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Les syndicats étudiants corses veulent élargir la mobilisation populaire pour "faire plier le gouvernement"


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 14 Mars 2022 à 17:40

Les trois syndicats étudiants de l'université de Corse à l'origine du cycle de manifestations entamé le 6 mars dernier en soutien à Yvan Colonna veulent renforcer la mobilisation populaire. Ce 14 mars, le collectif créé la semaine passée devrait se réunir à Corte pour décider des actions à mener avant l'arrivée du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le 16 mars.



Durant les deux manifestations à Corte et à Bastia, le 6 et le 13 mars, les syndicats étudiants ont pris la tête du cortège. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Durant les deux manifestations à Corte et à Bastia, le 6 et le 13 mars, les syndicats étudiants ont pris la tête du cortège. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Douze jours après la tentative d’assassinat commise sur Yvan Colonna à la prison d’Arles, le 2 mars dernier, la mobilisation populaire pour le soutenir ne faiblit pas dans les rues insulaires. « Et elle continuera tant que nous n’aurons pas de réponses claires de l’État sur nos revendications », lance Pasquale Picoury, membre du syndicat étudiant Ghjuventù Indipendentista. Rien, ni la levée du statut de DPS (Détenu Particulièrement Signalé) des membres du commando Erignac en fin de semaine dernière, ni les auditions des cadres de l’administration pénitentiaire par les députés, ni l’enquête administrative lancée par le gouvernement ne semblent faire plier la détermination des syndicats étudiants de l’université de Corse.

C’est eux qui ont sonné le rappel, le 3 mars dernier, en convoquant une assemblée générale populaire à laquelle étaient conviées les forces politiques nationalistes dans leur ensemble. Et depuis, les revendications n’ont pas changé : « la création d’une commission d’enquête sur la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna, la libération immédiate des prisonniers politiques et la reconnaissance du peuple corse et un statut d’autonomie de plein droit ».

Douze jours après, deux manifestations rassemblant des milliers de personnes à Corte le 6 mars et à Bastia le 13 mars, une semaine de violence devant les préfectures et les sous-préfectures de Corse et malgré l’annonce de la venue du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur l’île ce 16 et 17 mars, les étudiants veulent continuer la mobilisation pour « faire plier le gouvernement ».

Maintenir la pression avant l’arrivée de Gérald Darmanin

La suite ? Elle se décidera ce 14 mars à 18 heures à Corte. « Le collectif créé la semaine dernière avec les syndicats et les mouvements politiques nationalistes va se réunir pour décider des actions à mener. De notre côté nous optons pour un blocage de toutes les institutions pendant la venue du ministre de l’Intérieur pour faire en sorte que la mobilisation s’étende et que le message soit encore plus fort », explique le président d’A Cunsulta di a Ghjuventù Corsa (CGC), Pierre-Joseph Paganelli.

Les étudiants appellent « les syndicats de travailleurs à engager des mouvements de grève, notamment une grève générale le 16 mars, les lycéens et les étudiants à poursuivre leurs actions, le peuple corse à continuer à se rassembler partout chaque soir ». Si la jeunesse est le catalyseur des revendications populaires, pour les étudiants, c’est toute la population, politiques y compris, qui « doit prendre ses responsabilités ». Pour Pierre-Joseph Paganelli, « il y a eu une sorte d’enfermement institutionnel pendant sept ans de la part de nos élus qui n’a pas permis d’établir ce rapport de force. Aujourd’hui, nous lançons un appel aux politiques corses à se mettre au niveau de la rue et de la mobilisation populaire ».

Gérald Darmanin est « chargé d’ouvrir un cycle sans précédent de discussions […] avec l’ensemble des élus et des forces vives de l’Île ». Pour les syndicats étudiants, il pourrait bien s’agir de la clé de voûte d’un apaisement généralisé. Mais ils veulent avoir leur mot à dire. « Nous demandons à être associés aux discussions avec Gérald Darmanin via le collectif », indique Pierre-Joseph Paganelli.
Mais avant, ils veulent créer les conditions d’un rapport de force avec l’État pour faire entendre leurs revendications et obtenir « des garanties et un calendrier concernant la libération des prisonniers politiques avant les élections présidentielles ».

Une réponse favorable de l’État pour stopper les violences

Pour tous, la violence de ces derniers jours est justifiée, parfois à demi-mots, souvent assumée. Pour appuyer son propos, Pasquale Picoury cite l’actrice et politique argentine Eva Péron : « la violence aux mains du peuple n'est pas la violence, mais la justice ». Pour Pierre-Joseph Paganelli, c’est surtout « le mépris de l’État envers la Corse qui est injustifié ». Tous les deux le reconnaissent, l’usage de la violence est « regrettable » et une seule chose l’arrêtera : « une réponse favorable aux trois revendications portées hier dans les rues de Bastia ».