Le Premier ministre, Jean Castex, retenu à Paris pour cause de COVID, a envoyé une allocution en vidéo au congrès de l'ANEM à Corte. Photo d'archive.
« Je suis, comme vous, élu d’un pays de montagne et je me considère, donc, comme l’un des vôtres. Je connais vos difficultés. Je sais vos attentes et j’estime votre engagement. J’étais jusqu’à ma nomination en qualité de Premier ministre, conseiller départemental d’un grand canton des montagnes pyrénéennes avec le Mont Carlit culminant à 2921 mètres, très représentatif de vos problématiques ». Le Premier Ministre, Jean Castex, savait que sa parole, prévue en clôture du 36ème congrès de l’ANEM, était très attendue par les 300 élus de montagne et les élus corses réunis à Corte. La veille, le seul ministre présent des quatre qui devaient l’accompagner, Joël Giraud, secrétaire d’Etat à la ruralité, avait dévoilé que le chef du gouvernement annoncerait « des nouvelles mesures en faveur de la montagne ». Ce qui rendait l’attente encore plus fébrile. C’est, donc, très attentivement que les Montagnards, qui avaient clairement fait entendre leurs voix pendant deux jours, posé les problèmes et exprimé souhaits et inquiétudes, ont écouté l’allocution de 12 minutes préenregistrée, qui se voulait forte et rassurante. Et c’est, sans surprise, par le regret de sa visite annulée que débute le Premier Ministre : « Les circonstances, que traversent à nouveau notre pays, me privent d’être parmi vous à Corte. Je le regrette vivement ». Avant de s’adresser aux élus corses : « Je veux vous dire que dès que la situation le permettra, je reviendrais vous voir ». Une visite censée mettre en musique la parole du Chef de l’Etat le mois dernier à Ajaccio, et que l’Exécutif nationaliste, échaudé par les sirènes parisiennes, attend avec un certain scepticisme.
Une montagne fragile
Ceci dit, Jean Castex pose ce qu’il considère être la principale problématique : la fragilité des territoires de montagne. Il voit dans les pluies torrentielles qui ont ravagé trois vallées des Alpes-Maritimes, « une nouvelle preuve de la vulnérabilité des territoires de montagne exposés plus que d’autres à la violence des catastrophes naturelles. La montagne est un environnement splendide, mais fragile. C’est la raison pour laquelle il nous faut le préserver. D’autant plus que la crise sanitaire est venue ajouter de nouveaux obstacles aux difficultés qui lui étaient inhérentes. Le confinement a, en effet, entrainé, un effondrement immédiat de la fréquentation des stations de ski qui n’avaient pas encore achevé leur saison. Certes, la saison estivale a été bonne, mais l’incertitude liée à la situation sanitaire pèse lourdement sur la prochaine saison hivernale ». Il redit, donc, « toute la détermination du gouvernement à soutenir une filière touristique devenue essentielle à la prospérité économique des pays de montagne » et à trouver des solutions pour franchir ce cap difficile. « La crise, si on sait la saisir, peut aussi être une opportunité pour faire évoluer nos façons de faire et nos projets ».
De l’audace !
Comment évoluer ? Le Premier ministre rappelle que la Loi de 1985 a donné aux populations de montagne, qui représente un quart du territoire français, « la reconnaissance de leurs spécificités » et que l’acte 2 en 2016, leur confère « le droit à l’auto-développement et à l’expérimentation de façon à leur permettre d’adapter les normes à leurs spécificités ». L’expérimentation étant une demande récurrente des territoires, notamment de la Corse et de l’Outre-Mer, mais toujours restée lettre morte car bloquée par Paris, la salle retient son souffle, les insulaires se figent attendant une suite… qui ne vient pas. L’ouverture, à peine esquissée, stoppe net. On n’a pas très bien compris cette entrée en matière ! Jean Castex embraye, comme si de rien n’était, sur les moyens que le gouvernement met globalement à disposition pour sortir de la crise : le Plan France Relance qu’il a présenté il y a quelques semaines « Outre la crise sanitaire, les pays de montagne doivent faire face à de nouveaux défis : ceux de la transition écologique, de la transition numérique et de la cohésion sociale. Le Plan de relance est là pour vous aider à les relever. Il doit accompagner la transformation dont vos territoires ont besoin et vous devez le considérer dans sa cohérence globale. C’est la raison pour laquelle je souhaite que des accords destinés à soutenir des projets structurants puissent être signés avec les préfets et les communautés de communes des zones de montagne pour qu’elles soient, chaque fois que ce sera possible, les porteurs de ces projets ». Pour cela, il annonce le doublement de la dotation de soutien à l’investissement local qui atteint 2 milliards d’euros, comme il explique en vidéo :
Une montagne fragile
Ceci dit, Jean Castex pose ce qu’il considère être la principale problématique : la fragilité des territoires de montagne. Il voit dans les pluies torrentielles qui ont ravagé trois vallées des Alpes-Maritimes, « une nouvelle preuve de la vulnérabilité des territoires de montagne exposés plus que d’autres à la violence des catastrophes naturelles. La montagne est un environnement splendide, mais fragile. C’est la raison pour laquelle il nous faut le préserver. D’autant plus que la crise sanitaire est venue ajouter de nouveaux obstacles aux difficultés qui lui étaient inhérentes. Le confinement a, en effet, entrainé, un effondrement immédiat de la fréquentation des stations de ski qui n’avaient pas encore achevé leur saison. Certes, la saison estivale a été bonne, mais l’incertitude liée à la situation sanitaire pèse lourdement sur la prochaine saison hivernale ». Il redit, donc, « toute la détermination du gouvernement à soutenir une filière touristique devenue essentielle à la prospérité économique des pays de montagne » et à trouver des solutions pour franchir ce cap difficile. « La crise, si on sait la saisir, peut aussi être une opportunité pour faire évoluer nos façons de faire et nos projets ».
