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La station de pilotage de Bastia accueille un nouveau pilote


Léana Serve le Vendredi 28 Mars 2025 à 15:42

Depuis ce vendredi, la station de pilotage de Bastia accueille un nouveau pilote dans ses rangs. À 34 ans, Xavier Figarella a réussi le très exigeant concours d’accès à cette fonction stratégique. Ancien commandant de navires pétroliers, il a consacré une année entière à sa préparation, avec le soutien de sa famille. Une nouvelle étape pour ce marin formé à la rigueur, désormais au service des manœuvres portuaires en Haute-Corse.



Xavier Figarella (en bas à gauche) est le nouveau pilote de la station de pilotage de Bastia
Xavier Figarella (en bas à gauche) est le nouveau pilote de la station de pilotage de Bastia

Il y a un an, Xavier Figarella quittait les ponts des pétroliers pour s’isoler dans un studio et préparer, seul, l’un des concours les plus exigeants de la marine marchande. Ce vendredi, à 34 ans, il intègre officiellement la station de pilotage de Bastia, aux côtés de celles et ceux qui guident les navires à l’entrée et à la sortie du port. Ancien commandant de navires pétroliers, le jeune pilote bastiais ne visait pas ce poste en début de carrière. « Quand j’ai commencé la marine marchande, le métier de pilote était idéalisé, mais ce n’est pas dans ma nature de viser trop haut », confie-t-il. « Je visais simplement la marche du dessus : lieutenant lorsque j’étais élève, second capitaine ensuite, et enfin commandant. »

Après plusieurs années de navigation, notamment dans les îles Canaries, sous pavillon des compagnies Sea Tankers et Maritima, Xavier Figarella enchaîne les manœuvres : plus de 2 000 en deux ans. Le pilotage devient alors une évidence — à la fois comme aboutissement professionnel, et comme choix de vie familiale. « Cela correspondait aussi à nos projets avec ma femme », dit-il.

Mais passer d’un pont de pétrolier à une pilotine ne s’improvise pas. Derrière chaque intégration dans une station de pilotage se cache un parcours long, sélectif, et exigeant. Avant même de se présenter au concours, chaque candidat doit répondre à plusieurs conditions précises. « Nous sommes tous officiers de la marine marchande, et nous avons été formés dans des écoles d’officiers de la marine marchande au Havre, à Marseille ou à Nantes », explique Jean-Philippe Lebleu, pilote à Bastia. « Les candidats doivent posséder le brevet de capitaine illimité, et avoir au minimum 66 mois de navigation. »

Une fois ces prérequis remplis, reste à franchir l’obstacle principal : le concours. « La durée dépend du nombre de candidats. Ici, ils étaient deux, donc il s’est déroulé sur trois jours, avec des épreuves écrites et orales », poursuit Jean-Philippe Lebleu. Les sujets abordés sont vastes, techniques, parfois inattendus : « On peut être interrogé sur tout ce qui concerne le maritime. Le champ est extrêmement vaste. Ce sont donc des temps de préparation très longs, avec de gros sacrifices pour les candidats. C’est un petit Everest à gravir pour eux. »


Plus d’un an de révisions
Le concours comporte un tronc commun, avec des épreuves écrites portant sur des notions aussi techniques que le rapport de mer, la stabilité du navire, la marée ou encore la traduction de l’anglais maritime vers le français. Les épreuves orales, elles, explorent un champ encore plus vaste : réglementation internationale, pilotage, instruments et équipements de navigation, manœuvre portuaire… Chaque station y ajoute ses propres spécificités, en fonction de la configuration de son littoral.

À Bastia, cela signifie maîtriser l’ensemble de la façade orientale et occidentale de la Haute-Corse. « Il faut connaître toute la côte, du nord de Solenzara jusqu’à la limite des deux départements sur la côte ouest », explique Xavier Figarella. « Chaque tronçon, chaque balise, mais aussi la bathymétrie, pour savoir où l’on peut s’échouer, et repérer tous les risques liés à la navigation comme les câbles sous-marins ou les zones réglementées. »
Pour se donner les moyens d’y parvenir, il a mis sa vie entre parenthèses pendant un an. « Il y a déjà un sacrifice financier, puisque j’ai arrêté de naviguer en février 2024 », souligne-t-il. « Ma femme a aussi cessé de travailler pour me soutenir dans mes révisions et s’occuper de nos deux enfants, âgés alors d’un an et de deux ans. Je les ai très peu vus. Je me suis enfermé dans un studio chez mes parents, et je révisais six jours sur sept, de 6 h à 22 h. » Une discipline rigoureuse, nécessaire face à l’intensité du concours. « On ne s’en rend pas compte, mais c’est une année scolaire complète. Et à 34 ans, c’est vrai que c’est dur. Le concours est très énergivore, très stressant. Sans rigueur ni discipline, c’est impossible d’y arriver. »

Une prise de poste encadrée, au large de Bastia
Désormais intégré à la station, Xavier Figarella entame une phase de formation en conditions réelles. Il guidera les navires de plus de 45 mètres à l’entrée et à la sortie du port de Bastia, à bord de la pilotine, ce petit navire rapide dédié au pilotage. « Je vais faire un maximum de manœuvres pendant trois mois, dans de bonnes conditions météorologiques », précise-t-il. « Si mon niveau est jugé suffisant, je serai ensuite autorisé à intervenir seul par vent inférieur à 20 nœuds, soit 40 km/h. »Au-delà, il restera en double, avec un autre pilote, jusqu’à être parfaitement opérationnel.