Onze années que cela ne s’était pas produit. La ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, était en visite à Ajaccio, mardi matin. Dans le cadre de son périple engagé pour mobiliser l’école autour des valeurs de la République, la ministre a en effet tenu à passer par le lycée Laetitia Bonaparte, suite à la mobilisation particulièrement forte qui avait animé l’établissement au lendemain des attentats parisiens de janvier dernier.
« La raison pour laquelle j’ai choisi cet établissement scolaire est simple : au lendemain des attentats du début du mois de janvier, au lendemain de la mobilisation totale qui a saisi le pays, il m’a semblé utile de montrer à notre pays que de l’école, et en particulier des élèves eux-mêmes pouvaient venir les solutions. Il y a eu quelques établissements en France où il y a eu des initiatives comme la vôtre, spontanées, dans les heures qui ont suivi les attentats contre Charlie, le 7 janvier. J’ai voulu vous remercier, d’abord de vous être sentis concernés, vous remercier d’avoir pensé que vous aviez, peut être, une petite pierre à apporter à l’édifice du vivre ensemble, et vous remercier de nous aider à y voir plus clair sur ce que nous pouvons faire collectivement. J’espère que vous inspirerez bien d’autres jeunes et d’établissements en France », explique-t-elle visiblement touchée par l’accueil chaleureux qui lui a été réservé par la soixantaine d’élèves de l’établissement, parents et autres partenaires de l’école qui lui font face.
Un débat citoyen entre les lycéens et la ministre
Un public nombreux, venu dans l’amphithéâtre du lycée afin d’assister à un débat citoyen sur la transmission des valeurs républicaines et la nécessité de lutter contre le retour de l’obscurantisme.
Alors que la ministre s’installe à la tribune, Bonnie, lycéenne de Terminale Littéraire se lève afin d’introduire le débat qui va suivre. « Le dessinateur Luz, lors des obsèques de Stéphane Charbonnier, tué dans ces attentats, s’est adressé à l’assistance en disant : « Vous dîtes que vous êtes Charlie, alors prouvez le ! » ». Droite face à la ministre, la jeune fille brune a la main qui tremble un peu. Pourtant elle n’en laisse rien paraitre et continue d’une voix assurée : « Nous pourrions comprendre cet appel de deux manières : comme voulant dire « vous aussi dessinez des imams, des curés, des prophètes », mais aussi comme voulant dire « ayez toujours le cœur à défendre la liberté ». Vous voulez vivre libres. Soit. Alors prouvez le. Beaucoup semblent l’avoir prouvé dans ce lycée », conclue-t-elle sous une salve d’applaudissements.
Le débat est lancé. Durant quelques minutes, les mains auront du mal à se lever. Les lycéens étant sans doute intimidés devant l’assistance exceptionnelle qui les entoure.
Il faut dire que face à eux, à la tribune, siègent non seulement une ministre, mais aussi le recteur, Michel Barat, le préfet de région, Christophe Mirmand, le président de l’Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, ou encore l’acteur et réalisateur Robin Renucci.
« La raison pour laquelle j’ai choisi cet établissement scolaire est simple : au lendemain des attentats du début du mois de janvier, au lendemain de la mobilisation totale qui a saisi le pays, il m’a semblé utile de montrer à notre pays que de l’école, et en particulier des élèves eux-mêmes pouvaient venir les solutions. Il y a eu quelques établissements en France où il y a eu des initiatives comme la vôtre, spontanées, dans les heures qui ont suivi les attentats contre Charlie, le 7 janvier. J’ai voulu vous remercier, d’abord de vous être sentis concernés, vous remercier d’avoir pensé que vous aviez, peut être, une petite pierre à apporter à l’édifice du vivre ensemble, et vous remercier de nous aider à y voir plus clair sur ce que nous pouvons faire collectivement. J’espère que vous inspirerez bien d’autres jeunes et d’établissements en France », explique-t-elle visiblement touchée par l’accueil chaleureux qui lui a été réservé par la soixantaine d’élèves de l’établissement, parents et autres partenaires de l’école qui lui font face.
Un débat citoyen entre les lycéens et la ministre
Un public nombreux, venu dans l’amphithéâtre du lycée afin d’assister à un débat citoyen sur la transmission des valeurs républicaines et la nécessité de lutter contre le retour de l’obscurantisme.
Alors que la ministre s’installe à la tribune, Bonnie, lycéenne de Terminale Littéraire se lève afin d’introduire le débat qui va suivre. « Le dessinateur Luz, lors des obsèques de Stéphane Charbonnier, tué dans ces attentats, s’est adressé à l’assistance en disant : « Vous dîtes que vous êtes Charlie, alors prouvez le ! » ». Droite face à la ministre, la jeune fille brune a la main qui tremble un peu. Pourtant elle n’en laisse rien paraitre et continue d’une voix assurée : « Nous pourrions comprendre cet appel de deux manières : comme voulant dire « vous aussi dessinez des imams, des curés, des prophètes », mais aussi comme voulant dire « ayez toujours le cœur à défendre la liberté ». Vous voulez vivre libres. Soit. Alors prouvez le. Beaucoup semblent l’avoir prouvé dans ce lycée », conclue-t-elle sous une salve d’applaudissements.
Le débat est lancé. Durant quelques minutes, les mains auront du mal à se lever. Les lycéens étant sans doute intimidés devant l’assistance exceptionnelle qui les entoure.
