Neuf associations de défense de l'environnement de Corse ont saisi le ministre de la Transition écologique pour l’informer qu’après des décennies d’inaction, la surfréquentation touristique menace sérieusement la Réserve naturelle de Scandola.
« Toutes les études scientifiques attestent du lien direct avec les dérangements créés par les 500 mouvements de bateaux quotidiens constatés en saison. Le taux de reproduction des balbuzards pêcheurs est catastrophique ces dernières années. L'état du milieu marin est lui aussi très alarmant avec un déclin particulièrement rapide des poissons et autres organismes marins, conséquence directe des nuisances sonores des bateaux et des gaz d'échappements dissous dans l'eau.
Les grottes marines sont polluées par les hydrocarbures, les trottoirs uniques de lithophyllum sont en voie de disparition et les herbiers de posidonies sont affectés par les ancrages sauvages.
Les bateaux ne respectent pas la vitesse limitée à 5 nœuds, les débarquements sur la plage d'Elbo sont quotidiens malgré l'interdiction, les nuisances sonores du fait des haut-parleurs et de la musique sont permanentes.
Qui se souvient des phoques-moines qui occupaient Scandola ?
Aujourd’hui, La disparition des espèces est une réalité !
Nous ne méconnaissons pas l'impact du réchauffement de l'eau de mer, mais nous avons au moins une possibilité d'action sur l'effet de la présence humaine. ».
Selon ABCDE, ADN Passpartou, Aria Linda, A Sentinella, La Ligue contre le cancer, Le Garde, Global Earth Keeper, U Levante, Zeru Frazu, signataires du courrier adressé au ministre, en 1988 la réserve accueillait environ 30 000 visiteurs par an contre plus de 150 000 aujourd’hui, sans qu'aucune mesure effective de régulation n'ait été prise.
« Malgré tous les niveaux de protection régionaux, nationaux, européens et mondiaux, la Réserve de Scandola est le pire endroit de la côte Corse pour la vie sauvage. »
Devant l'urgence de la situation, 9 associations de défense de l'environnement de Corse ont saisi le Ministre de la Transition écologique pour la mise en œuvre de mesures d'urgence dès l'été 2019 avec l’instauration d’une zone d’interdiction totale de toute présence humaine dans la réserve intégrale à moins de 350 m des falaises.
La copie de cette lettre a été adressée à Madame la Préfète de Corse et au Président de l'Office de l'Environnement de la Corse.
« Ce véritable désastre écologique est notoire de longue date sans qu’aucune mesure de sauvegarde n’ait été prise, c’est un géant du patrimoine environnemental de Corse qui disparait sous nos yeux dans un silence assourdissant au nom d’une économie éphémère parce que prédatrice des milieux, et une fois encore ce sont les associations de protection de l’environnement qui doivent se faire les avocats d’une Nature en voie de disparition en Corse ! ».