais également ce qui est survenu au niveau national. Déjà, en tout premier lieu, l'élection présidentielle. Donc, nous avons rapidement pris des contacts avec la Fondation Terra Nova, un groupe progressiste de gauche, initiateur de cette idée. Et, nous nous sommes dit : Pourquoi pas une primaire à gauche à Bastia pour les municipales de 2014 ! Ce serait beaucoup plus démocratique que le candidat de gauche soit désigné dans le cadre de ces primaires.
- Quel est l'objet de cette première réunion publique ?
- C'est, d'abord, de présenter l'organisation des primaires, mais aussi d'écouter ce que souhaitent les citoyens bastiais, éventuellement d'ouvrir la réunion sur d'autres sujets ou thèmes de réflexion qui pourront être abordés comme, par exemple, l'implication de la jeunesse dans la vie politique locale ou la mise en place de comités de quartiers pour donner véritablement la parole aux citoyens.
- Ce qui, selon vous, n'existe pas aujourd'hui ?
- Aujourd'hui, on n'a pas l'impression d'être tellement acteurs, ni tellement écoutés.
- Cet élan citoyen, le sentez-vous dans la population bastiaise ?
- Oui. Nous le sentons. Lorsque nous avons distribué des tracts pour cette première réunion, les gens ont été réceptifs. Certaines personnes, que nous avons rencontrées alors, sont venues à la réunion. Cela me fait véritablement plaisir.
- Avez-vous programmé d'autres actions ?
- Bien sûr. Cette réunion est vraiment la première rencontre. Nous avons l'intention d'en faire d'autres, notamment dans les quartiers, peut-être en comité plus restreint et sur des sujets que les citoyens bastiais aimeraient voir évoquer. A l'issue de cette réunion, nous allons lancer une pétition sur la primaire.
- Pensez-vous réussir à faire pression et à imposer ces primaires ?
- Oui. Nous voulons nous faire entendre et nous imposer.
Propos recueillis par Nicole MARI