Il faut dire que face à eux, à la tribune, siègent non seulement une ministre, mais aussi le recteur, Michel Barat, le préfet de région, Christophe Mirmand, le président de l’Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, ou encore l’acteur et réalisateur Robin Renucci.
La ministre de l'Education, en compagnie du proviseur du lycée, Jean-Pierre Casanova et des lycéens présents lors du débat
Des échanges nourris
Pourtant, bientôt, la timidité s’envole, et durant près de deux heures les échanges se feront riches et foisonnants.
Tout d’abord enjoints à témoigner leur ressenti après les attentats de janvier, les lycéens exprimeront de façon récurrente leur choc et leur tristesse.
Mais quand la ministre voudra savoir si ils ont ressenti la même chose pour les attentas qui ont frappé Copenhague, le week-end dernier, là, les réponses se feront plus mitigées. Si les uns exprimeront leur tristesse, d’autres insisteront sur la colère d’avoir vu de tels actes se reproduire ailleurs, après Paris. « J’ai l’impression que parfois le monde part en vrille », lancera Bonnie.
Le débat continue. Les lycéens sont invités à définir les valeurs de la République « Liberté, Egalité, Fraternité » avec leurs mots. Beaucoup de mains se lèveront. Les jeunes élèves ne semblent pas en reste devant la tâche.
Et quand on leur demande par la suite de définir l’obscurantisme, les réactions se font encore plus nombreuses. Des mots fusent des quatre coins de la salle. « Régression ». « Ignorance ». « Oppression ». « Paranoïa ». « Facilité ».
La ministre semble séduite par le niveau du débat. « J’ai rarement assisté à un type de débat aussi riche », dira-t-elle, même, quelques minutes plus tard.
« Lisez Laetitia » remis à la ministre
Avant que la ministre ne parachève sa visite en participant à une réunion du conseil pédagogique de l’établissement, Mariam, rédactrice en chef du journal du lycée, Lisez Laetitia, profitera des dernières minutes en sa compagnie pour lui remettre un exemplaire du numéro spécial réalisé après les attentas. « On ne s’attendait pas à ce que ça prenne autant de proportions », plaisantera une des rédactrices du journal.
Avant de quitter le lycée, Najat Vallaud-Belkacem aura encore quelques mots pour les élèves. Quelques mots qui sonneront un peu comme des félicitations pour ces lycéens qui ont participé activement à ce débat qui a su ravir la ministre. « C’est un vrai bonheur d’avoir passé cette matinée avec vous. J’aurais aimé que toutes les caméras de France soient braquées sur cette petite salle ce matin pour porter une autre tonalité que celle qu’on entend trop souvent, qui est trop souvent pessimiste. Je crois qu’il y a vraiment des raisons d’espérer, et c’est vous », glissera-t-elle en guise d’au revoir.
Manon PERELLI
Pourtant, bientôt, la timidité s’envole, et durant près de deux heures les échanges se feront riches et foisonnants.
Tout d’abord enjoints à témoigner leur ressenti après les attentats de janvier, les lycéens exprimeront de façon récurrente leur choc et leur tristesse.
Mais quand la ministre voudra savoir si ils ont ressenti la même chose pour les attentas qui ont frappé Copenhague, le week-end dernier, là, les réponses se feront plus mitigées. Si les uns exprimeront leur tristesse, d’autres insisteront sur la colère d’avoir vu de tels actes se reproduire ailleurs, après Paris. « J’ai l’impression que parfois le monde part en vrille », lancera Bonnie.
Le débat continue. Les lycéens sont invités à définir les valeurs de la République « Liberté, Egalité, Fraternité » avec leurs mots. Beaucoup de mains se lèveront. Les jeunes élèves ne semblent pas en reste devant la tâche.
Et quand on leur demande par la suite de définir l’obscurantisme, les réactions se font encore plus nombreuses. Des mots fusent des quatre coins de la salle. « Régression ». « Ignorance ». « Oppression ». « Paranoïa ». « Facilité ».
La ministre semble séduite par le niveau du débat. « J’ai rarement assisté à un type de débat aussi riche », dira-t-elle, même, quelques minutes plus tard.
« Lisez Laetitia » remis à la ministre
Avant que la ministre ne parachève sa visite en participant à une réunion du conseil pédagogique de l’établissement, Mariam, rédactrice en chef du journal du lycée, Lisez Laetitia, profitera des dernières minutes en sa compagnie pour lui remettre un exemplaire du numéro spécial réalisé après les attentas. « On ne s’attendait pas à ce que ça prenne autant de proportions », plaisantera une des rédactrices du journal.
Avant de quitter le lycée, Najat Vallaud-Belkacem aura encore quelques mots pour les élèves. Quelques mots qui sonneront un peu comme des félicitations pour ces lycéens qui ont participé activement à ce débat qui a su ravir la ministre. « C’est un vrai bonheur d’avoir passé cette matinée avec vous. J’aurais aimé que toutes les caméras de France soient braquées sur cette petite salle ce matin pour porter une autre tonalité que celle qu’on entend trop souvent, qui est trop souvent pessimiste. Je crois qu’il y a vraiment des raisons d’espérer, et c’est vous », glissera-t-elle en guise d’au revoir.
Manon PERELLI