De l’audace !
Comment évoluer ? Le Premier ministre rappelle que la Loi de 1985 a donné aux populations de montagne, qui représente un quart du territoire français, « la reconnaissance de leurs spécificités » et que l’acte 2 en 2016, leur confère « le droit à l’auto-développement et à l’expérimentation de façon à leur permettre d’adapter les normes à leurs spécificités ». L’expérimentation étant une demande récurrente des territoires, notamment de la Corse et de l’Outre-Mer, mais toujours restée lettre morte car bloquée par Paris, la salle retient son souffle, les insulaires se figent attendant une suite… qui ne vient pas. L’ouverture, à peine esquissée, stoppe net. On n’a pas très bien compris cette entrée en matière ! Jean Castex embraye, comme si de rien n’était, sur les moyens que le gouvernement met globalement à disposition pour sortir de la crise : le Plan France Relance qu’il a présenté il y a quelques semaines « Outre la crise sanitaire, les pays de montagne doivent faire face à de nouveaux défis : ceux de la transition écologique, de la transition numérique et de la cohésion sociale. Le Plan de relance est là pour vous aider à les relever. Il doit accompagner la transformation dont vos territoires ont besoin et vous devez le considérer dans sa cohérence globale. C’est la raison pour laquelle je souhaite que des accords destinés à soutenir des projets structurants puissent être signés avec les préfets et les communautés de communes des zones de montagne pour qu’elles soient, chaque fois que ce sera possible, les porteurs de ces projets ». Pour cela, il annonce le doublement de la dotation de soutien à l’investissement local qui atteint 2 milliards d’euros, comme il explique en vidéo :
Jean Castex aux Montagnards : « Soyez audacieux ! »
La 5G pour désenclaver
« Saisissez-vous de ce Plan de relance dans toutes ses dimensions en bâtissant des projets de développement et de transformation ambitieux qui puissent bénéficier de ces financements », lance-t-il aux élus locaux. Il juge certaines mesures « particulièrement adaptées aux conditions climatiques du milieu montagnard ». Par exemple : la rénovation thermique pour les particuliers, les entreprises et les bâtiments publics. Il liste ensuite des mesures permettant aux territoires de s’adapter aux effets du changement climatique, notamment « le renforcement de l’hydraulique et la sécurisation des infrastructures de gestion de l’eau, indispensables à l’agriculture et à l’élevage de montagne ». Egalement, la couverture à très haut débit et en téléphonie mobile. Là, il tranche sans équivoque sur le débat autour de la 5G : « Je vous invite à vous porter très rapidement candidat à l’expérimentation de la 5G. Je n’ai aucun doute à ce sujet ! Les Montagnards savent qu’ils doivent échapper à l’enclavement et développer des activités qui permettent de compenser les rigueurs de l’hivernat. Le très haut débit permettra aux pays de montagne d’accueillir des activités liées aux technologies de pointe, en même temps qu’il confortera l’attractivité touristique et leur désenclavement ». Et tacle, au passage, les écologistes : « La montagne n’a pas attendu les discours écologiques des citadins pour se préoccuper de son environnement ! ». Tout en assurant : « Le plan de relance, dont près d’un tiers de la dotation globale est directement fléché vers la transition écologique, permettra de mieux préserver les trésors naturels des territoires ».
