Le président de la République, Emmanuel Macron, et le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, en septembre 2020 à Bunifaziu. (Photo Florent Selvini)
« La date actée est le 18 et 19 mai à Paris, si Gérald Darmanin est confirmé dans sa fonction, je le rencontrerai en amont ». C’est l’annonce surprise faite par le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, jeudi matin en ouverture de la session de Corse. En conclusion d’un long discours sur l’analyse du scrutin des élections présidentielles et des relations avec le président de la République nouvellement réélu, Emmanuel Macron, et son gouvernement sous l’ancienne mandature, il pose les actes de ce processus de discussion sur l’autonomie arraché dans le drame et la douleur après l’agression mortelle d’Yvan Colonna le 2 mars à la centrale d’Arles et l’onde de choc qui a secoué la Corse pendant des semaines. « Le premier mandat d’Emmanuel Macron a été celui des occasions manquées. Ce qui s’est passé pendant 5 ans ne peut pas être oublié, et a conduit à des défiances, des interrogations, à un sentiment de révolte qui renaît avec force, et pas que dans la jeunesse. Je veux dire aux Corses, au gouvernement actuel et à venir, à Gérald Darmanin, au président réélu, que si nous gardons à l’esprit ce qui s’est passé depuis 5 ans, nous sommes plus que jamais déterminés à construire une solution politique avec l’Etat qui permettra de clore un cycle politique de 50 ans basé sur la négation de ce que nous sommes, c’est-à-dire un peuple, et ouvrir un nouveau cycle pour construire un pays démocratique, émancipé, rayonnant sur des valeurs d’ouverture et de fraternité ».
Une relation constructive
Si cette première réunion à Paris avec une représentation corse doit permettre à l’ensemble des courants politiques de s’exprimer, elle doit aussi, prévient Gilles Simeoni,« impliquer une méthode de travail et définir un contenu politique et programmatique aux discussions sur une autonomie dont les contours sont déjà identifiés afin de trouver un accord aussi large possible ». Et surtout intégrer les fortes attentes dans le domaine économique et social, oubliées des précédents statuts, mais aussi la résolution des grands dossiers du quotidien : « La relation nouvelle, que nous souhaitons, doit permettre d’avancer de façon rapide et caractéristique sur tous les grands dossiers qui ont souffert des relations dégradées avec l’Etat. Nous avons un champ immense de travaux devant nous : énergie, déchets, infrastructures, transports, logement, prix des carburant et de produits de première consommation... ». Il salue « la relation constructive » qui s’est instaurée avec le nouveau préfet de Corse « dans le respect de nos prérogatives et de nos fonctions. Je forme le vœu que ce climat s’installe durablement. Les semaines à-venir seront déterminantes. Les avancées significatives dans tous les domaines du quotidien sont à portée de main, c’est notre devoir à Paris et en Corse de les concrétiser. Je veux assurer au peuple que nous serons ensemble au rendez-vous de l’histoire ».
Une relation constructive
Si cette première réunion à Paris avec une représentation corse doit permettre à l’ensemble des courants politiques de s’exprimer, elle doit aussi, prévient Gilles Simeoni,« impliquer une méthode de travail et définir un contenu politique et programmatique aux discussions sur une autonomie dont les contours sont déjà identifiés afin de trouver un accord aussi large possible ». Et surtout intégrer les fortes attentes dans le domaine économique et social, oubliées des précédents statuts, mais aussi la résolution des grands dossiers du quotidien : « La relation nouvelle, que nous souhaitons, doit permettre d’avancer de façon rapide et caractéristique sur tous les grands dossiers qui ont souffert des relations dégradées avec l’Etat. Nous avons un champ immense de travaux devant nous : énergie, déchets, infrastructures, transports, logement, prix des carburant et de produits de première consommation... ». Il salue « la relation constructive » qui s’est instaurée avec le nouveau préfet de Corse « dans le respect de nos prérogatives et de nos fonctions. Je forme le vœu que ce climat s’installe durablement. Les semaines à-venir seront déterminantes. Les avancées significatives dans tous les domaines du quotidien sont à portée de main, c’est notre devoir à Paris et en Corse de les concrétiser. Je veux assurer au peuple que nous serons ensemble au rendez-vous de l’histoire ».
