Corse Net Infos - Pure player corse

Malgré une baisse des prix à la pompe, les carburants toujours plus chers en Corse que sur le continent


MP le Mardi 24 Septembre 2024 à 12:25

Si depuis quelques semaines les carburants atteignent des prix plus vus depuis près de deux ans dans les stations insulaires, les tarifs y restent toujours plus élevés que sur le continent. Un écart de prix toujours inexpliqué qui agace le collectif Agissons contre la cherté des carburants en Corse qui alerte sur l'urgence de la situation.



Malgré une baisse des prix à la pompe, les carburants toujours plus chers en Corse que sur le continent
Depuis quelques semaines, les automobilistes ont pu constater une baisse des prix à la pompe. Alors qu’un record de près de 2 euros était atteint avant l’été, les stations de l’île affichent ces derniers jours des tarifs autour de 1,7€/L pour le gasoil et de 1,8€/L pour le SP95. Des prix plus vus depuis près de deux ans, notamment liés une baisse du cours du baril de Brent. Cependant, si cette diminution est bien palpable sur l’île, le coût des carburants reste toujours supérieur au continent où le gasoil atteint par exemple désormais par endroits 1€50/L. Un écart de prix défavorable et toujours inexpliqué, et ce malgré une taxation sur la vente de produits pétroliers livrés en Corse avantageuse. De quoi susciter l’ire de Frédéric Poletti du collectif Agissons contre la cherté des carburants en Corse. 
 
« On en vient aujourd'hui à avoir comme une sorte de soulagement d'être à des prix qui sont plus hauts que les prix que nous avions lors de la crise des Gilets jaunes, mais on paye toujours trop cher par rapport au continent », souffle-t-il en rappelant qu’en décembre 2021, l’Autorité de la concurrence s’était saisie d’office quant à d’éventuelles pratiques présumées dans le secteur de l’approvisionnement, du stockage et de la distribution des carburants en Corse afin de tenter d’expliquer cette différence de prix. « L’Autorité de la concurrence ne s’est pas saisie sur les déchets, ni sur la grande distribution ou les transports maritimes, mais elle l’a fait sur les carburants. C’est bien la preuve qu’il y avait suffisamment de points assez nébuleux pour qu’elle puisse se saisir d’office », appuie-t-il en précisant que l’instruction est toujours en cours. « C’est un temps anormalement long », pointe-t-il en estimant que « l’absence de pression politico-médiatique » ne contribue pas à faire avancer le dossier. 
 
« Dans une interview de 2021, le président du conseil du conseil exécutif avait identifié le dossier des carburants comme urgence absolue. Mais cela étant dit, si on n'agit pas en tant que tel, ce n'est pas une urgence absolue. Nous estimons que le conseil exécutif de Corse aurait pu sur ce dossier mettre une pression beaucoup plus forte, comme il a pu le faire d'ailleurs dans d'autres dossiers », déplore le porte-parole du collectif Agissons contre la cherté des carburants en Corse. Pour autant, Frédéric Poletti tient à rappeler que ce dossier est capital dans une île où la précarité est grandissante. « Il y a une urgence, tant sociale qu'économique. Dans une étude de l’Insee qui remonte à 2015, époque où les prix étaient moins élevés, la moyenne de dépenses des ménages insulaire la moyenne pour le carburant était de 1 000 € par an quand sur le continent elle était de 700 € par an. 300 € d'écart, ce n'est quand même pas rien. Et si on regarde le rural et ou le périurbain bastiais, cette dépense annuelle passait à plus de 1600 € par an. C’est colossal comme surcoût annuel. Donc, effectivement, dans une île où la situation est extrêmement préoccupante, et où les gens ont fait le pari d'aller habiter plus loin parce que des loyers étaient moins élevés, et qui maintenant se retrouvent prisonniers de leur véhicule, ce dossier est primordial, d'autant plus que nous n'avons quasiment pas d'alternative au véhicule car les transports en commun ne sont pas hyper développés », souligne-t-il en reprenant encore : « J’aurais attendu des élus qu’ils agissent avec beaucoup plus de pression sur ce dossier-là, mais pas en se contentant d’écrire des courriers. On a l’impression qu’il y a une sorte de tergiversation chez les élus de la majorité territoriale qui se disent que si on arrivait à avancer sur un dossier important sans avoir avancé sur l'autonomie, on ferait la démonstration que cette dernière n'est pas utile. Mais c'est aberrant. L'autonomie peut être utile à bien d'autres choses, mais sur ce dossier-là, il faut avancer, réclamer, exiger, taper du poing sur la table, relancer en permanence, saisir la presse pour dire le ras le bol de la population, pour dire qu'on veut la régulation des prix ».