Agir sur l’emploi
Autres priorités du plan France Relance, le Premier ministre invite au déploiement d’une économie circulaire et à l’élaboration de circuits courts, notamment pour le traitement des déchets. « Le Plan est aussi là pour aider à structurer les filières agricoles et agroalimentaires au bénéfice encore de la transition écologique ». Enfin, insiste-t-il sur la nécessité « de développer un tourisme durable et responsable, un tourisme des 4 saisons capable de répondre aux attentes de nouvelles clientèles ». L’objectif est « Une France équilibrée, un pays où nul territoire n’est tenu à distance ! ». Pour cela, prévient-il, le désenclavement numérique est essentiel, mais ne suffit pas, il faut aussi agir sur l’emploi. « Nous allons soutenir les entreprises installées en zone de montagne en prolongeant et adaptant les dispositifs d’aides et de compensation. Le plan de relance doit aussi dans son volet formation aider à pourvoir des emplois dont les métiers de la montagne et du tourisme ont besoin et qui ne sont pas toujours facile à pourvoir ».
Un plan Train
Le désenclavement, c’est aussi les transports. D’abord ferroviaire : « Dans le cadre du plan de relance, le plan Train pourra bénéficier à un grand nombre de communes et d’habitants de montagne avec le maintien des petites lignes et le développement du fret ferroviaire, comme c’est le cas en Auvergne ». Sans pour autant négliger la route. Jean Castex annonce « la publication imminente – je sais que c’est très attendue – du décret Pneus neige, qui continuera à limiter l’encombrement des routes d’accès à vos territoires. Le développement de la route n’est pas contradictoire avec nos impératifs écologiques. Un massif mal desservi est un massif contourné ! Nous devons permettre aux territoires de montagne d’être mieux reliés au reste du pays, mais aussi entre-eux. L’efficacité et une économie en circuit court est à ce prix ». Pour plus de lisibilité dans les politiques, il annonce également la création d’un Programme national Montagne. « Il permettra de mieux accompagner les mesures du plan de relance et de les mettre en cohérence avec un certain nombre de dispositifs et de programmes existant. Sous le pilotage de l’Agence nationale de cohésion des territoires et avec la mobilisation des commissariats de massifs, il renforcera l’efficacité du partenariat entre l’Etat, les collectivités, les acteurs sociaux et économiques. Il apportera un appui très opérationnel pour les chantiers de développement, notamment dans le domaine du tourisme ».
Les oubliés de la République
Les annonces s’arrêtent là ! Jeanine Dubié, député des Nouvelles Pyrénées et nouvelle présidente de l’ANEM avait, dans son discours d’investiture, quelques minutes avant l’intervention ministérielle, émis le vœu que « Les territoires de montagne ne soient pas les oubliés de la République. Le pacte avec la montagne est à renouveler et nous devons le construire ensemble ». Le Premier ministre, qui semble avoir anticipé la demande, peut bien affirmer avec force : « La montagne n’est plus l’oubliée de nos politiques publiques. C’est un point auquel je veille particulièrement. C’est bien une troisième étape de notre politique de la montagne que nous franchissons aujourd’hui », la récolte est maigre. Si les axes évoqués collent aux grands chantiers de la montagne mis en lumière par l’ANEM dans son 36ème congrès - l’adaptation aux changements climatiques, la couverture numérique et le désenclavement - les élus attendaient des mesures exceptionnelles, susceptibles d’être à la hauteur des contraintes et des défis spécifiques auxquels sont confrontés ces territoires ruraux particuliers. Ils n’ont obtenu qu’un mode d’emploi version montagne du plan global de relance national. Pas un chouia de plus. Jean Castex a beau conclure comme il a commencé : « Je suis des vôtres et je le resterais », c’est avec un certain malaise que les Montagnards ont levé la séance. Sans commenter le discours ministériel, il y avait si peu à dire…
N.M.
« Saisissez-vous de ce Plan de relance dans toutes ses dimensions en bâtissant des projets de développement et de transformation ambitieux qui puissent bénéficier de ces financements », lance-t-il aux élus locaux. Il juge certaines mesures « particulièrement adaptées aux conditions climatiques du milieu montagnard ». Par exemple : la rénovation thermique pour les particuliers, les entreprises et les bâtiments publics. Il liste ensuite des mesures permettant aux territoires de s’adapter aux effets du changement climatique, notamment « le renforcement de l’hydraulique et la sécurisation des infrastructures de gestion de l’eau, indispensables à l’agriculture et à l’élevage de montagne ». Egalement, la couverture à très haut débit et en téléphonie mobile. Là, il tranche sans équivoque sur le débat autour de la 5G : « Je vous invite à vous porter très rapidement candidat à l’expérimentation de la 5G. Je n’ai aucun doute à ce sujet ! Les Montagnards savent qu’ils doivent échapper à l’enclavement et développer des activités qui permettent de compenser les rigueurs de l’hivernat. Le très haut débit permettra aux pays de montagne d’accueillir des activités liées aux technologies de pointe, en même temps qu’il confortera l’attractivité touristique et leur désenclavement ». Et tacle, au passage, les écologistes : « La montagne n’a pas attendu les discours écologiques des citadins pour se préoccuper de son environnement ! ». Tout en assurant : « Le plan de relance, dont près d’un tiers de la dotation globale est directement fléché vers la transition écologique, permettra de mieux préserver les trésors naturels des territoires ».