Un changement radical
Auparavant, Gilles Simeoni, qui avait conservé un silence prudent pendant la campagne présidentielle, s’est livré donc à une longue analyse du scrutin. Après des félicitations usuelles au président nouvellement élu « Emmanuel Macron a gagné et sa victoire n’appelle aucune contestation », il modère cependant « ce résultat facialement bon est, au niveau national, globalement en retrait en voix par rapport à 2017 avec une abstention record et 3 millions de votes blancs. Le score de l’Extrême-droite interroge sur la stratégie politique électorale mise en œuvre. Ces chiffres confirment que la France est confrontée à une grave crise sociale, sociétale et se retrouve dans une logique de conflit, confrontée à des risques majeurs, des cumuls de contraintes et de crises. Un changement radical non seulement de politique, mais aussi de rapport au pays et au peuple, s’impose, sauf à ce que les mois à-venir débouchent sur une tension majeure et une situation ingouvernable. Ce constat est encore plus vrai en Corse, surtout si on regarde comment la question corse a été traitée, ou plutôt n’a pas été traitée, ou a mal été traitée ».
Un résultat amer
S’il respecte le choix des Corses, il interprète le score de Marine Le Pen dans l’île comme « une forme de désaveu et d’échec pour ceux qui combattent ces idées. Le projet et les valeurs sont aux antipodes de notre vision globale humaniste et de tout ce que nous avons combattu depuis des siècles ». Il n’y a, assène-t-il, au regard de l’abstention et des reports de voix, « aucune corrélation significative entre le vote nationaliste et le vote RN ». Pour lui, ce vote est aussi « le résultat amer, vénéneux » de la politique de Macron en Corse. « Les engagements pris n’ont pas été tenus. La Corse, ses élus, son peuple, le suffrage universel et la démocratie ont été bafoués pendant cinq longues années. Il a fallu l’assassinat d’Yvan Colonna et une mobilisation populaire sans précédent où la jeunesse corse a pris une part prépondérante pour que le rapprochement soit enfin mis en œuvre et qu’un processus de négociation soit enfin acté, initié et malheureusement, quelques jours après, suspendu. Le programme et les discours d’Emmanuel Macron n’ont fait référence à aucun moment de cette volonté de dialogue. Comment, dans ces conditions, s’étonner que de nombreux Corses, y compris dans l’électorat nationaliste, ne lui ont pas renouvelé leur confiance ! C’est exactement la même dynamique et la même logique politique qui ont conduit l’Outre-Mer à le désavouer ».
Auparavant, Gilles Simeoni, qui avait conservé un silence prudent pendant la campagne présidentielle, s’est livré donc à une longue analyse du scrutin. Après des félicitations usuelles au président nouvellement élu « Emmanuel Macron a gagné et sa victoire n’appelle aucune contestation », il modère cependant « ce résultat facialement bon est, au niveau national, globalement en retrait en voix par rapport à 2017 avec une abstention record et 3 millions de votes blancs. Le score de l’Extrême-droite interroge sur la stratégie politique électorale mise en œuvre. Ces chiffres confirment que la France est confrontée à une grave crise sociale, sociétale et se retrouve dans une logique de conflit, confrontée à des risques majeurs, des cumuls de contraintes et de crises. Un changement radical non seulement de politique, mais aussi de rapport au pays et au peuple, s’impose, sauf à ce que les mois à-venir débouchent sur une tension majeure et une situation ingouvernable. Ce constat est encore plus vrai en Corse, surtout si on regarde comment la question corse a été traitée, ou plutôt n’a pas été traitée, ou a mal été traitée ».
