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Législatives. Romain Colonna (Femu a Corsica) : « Je veux défendre le peuple corse et ses intérêts »


le Dimanche 23 Juin 2024 à 12:49

Il n’avait échoué que d’un peu plus de 800 voix en 2022 face à Laurent Marcangeli. Romain Colonna est de nouveau candidat pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud. Accompagné par le Dr Danielle Antonini pour ce scrutin, le représentant de Femu a Corsica affirme que « pour la première fois les nationalistes ont la possibilité de remporter la circonscription ». Pour ce faire, il entend porter « un projet pour les intérêts du peuple corse et des Corses »



Romain Colonna et Danielle Antonini sont les candidats de Femu a Corsica dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud.
Romain Colonna et Danielle Antonini sont les candidats de Femu a Corsica dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud.
- Après avoir échoué au 2nd tour de quelques centaines de voix face à Laurent Marcangeli en 2022, vous êtes de nouveau candidat pour ce scrutin anticipé. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous relancer dans la course pour ces législatives ?
- Nous avions considéré il y a deux ans que si c'était un échec d'un point de vue électoral, d'un point de vue politique ce résultat était à considérer comme une victoire et qu’il ouvrait la voie à un formidable espoir. La dissolution de l'Assemblée nationale a précipité les choses et il a fallu pour autant un temps de concertation et d'échanges qui m'a conduit rapidement, et en toute logique au vu des plus de 48% des suffrages que nous avions recueilli il y a deux ans lors du second tour des législatives, à reproposer ma candidature dans la circonscription.  Il fallait porter la voix de l'espoir, la voix de l'alternative sur la circonscription. Pour la première fois, ma famille politique a la possibilité de remporter la circonscription et de porter un message fort à l’Assemblée nationale. Il y existe différentes menaces relatives à la survie du peuple corse et face à ce destin funeste, il faut opposer une politique résolue, juste et forte pour représenter ses intérêts à Paris.
 
 -Durant ses deux années de mandat, Laurent Marcangeli a tout de même été un allié de poids dans des dossiers structurants pour la Corse, et notamment dans le cadre du processus de Beauvau…
- J’estime que Laurent Marcangeli a fait son travail de député de manière relativement normale. Il est venu assez tardivement sur les questions de l'autonomie. Son suppléant, pour sa part, ne s'est pas prononcé en faveur de l'autonomie à l'Assemblée de Corse. Nous sommes issus de deux familles politiques, de deux parcours totalement différents. J'ai commencé la politique en 2004 avec le Dr Edmond Simeoni, tandis que Laurent Marcangeli était à l'UMP à l'époque. Ce sont deux visions du territoire qui sont totalement opposées. Cela ne veut pas dire que sur certains points on ne puisse pas se retrouver. De là à ne pas présenter une candidature et à ne pas faire valoir les intérêts des nationalistes corses, cela serait tout bonnement impensable. Et puis Laurent Marcangeli est un soutien important de la macronie puisqu'il a participé à la majorité présidentielle et donc au chaos qui règne aujourd'hui autour des choix d'Emmanuel Macron. 
 
- Qu'est-ce qui cette fois-ci pourrait faire la différence face à Laurent Marcangeli ?
- Depuis deux ans, je me suis énormément investi pour travailler sur le dossier de l'autonomie en ma qualité de président la commission des compétences législatives. J’ose espérer avoir fait la démonstration auprès des Corses de ma capacité de travail sur des dossiers aussi techniques que celui de l'autonomie, puisque j'ai remis un rapport à la présidente de l’Assemblée de Corse et au président de l’Exécutif qui a été extrêmement important pour toute la suite du processus. En outre, depuis maintenant plus de deux ans, je préside le conseil d'administration de la Sitec, entreprise qui compte une quarantaine d'employés et qui réussit pleinement. Cela participe aussi à faire connaître mes capacités à porter des dossiers sur des questions entrepreneuriales et économiques. Enfin, j'ai été, dans mon parcours politique et dans mes choix, constant et déterminé. Je n'ai pas évolué au gré du vent politique. Je me suis toujours inscrit dans le fil historique des luttes du peuple corse, et j’ose espérer porter la voie de la Corse de manière constante, déterminée, et engagée. 
 
- Dès la dissolution de l'Assemblée nationale, de part et d'autre de la famille nationaliste, des appels à l'union ont été lancés mais n’ont pas abouti. Si bien que face à vous, vous retrouverez à la fois un candidat du PNC et un candidat de Core in Fronte. La présence de trois candidats nationalistes dans cette circonscription ne risque-t-il pas de diviser les voix des électeurs et de jouer en votre défaveur ?
- Il y a une pluralité démocratique qui s'exprime au premier tour, c’est normal dans le cadre d’une élection. Il était aussi normal que Femu a Corsica propose de mettre les différents acteurs autour de la table pour tenter de définir une stratégie commune. Les petites guéguerres ou les chamailleries ne m'intéressent pas. Je présente ma candidature bien au-delà des étiquettes, au nom du peuple corse et de la défense de ses intérêts. Il n'y a rien d'autre qui m'intéresse et qui me guide dans cette élection.
 
