Corse Net Infos - Pure player corse

Assassinat de Ponte-Leccia : "L'État a pour mission de lutter contre le crime organisé", rappelle Michel Castellani au ministre de l'Intérieur


le Mardi 18 Février 2025 à 16:04

Après l’assassinat de Chloé, samedi soir à Ponte-Leccia, le député Michel Castellani a souhaité rappeler ce mardi durant la session des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale combien la mort de la jeune fille avait ému en Corse. S’adressant au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il a rappelé que l’État « a sa fonction régalienne à remplir » en matière de lutte contre le crime organisé qui gangrène la Corse. Un constat partagé par Bruno Retailleau qui dit vouloir s’appuyer sur la proposition de loi sur la narcotrafic, adoptée il y a quelques semaines par le Sénat.



Le député Michel Castellani, ce mardi après-midi à l'Assemblée nationale.
Le député Michel Castellani, ce mardi après-midi à l'Assemblée nationale.
« Samedi dernier, une jeune fille de 19 ans a été froidement abattue en Corse et cet assassinat a soulevé dans l’île une émotion considérable et compréhensible, a introduit le député de la 1re circonscription de Haute-Corse et membre du groupe LIOT à l’Assemblée nationale. J’ai une pensée pour cette victime innocente et pour sa famille. Cette dramatique exécution s’ajoute à une liste qui s’allonge d’une façon catastrophique. Elle est le signe de l’action souterraine de réseaux manifestement impliqués dans des trafics, des pressions et des comportements dont le moins que l’on puisse dire sont qu’ils sont illégaux. » 

"On ne construit pas l'avenir sur la violence"

Selon Michel Castellani, la réponse face à ces dérives doit être double : « L’État a pour mission éminente de lutter contre le crime organisé. Il est également du devoir de chaque citoyen de transmettre les valeurs d’honnêteté, de travail et de solidarité, de marquer aussi son rejet des dérives mafieuses qui affligent toujours plus la société. Je rends ici hommage au personnel d’État et à la Collectivité de Corse qui, unie aux organisations citoyennes, est engagée dans ce difficile combat. Je n’oublie pas que partout en France et en Outre-Mer, se développent aussi des trafics et se multiplient de dramatiques assassinats qui les accompagnent. »

 En conséquence, Michel Castellani a souhaité placer Bruno Retailleau face à ses responsabilités : « Monsieur le ministre, je ne vous poserai pas de question. Le député de Corse que je suis vient simplement affirmer ici - et je suis sûr d’exprimer ici un avis partagé par la plupart -  qu’on ne bâtit pas une société sur les trafics, sur les rackets, sur les atteintes à la vie. On ne construit pas l’avenir sur la violence et la malhonnêteté. Alors, face aux dérives, je veux le rappeler, l’État a sa fonction régalienne à remplir. Et chacun d’entre nous son devoir de citoyen à assumer », a-t-il conclu sous les applaudissements.

Bruno Retailleau lui a répondu. Le ministre de l’Intérieur est d’abord revenu sur le développement de l’enquête, consécutive à la mort de Chloé : « Elle avait échangé sa voiture avec son ami. Elle conduisait la voiture de son ami. Elle a reçu deux balles qui, vraisemblablement, ne lui étaient pas destinées. » Puis il a tenu à rappeler que ce dernier drame s’est ajouté à d’autres, dans un contexte de violences qui gangrène la Corse : « Cette violence, elle ne vient pas de nulle part, elle ne date pas d’hier. Malheureusement, en 2023, il y a eu 13 homicides (en Corse, NDLR). L’an dernier, 18 homicides. La détention d’armes dans votre île : 350 pour 1 000 habitants. La moyenne nationale est de 150. »

"20 % des gendarmes sont dédiés en Corse à l'investigation"

Ceci posé, Bruno Retailleau a partagé le constat dressé par Michel Castellani, tout en rappelant les moyens déployés en Corse par l'État : « J’approuve ce que vous venez de dire. La violence en Corse, c’est d’abord celle de réseaux qui sont mafieux. Oui, je l’affirme devant vous, la Corse vit une dérive mafieuse avec des méthodes de criminalité organisée, d’intimidations, d’incendies, de menaces sur les milieux politiques, économiques. D’intimidations, mais aussi de règlement de comptes. Et l’État ne cèdera pas face à cela. Nous avons plus de 1 000 gendarmes, et je voudrai vous dire que 20 % de ces gendarmes – et c’est un taux inégalé sur l’ensemble du territoire national – sont dédiés à la filière d’investigation. »

Proposition de loi sur le narcotrafic : "Ce texte va nous donner de nouveaux outils"

Pour intensifier la lutte contre le crime organisé, le ministre de l’Intérieur compte s’appuyer sur le texte de loi sur le narcotrafic, voté à l’unanimité par le Sénat il y a quelques semaines : « Ce texte va nous donner de nouveaux outils, des nouvelles organisations sur la justice et sur le ministère de l’Intérieur, un arsenal nouveau qui va nous permettre d’être beaucoup plus efficaces pour lutter pied à pied contre la criminalité organisée », espère-t-il. Ce texte prévoit notamment la création d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), des mesures anti-blanchiment, une procédure pénale simplifiée, et de nouveaux outils à disposition des enquêteurs.

Enfin, Bruno Retailleau s’est rangé à l’avis de Michel Castellani quant à la nécessaire prise de conscience de l’ensemble de la société insulaire : « Vous avez raison : la réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire. C’est en même temps l’éducation, la préparation de la jeunesse à demain, l’éducation familiale, l’école, qui sont aussi en jeu pour transmettre nos valeurs. »