Un résultat amer
S’il respecte le choix des Corses, il interprète le score de Marine Le Pen dans l’île comme « une forme de désaveu et d’échec pour ceux qui combattent ces idées. Le projet et les valeurs sont aux antipodes de notre vision globale humaniste et de tout ce que nous avons combattu depuis des siècles ». Il n’y a, assène-t-il, au regard de l’abstention et des reports de voix, « aucune corrélation significative entre le vote nationaliste et le vote RN ». Pour lui, ce vote est aussi « le résultat amer, vénéneux » de la politique de Macron en Corse. « Les engagements pris n’ont pas été tenus. La Corse, ses élus, son peuple, le suffrage universel et la démocratie ont été bafoués pendant cinq longues années. Il a fallu l’assassinat d’Yvan Colonna et une mobilisation populaire sans précédent où la jeunesse corse a pris une part prépondérante pour que le rapprochement soit enfin mis en œuvre et qu’un processus de négociation soit enfin acté, initié et malheureusement, quelques jours après, suspendu. Le programme et les discours d’Emmanuel Macron n’ont fait référence à aucun moment de cette volonté de dialogue. Comment, dans ces conditions, s’étonner que de nombreux Corses, y compris dans l’électorat nationaliste, ne lui ont pas renouvelé leur confiance ! C’est exactement la même dynamique et la même logique politique qui ont conduit l’Outre-Mer à le désavouer ».
Un rendez-vous à réussir
La droite ne cache pas son étonnement et demande à prendre la parole. « Vous êtes président, celui qui exerce la plus haute autorité politique de cette île. Au terme de ces 3 semaines, celle avant les élections puis celles des deux tours, la Corse ne sait pas ce que, dans le secret des urnes, vous avez voté ! Je pose ça comme question ouverte », lance d’emblée Jean-Martin Mondoloni à Gilles Simeoni. L’élu du groupe U Soffiu Novu « comprend mal pourquoi 68% des suffrages exprimés, il y a 10 mois, se seraient positionnés en faveur des thèses nationalistes corses et pourquoi maintenant 58% auraient opté pour une candidate aux idées radicalement opposées ? Deux thèses s’affrontent, celle de la porosité ou celle consistant à dire que ce ne sont pas les mêmes. Il n’y a qu’une seule façon de le vérifier, en analysant les listes d’émargement. Il n’est pas impossible qu’on y découvre des recoupements ». Il tient également à s’élever contre « cette petite musique de fond : « LA jeunesse corse s’est mobilisée » avec l’usage de l’article défini. Non, il y a une jeunesse corse qui s’est mobilisée. Ces termes globalisants laisseraient penser que toute la jeunesse corse était concernée. Or, c’est faux ! ». S’il partage le constat d’un « rendez-vous manqué entre Emmanuel Macron et la Corse, de l’absence d’action à des choix de hauts fonctionnaires discutables et bien sûr à une faute de l’administration pénitentiaire à Arles », il alerte sur les dissensions politiques et sur la nécessité de « dégager, entre nous, les plus petits dénominateurs communs » avant d’aller à Paris. « Le ministre a été un peu vite en besogne sur le statut à la polynésienne. La dead-line de décembre, il faut l’oublier. Prenons le temps d’avancer. Il y aura aussi un rendez-vous voté, parce qu’on tient au referendum pour que les Corses valident ces discussions à venir. Espérons enfin qu’à l’issue, nous aurons un rendez-vous réussi ».
A chacun sa miséricorde !
