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Monte : Core in Fronte et le collectif "Piaghja di Golu" demandent l’arrêt immédiat des travaux du centre de surtri


VL le Dimanche 16 Mars 2025 à 07:20

Alors que le centre de surtri du SYVADEC à Monte doit voir le jour d’ici fin 2026, la mobilisation contre le projet se renforce. Ce samedi 15 mars, sur le site même du chantier, militants de Core in Fronte, agriculteurs et membres du collectif de riverains nouvellement créé, "Piaghja di Golu", ont dénoncé « un projet imposé par l’État » avec « l’accord tacite de l’Exécutif de Corse ». Ils exigent « l’arrêt immédiat des travaux », dénonçant une infrastructure qu’ils jugent « en totale contradiction avec les intérêts écologiques et institutionnels de l’île ».



Crédit photo Core in Fronte
Crédit photo Core in Fronte
Le projet du centre de surtri des déchets sur la commune de Monte continue à faire des remous. Deux semaines après la publication d’un arrêté préfectoral autorisant le SYVADEC à exploiter un centre de tri et de valorisation « des déchets ménagers non dangereux », la contestation ne faiblit pas. Ce samedi 15 mars, une centaine de personnes se sont rassemblées sur le site du chantier à l’appel de Core in Fronte et du collectif de riverains  "Piaghja di Golu" pour dénoncer "un projet imposé par l’État, avec l’accord tacite de l’Exécutif de Corse", et réclamer l’arrêt total des travaux. « L'État a imposé ce choix qu'il envisage de financer, d'ailleurs, en quasi-totalité, avec l'accord tacite de l'Exécutif de Corse. C'est une situation ubuesque alors même que la Collectivité de Corse a la compétence de la planification sur la politique des déchets », explique le mouvement dans son communiqué. Selon Core in Fronte, ce projet serait « la conséquence de l'incurie, sur la question des déchets, des diverses majorités territoriales depuis de nombreuses années ». Le mouvement y voit « un traceur du sous-développement de la Corse » et souligne que cette situation marque « l'échec, sur un dossier emblématique, des gouvernances nationalistes depuis 2015  incapables de mettre en place une politique de tri cohérente et adaptée aux réalités insulaires ». Pour le mouvement indépendantiste l’installation de ce centre est un aveu d’échec, le reflet d’une Corse toujours dépendante de décisions prises ailleurs et d’une gestion des déchets qui n’a jamais su dépasser le stade de l’urgence. ».

Un marché des déchets jugé opaque et lucratif
Au-delà des enjeux environnementaux, Core in Fronte alerte sur les intérêts financiers qui entourent le projet. « Depuis des années, le marché des déchets en Corse est devenu une manne qui attise tous les appétits financiers, géré dans l’opacité et au détriment des intérêts collectifs », estime le mouvement. Les militants dénoncent le rôle du SYVADEC, qui pilote la gestion des déchets sur l’île, et réclament sa dissolution. « Il n’y a aucune vision claire, seulement une superposition de structures qui empêchent une politique cohérente et transparente », dénoncent-ils.

Une implantation contestée en pleine zone agricole
L’un des points les plus sensibles du dossier reste l’impact du centre de surtri sur l’environnement et l’agriculture locale. Le projet prévoit l’artificialisation de cinq hectares de terres alluviales, classées Espace Stratégique Agricole (ESA) par le PADDUC. « Il est inconcevable qu’un projet industriel vienne bétonner ces terres fertiles, qui sont essentielles à notre production locale et à l’IGP Clémentine de Corse », s’indignent les opposants.

Les conséquences environnementales sont également mises en avant. Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) a pointé du doigt plusieurs lacunes, notamment l’absence d’évaluation crédible des impacts, des inventaires naturalistes incomplets et une compensation écologique insuffisante.

Un projet surdimensionné aux risques mal évalués
Le mouvement dénonce aussi un projet « surdimensionné », qui favoriserait les profits privés avec des fonds publics et serait incompatible avec « toutes les politiques de tri à la source ». Le centre prévoit notamment « 20 000 tonnes par an de déchets combustibles nécessitant une incinération », posant de nombreuses interrogations sur leur stockage et leur traitement. « Où vont être installés ces centres de combustion ? Où seront stockés ces déchets ? Pourquoi les habitants n’ont-ils pas été informés des impacts directs sur leur cadre de vie ? », interrogent-ils.
L’inquiétude porte également sur l’absence de débouchés commerciaux pour les déchets triés, qui risque de conduire à des stockages massifs. « On sait comment ça se termine : des sites saturés, des nuisances insupportables pour les riverains, et un risque accru d’incendies », s’alarme Core in Fronte.
 





Un site archéologique en péril
À ces contestations environnementales et économiques s’ajoute un enjeu patrimonial. Les fouilles préventives menées sur le site ont révélé des vestiges de l’âge du Bronze, confirmant une occupation humaine ancienne et un mobilier céramique de référence pour la Corse. Core in Fronte juge « aberrant » de persister dans ce projet sans prendre en compte cette découverte. « Une infrastructure industrielle à cet endroit, c’est un non-sens archéologique », affirment les militants, qui demandent une réévaluation du projet en intégrant pleinement cette contrainte.

Face à ces éléments, les opposants réclament l’arrêt immédiat des travaux et une refonte complète de la politique de gestion des déchets en Corse. « Ce modèle est dépassé. Nous exigeons une approche durable, transparente et respectueuse du territoire », insiste Core in Fronte. Le mouvement plaide pour une généralisation du tri à la source, assortie d’une fiscalité incitative afin d’encourager les comportements vertueux. Il appelle la Collectivité de Corse à assumer enfin ses responsabilités et à mettre en place un plan de gestion cohérent, qui rompe avec les décisions imposées depuis Paris. « Ce projet ne peut pas être validé en l’état. Il est temps d’écouter la population, de repenser notre modèle de gestion des déchets et de refuser ces logiques industrielles qui ne servent que des intérêts financiers », martèle Core in Fronte.


La mobilisation s’organise et les militants appellent les citoyens, agriculteurs et associations locales à rejoindre leur combat. À Monte, le bras de fer est loin d’être terminé.