Un marché des déchets jugé opaque et lucratif
Au-delà des enjeux environnementaux, Core in Fronte alerte sur les intérêts financiers qui entourent le projet. « Depuis des années, le marché des déchets en Corse est devenu une manne qui attise tous les appétits financiers, géré dans l’opacité et au détriment des intérêts collectifs », estime le mouvement. Les militants dénoncent le rôle du SYVADEC, qui pilote la gestion des déchets sur l’île, et réclament sa dissolution. « Il n’y a aucune vision claire, seulement une superposition de structures qui empêchent une politique cohérente et transparente », dénoncent-ils.
Une implantation contestée en pleine zone agricole
L’un des points les plus sensibles du dossier reste l’impact du centre de surtri sur l’environnement et l’agriculture locale. Le projet prévoit l’artificialisation de cinq hectares de terres alluviales, classées Espace Stratégique Agricole (ESA) par le PADDUC. « Il est inconcevable qu’un projet industriel vienne bétonner ces terres fertiles, qui sont essentielles à notre production locale et à l’IGP Clémentine de Corse », s’indignent les opposants.
Les conséquences environnementales sont également mises en avant. Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) a pointé du doigt plusieurs lacunes, notamment l’absence d’évaluation crédible des impacts, des inventaires naturalistes incomplets et une compensation écologique insuffisante.
Un projet surdimensionné aux risques mal évalués
Le mouvement dénonce aussi un projet « surdimensionné », qui favoriserait les profits privés avec des fonds publics et serait incompatible avec « toutes les politiques de tri à la source ». Le centre prévoit notamment « 20 000 tonnes par an de déchets combustibles nécessitant une incinération », posant de nombreuses interrogations sur leur stockage et leur traitement. « Où vont être installés ces centres de combustion ? Où seront stockés ces déchets ? Pourquoi les habitants n’ont-ils pas été informés des impacts directs sur leur cadre de vie ? », interrogent-ils.
L’inquiétude porte également sur l’absence de débouchés commerciaux pour les déchets triés, qui risque de conduire à des stockages massifs. « On sait comment ça se termine : des sites saturés, des nuisances insupportables pour les riverains, et un risque accru d’incendies », s’alarme Core in Fronte.
Un site archéologique en péril
À ces contestations environnementales et économiques s’ajoute un enjeu patrimonial. Les fouilles préventives menées sur le site ont révélé des vestiges de l’âge du Bronze, confirmant une occupation humaine ancienne et un mobilier céramique de référence pour la Corse. Core in Fronte juge « aberrant » de persister dans ce projet sans prendre en compte cette découverte. « Une infrastructure industrielle à cet endroit, c’est un non-sens archéologique », affirment les militants, qui demandent une réévaluation du projet en intégrant pleinement cette contrainte.
Face à ces éléments, les opposants réclament l’arrêt immédiat des travaux et une refonte complète de la politique de gestion des déchets en Corse. « Ce modèle est dépassé. Nous exigeons une approche durable, transparente et respectueuse du territoire », insiste Core in Fronte. Le mouvement plaide pour une généralisation du tri à la source, assortie d’une fiscalité incitative afin d’encourager les comportements vertueux. Il appelle la Collectivité de Corse à assumer enfin ses responsabilités et à mettre en place un plan de gestion cohérent, qui rompe avec les décisions imposées depuis Paris. « Ce projet ne peut pas être validé en l’état. Il est temps d’écouter la population, de repenser notre modèle de gestion des déchets et de refuser ces logiques industrielles qui ne servent que des intérêts financiers », martèle Core in Fronte.
La mobilisation s’organise et les militants appellent les citoyens, agriculteurs et associations locales à rejoindre leur combat. À Monte, le bras de fer est loin d’être terminé.