Le ton est tout autre chez les Nationalistes. Le président de Corse in Fronte, Paul-Félix Benedetti, renvoie la droite à ses propres comptes avec une autre analyse des votes Le Pen : « La plus grande porosité, c’est 26% Fillon en 2017 à 6% Pécresse en 2021… Chacun a son lot de miséricorde à faire ! ». Mais ce transfert de votes intra droite n’explique pas tout, selon lui : « Il y a un contexte à comprendre, un mal être en Corse par cet irrespect permanent qu’a manifesté la France jacobine. Il y a aussi le malaise social et un modèle économique où on n’a pas su se développer sans se préserver. Ce vote est un appel au secours d’un peuple ». Lui aussi plaide pour le consensus, mais pas à minimà, pas dans le format de la droite : « Il faut qu’on soit au moins consensuel entre nous dans la majorité nationale politique avec un quantum minimal : une autonomie large à l’égale des autres îles méditerranéennes. C’est à nous de convaincre nos partenaires et de monter à Paris sur une demande qui soit l’unanimité du moment et éviter un arbitrage de Paris qui ne se fera qu’en défaveur de la Corse. Soit on parle sur un socle minimal commun, soit un socle nationaliste ». Réaction aussi du plus jeune élu de Fa Populu Inseme, Don Joseph Luccioni, notamment sur les propos de la jeunesse : « Nous sommes Nationalistes corses, et pas Nationalistes tout court. C’est une différence fondamentale », explique-t-il, à Corse Net Infos, en vidéo :
La droite ne cache pas son étonnement et demande à prendre la parole. « Vous êtes président, celui qui exerce la plus haute autorité politique de cette île. Au terme de ces 3 semaines, celle avant les élections puis celles des deux tours, la Corse ne sait pas ce que, dans le secret des urnes, vous avez voté ! Je pose ça comme question ouverte », lance d’emblée Jean-Martin Mondoloni à Gilles Simeoni. L’élu du groupe U Soffiu Novu « comprend mal pourquoi 68% des suffrages exprimés, il y a 10 mois, se seraient positionnés en faveur des thèses nationalistes corses et pourquoi maintenant 58% auraient opté pour une candidate aux idées radicalement opposées ? Deux thèses s’affrontent, celle de la porosité ou celle consistant à dire que ce ne sont pas les mêmes. Il n’y a qu’une seule façon de le vérifier, en analysant les listes d’émargement. Il n’est pas impossible qu’on y découvre des recoupements ». Il tient également à s’élever contre « cette petite musique de fond : « LA jeunesse corse s’est mobilisée » avec l’usage de l’article défini. Non, il y a une jeunesse corse qui s’est mobilisée. Ces termes globalisants laisseraient penser que toute la jeunesse corse était concernée. Or, c’est faux ! ». S’il partage le constat d’un « rendez-vous manqué entre Emmanuel Macron et la Corse, de l’absence d’action à des choix de hauts fonctionnaires discutables et bien sûr à une faute de l’administration pénitentiaire à Arles », il alerte sur les dissensions politiques et sur la nécessité de « dégager, entre nous, les plus petits dénominateurs communs » avant d’aller à Paris. « Le ministre a été un peu vite en besogne sur le statut à la polynésienne. La dead-line de décembre, il faut l’oublier. Prenons le temps d’avancer. Il y aura aussi un rendez-vous voté, parce qu’on tient au referendum pour que les Corses valident ces discussions à venir. Espérons enfin qu’à l’issue, nous aurons un rendez-vous réussi ».
A chacun sa miséricorde !
Le ton est tout autre chez les Nationalistes. Le président de Corse in Fronte, Paul-Félix Benedetti, renvoie la droite à ses propres comptes avec une autre analyse des votes Le Pen : « La plus grande porosité, c’est 26% Fillon en 2017 à 6% Pécresse en 2021… Chacun a son lot de miséricorde à faire ! ». Mais ce transfert de votes intra droite n’explique pas tout, selon lui : « Il y a un contexte à comprendre, un mal être en Corse par cet irrespect permanent qu’a manifesté la France jacobine. Il y a aussi le malaise social et un modèle économique où on n’a pas su se développer sans se préserver. Ce vote est un appel au secours d’un peuple ». Lui aussi plaide pour le consensus, mais pas à minimà, pas dans le format de la droite : « Il faut qu’on soit au moins consensuel entre nous dans la majorité nationale politique avec un quantum minimal : une autonomie large à l’égale des autres îles méditerranéennes. C’est à nous de convaincre nos partenaires et de monter à Paris sur une demande qui soit l’unanimité du moment et éviter un arbitrage de Paris qui ne se fera qu’en défaveur de la Corse. Soit on parle sur un socle minimal commun, soit un socle nationaliste ». Réaction aussi du plus jeune élu de Fa Populu Inseme, Don Joseph Luccioni, notamment sur les propos de la jeunesse : « Nous sommes Nationalistes corses, et pas Nationalistes tout court. C’est une différence fondamentale », explique-t-il, à Corse Net Infos, en vidéo :