Agir sur l’emploi
Autres priorités du plan France Relance, le Premier ministre invite au déploiement d’une économie circulaire et à l’élaboration de circuits courts, notamment pour le traitement des déchets. « Le Plan est aussi là pour aider à structurer les filières agricoles et agroalimentaires au bénéfice encore de la transition écologique ». Enfin, insiste-t-il sur la nécessité « de développer un tourisme durable et responsable, un tourisme des 4 saisons capable de répondre aux attentes de nouvelles clientèles ». L’objectif est « Une France équilibrée, un pays où nul territoire n’est tenu à distance ! ». Pour cela, prévient-il, le désenclavement numérique est essentiel, mais ne suffit pas, il faut aussi agir sur l’emploi. « Nous allons soutenir les entreprises installées en zone de montagne en prolongeant et adaptant les dispositifs d’aides et de compensation. Le plan de relance doit aussi dans son volet formation aider à pourvoir des emplois dont les métiers de la montagne et du tourisme ont besoin et qui ne sont pas toujours facile à pourvoir ».
Un plan Train
Le désenclavement, c’est aussi les transports. D’abord ferroviaire : « Dans le cadre du plan de relance, le plan Train pourra bénéficier à un grand nombre de communes et d’habitants de montagne avec le maintien des petites lignes et le développement du fret ferroviaire, comme c’est le cas en Auvergne ». Sans pour autant négliger la route. Jean Castex annonce « la publication imminente – je sais que c’est très attendue – du décret Pneus neige, qui continuera à limiter l’encombrement des routes d’accès à vos territoires. Le développement de la route n’est pas contradictoire avec nos impératifs écologiques. Un massif mal desservi est un massif contourné ! Nous devons permettre aux territoires de montagne d’être mieux reliés au reste du pays, mais aussi entre-eux. L’efficacité et une économie en circuit court est à ce prix ». Pour plus de lisibilité dans les politiques, il annonce également la création d’un Programme national Montagne. « Il permettra de mieux accompagner les mesures du plan de relance et de les mettre en cohérence avec un certain nombre de dispositifs et de programmes existant. Sous le pilotage de l’Agence nationale de cohésion des territoires et avec la mobilisation des commissariats de massifs, il renforcera l’efficacité du partenariat entre l’Etat, les collectivités, les acteurs sociaux et économiques. Il apportera un appui très opérationnel pour les chantiers de développement, notamment dans le domaine du tourisme ».
Les oubliés de la République
Les annonces s’arrêtent là ! Jeanine Dubié, député des Nouvelles Pyrénées et nouvelle présidente de l’ANEM avait, dans son discours d’investiture, quelques minutes avant l’intervention ministérielle, émis le vœu que « Les territoires de montagne ne soient pas les oubliés de la République. Le pacte avec la montagne est à renouveler et nous devons le construire ensemble ». Le Premier ministre, qui semble avoir anticipé la demande, peut bien affirmer avec force : « La montagne n’est plus l’oubliée de nos politiques publiques. C’est un point auquel je veille particulièrement. C’est bien une troisième étape de notre politique de la montagne que nous franchissons aujourd’hui », la récolte est maigre. Si les axes évoqués collent aux grands chantiers de la montagne mis en lumière par l’ANEM dans son 36ème congrès - l’adaptation aux changements climatiques, la couverture numérique et le désenclavement - les élus attendaient des mesures exceptionnelles, susceptibles d’être à la hauteur des contraintes et des défis spécifiques auxquels sont confrontés ces territoires ruraux particuliers. Ils n’ont obtenu qu’un mode d’emploi version montagne du plan global de relance national. Pas un chouia de plus. Jean Castex a beau conclure comme il a commencé : « Je suis des vôtres et je le resterais », c’est avec un certain malaise que les Montagnards ont levé la séance. Sans commenter le discours ministériel, il y avait si peu à dire…
N.M.
Les élus de montagne au congrès de l'ANEM.