- Quelles sont, selon vous, les priorités pour la Corse ?
- J’avais, dès l'élection précédente, dit aux Corses qu'il fallait marcher sur nos deux jambes. D'une part qu’il fallait travailler sur le progrès social, la prospérité économique et que d'autre il fallait qu'il y ait une solution politique pour régler définitivement le conflit qui a eu lieu en Corse. Je crois que les récents événements me donnent en partie raison. Il y a une situation de chaos qui se profile en Corse avec une montée des extrêmes, avec d'un côté le Rassemblement National qui a des positions contraires aux intérêts de la Corse et du peuple corse, et de l'autre côté, des possibles tendances islamo-gauchistes qui également, mettent en péril les équilibres politiques de la Corse. Il faut qu'il y ait une voie déterminée et constante qui puisse représenter les intérêts de la Corse. C'est ce que j'essaye de faire à mon modeste niveau depuis plusieurs années maintenant.
 
- Dans ce droit fil, quelles sont vos principales thématiques de campagne ?
- Je ne veux pas hiérarchiser un dossier plutôt que l'autre parce que la Corse souffre d'un certain nombre de maux. Il faudra contribuer à améliorer beaucoup de choses dans les jours et les semaines à venir. On peut évoquer l’accès au logement et à la propriété pour les Corses et notamment pour les jeunes Corses qui est une problématique prégnante. Il y a également la problématique d'un accès aux soins avec des structures médicales et paramédicales qui soient parfaitement satisfaisantes pour un territoire insulaire. Il y a la question de la précarité, du pouvoir d'achat qu’il faudra traiter dans les plus brefs délais parce que les conditions sociales actuelles ne sont pas acceptables. Il y a aussi le développement économique et notamment l'aide aux entreprises et une simplification fiscale et administrative à l'égard des entreprises, puisque le but c'est de créer de la richesse et de mieux la répartir et donc de créer de l'emploi. Et bien évidemment, il y a la question fiscale, adossée à une solution politique qui doit s'articuler elle-même autour d'un statut d'autonomie pour la Corse qui est la règle dans toutes les îles de Méditerranée.
 
- Outre l'urgence sociale, il existe aussi une urgence environnementale. Quelles sont les mesures en faveur de la protection de l'environnement que vous pourriez proposer ?
- La Corse doit être un exemple de gestion intelligente de son territoire et de ses richesses naturelles. Elle doit demeurer un joyau au cœur de la Méditerranée. Pour autant, il y existe une menace sur certains sites, notamment en termes de surfréquentation. Je rappellerai également malheureusement que la Méditerranée est la mer la plus polluée au monde, et que l'air que nous respirons n'est pas toujours pur. La Corse est donc en proie à diverses pollutions et il faut prendre des mesures de prévention et mettre en place des politiques publiques vertueuses. Là aussi, il existe différents moyens à travers l'éducation, à travers le levier fiscal, à travers une police environnementale sur certains sites, à travers un certain nombre de mesures qui doivent nous permettre de faire de la Corse un exemple en matière de protection environnementale.
 
- Comment imaginez-vous poursuivre le travail parlementaire sur le statut d'autonomie ? On sait par exemple que si le Rassemblement national arrive en tête de ces élections, le processus pourrait s'arrêter…
- Je ne veux pas l'envisager. J'ai pour ma part une notion qui est fondatrice de mon engagement et qui guide l'ensemble de mes actes et de mes propos : celle de la démocratie. Quel que soit le gouvernement qui, demain, présidera aux destinées de la France et quel que soit le Président de la République dans les années à venir, la question de Corse devra être négociée, devra être inscrite à l'agenda, parce qu'il en va de la survie du peuple corse, il en va également de la survie de la démocratie en Corse, puisque depuis maintenant plusieurs années, les Corses ont envoyé régulièrement un message en faveur d'une évolution statutaire, du règlement du conflit politique et du règlement d'un certain nombre de dossiers.
 
- La division des nationalistes pourrait-elle être surmontée au second tour afin de rassembler les voix des électeurs contre Laurent Marcangeli ? Je l'ai finalement envoyé, comme vous l'avez dit, pour la première fois de l'histoire de cette circonscription, un député nationaliste au Palais Bourbon.
- Je ne me présente pas contre Laurent Marcangeli, je me présente avec un projet pour les intérêts du peuple corse et des Corses. Tout le monde sait que je suis nationaliste, pour autant, je m'adresse dans cette élection à l'ensemble des Corses. Si les électeurs me font confiance et me placent au second tour du scrutin, j'adresserai le même message dans la parfaite continuité de ce que j'ai fait il y a deux ans et ce que je dis chaque jour. Les Corses ont besoin de se parler, de se mettre autour de la table et d'avoir une voix forte à Paris qui représente les intérêts de la Corse à Paris et non pas d'avoir un représentant des intérêts de Paris en Corse.