Don Joseph Luccioni : « Nous appelons les Corses et la jeunesse à agir pour une solution politique globale »
Des lignes rouges
Lors des questions orales, une heure avant, le groupe PNC-Avanzemu avait interpellé l’Exécutif sur l’engagement du dialogue sur l’autonomie. « Si le vote Le Pen, de Carpinetu à Guagnu, de Bunifaziu à Ruglianu, traduit un décalage fondamental entre les élections territoriales, locales et présidentielles, il faudra bien que les législatives reflètent la volonté des Corses et le message sans équivoque de la Corse à l’Etat. Prenons garde : ce n’est pas l’abstention qui a gagné, mais une conception de l’Etat, ce même Etat qui a nié 2015 et 2017, qui ne reconnaît pas les 68 % de voix d’un peuple qui aspire au changement du rapport politique et institutionnel. Cet Etat qui ne peut nous faire rêver d’une autonomie constellée de tabous, au premier rang desquels il place la question du rôle et du statut de notre langue », rappelle Saveriu Luciani. Des tabous qu’il juge inacceptables : « Il faut placer le curseur politique d'une revendication ayant pour objectif majeur l'émancipation d'un peuple. Il est important que la Corse parle d’une voix, c’est un grand revers que cela se fasse parce qu’un homme est mort. Nous participerons à construire une trame, non pour calmer le climat social, mais pour entrer dans une époque de reconnaissance d’un peuple et d’une nation ». L’élu de Corsica Libéra, Josepha Giacometti dénonce « un raisonnement caricatural quand j’entends qu’il y aurait une transposition parfaite entre le vote nationaliste territorial et le vote Le Pen, c’est très excessif, et sur certaines communes c’est complètement faux ! Il y a eu une expression à travers une abstention importante face à un gouvernement qui voudrait nous donner des leçons de démocratie, quand la démocratie en Corse a été foulée aux pieds par le chef de l’Etat ». Elle fustige également « les lignes rouges, posées par le Président de la République et Gérald Darmanin, sont le seuil minimal de discussions : la base est la reconnaissance de ce peuple et de ses droits sur sa terre, la coofficialité, le statut de résident. Nous irons discuter loyalement. Nous verrons si les lignes convergent, pour l’instant, ce n’est pas le cas ! ».
N.M.
Lors des questions orales, une heure avant, le groupe PNC-Avanzemu avait interpellé l’Exécutif sur l’engagement du dialogue sur l’autonomie. « Si le vote Le Pen, de Carpinetu à Guagnu, de Bunifaziu à Ruglianu, traduit un décalage fondamental entre les élections territoriales, locales et présidentielles, il faudra bien que les législatives reflètent la volonté des Corses et le message sans équivoque de la Corse à l’Etat. Prenons garde : ce n’est pas l’abstention qui a gagné, mais une conception de l’Etat, ce même Etat qui a nié 2015 et 2017, qui ne reconnaît pas les 68 % de voix d’un peuple qui aspire au changement du rapport politique et institutionnel. Cet Etat qui ne peut nous faire rêver d’une autonomie constellée de tabous, au premier rang desquels il place la question du rôle et du statut de notre langue », rappelle Saveriu Luciani. Des tabous qu’il juge inacceptables : « Il faut placer le curseur politique d'une revendication ayant pour objectif majeur l'émancipation d'un peuple. Il est important que la Corse parle d’une voix, c’est un grand revers que cela se fasse parce qu’un homme est mort. Nous participerons à construire une trame, non pour calmer le climat social, mais pour entrer dans une époque de reconnaissance d’un peuple et d’une nation ». L’élu de Corsica Libéra, Josepha Giacometti dénonce « un raisonnement caricatural quand j’entends qu’il y aurait une transposition parfaite entre le vote nationaliste territorial et le vote Le Pen, c’est très excessif, et sur certaines communes c’est complètement faux ! Il y a eu une expression à travers une abstention importante face à un gouvernement qui voudrait nous donner des leçons de démocratie, quand la démocratie en Corse a été foulée aux pieds par le chef de l’Etat ». Elle fustige également « les lignes rouges, posées par le Président de la République et Gérald Darmanin, sont le seuil minimal de discussions : la base est la reconnaissance de ce peuple et de ses droits sur sa terre, la coofficialité, le statut de résident. Nous irons discuter loyalement. Nous verrons si les lignes convergent, pour l’instant, ce n’est pas le cas ! ».
N.M.