(Crédit photo : AFP/ Pascal Pochard Casabianca)
- Le FLNC vient de revendiquer une vingtaine d'attentats qui ont été commis aux quatre coins de la Corse dans la nuit de dimanche à lundi. Selon vous, qu'est-ce qui a motivé l’organisation de cette nuit bleue comme l’île n'en avait pas connu depuis des années, alors que la deuxième phase du processus d'autonomie a été lancée il y a quelques jours par Emmanuel Macron ?
- On pourrait être étonné parce que vu l'avancée du processus d’autodétermination, on aurait pu imaginer que le FLNC aurait pu rester dans cette logique de démilitarisation mise en place depuis 2014. Mais apparemment, en tant qu’acteurs potentiels du débat, il semblerait qu'ils réutilisent des modèles anciens, c'est-à-dire une nuit bleue.
- Dans ce communiqué très laconique, le FLNC écrit « Nous n'avons pas de destin commun avec la France ». N’est-ce pas quelque part aussi un message adressé à Gilles Simeoni qui parlait de construire une autonomie de la Corse dans le cadre de la République ?
- Je pense que c'est surtout un rappel du message que s'est donné le FLNC sur le champ politique. La volonté du Front depuis sa création, c'est l'indépendance. Obtenir un statut particulier, une reconnaissance de l'autonomie de la Corse, pour le FLNC, comme d'ailleurs pour les élus indépendantistes, cela n'a rien d'historique parce que pour eux, l'histoire de la Corse débutera avec l'indépendance et qu’il n’y a aucune histoire commune, aucun passé commun avec la France.
- Est-ce que finalement, derrière cette vague d’attentats, on ne pourrait pas penser que l'objectif du FLNC est de faire avorter ce processus ?
- Je crois que l’objectif est surtout de rappeler à l'ensemble insulaire et notamment aux élus que le FLNC, au même titre que les indépendantistes qui sont dans l'opposition, est aussi un acteur concernant l'évolution du statut de l’île.
- Vous le rappeliez, le dépôt des armes du FLNC en 2014 a permis de pouvoir ouvrir ces discussions avec le Gouvernement. La reprise active des attentats ces derniers mois, d'autant plus après le discours du Président de la République que d'aucuns qualifient d'historique, pourrait-elle mettre en danger le processus ? Est-ce que cela pourrait contraindre le gouvernement à faire un pas en arrière ?
- Je serais tenté de dire non parce que cela voudrait dire que le Gouvernement écoute des personnes qui ne sont pas élues et qu’il donne plus de caution à quelque chose qu’il considère comme finalement nébulaire, voire inexistant ou simplement confidentiel. Je crois qu'aujourd'hui, il faut voir les choses comme elles sont présentées, c'est-à-dire que l'espace public a toujours été laissé vacant aux indépendantistes depuis la victoire de 2015. Je pense aujourd'hui que par la voie des attentats, le FLNC rappelle qu’il est lui aussi présent sur l’échiquier et que la négociation se fait avec les élus, mais passe aussi peut-être par toute la famille indépendantiste, ainsi que par la société civile et notamment la jeunesse.
- Dans un précédent communiqué en date du 1er août dernier, le FLNC déclarait : « Aucun accord entre la Corse et la France ne pourra être qualifié d'historique tant qu'il n'entérinera pas la reconnaissance des droits du peuple corse sur sa terre comme seule communauté de droit ». Est- ce que selon vous, le fait qu'Emmanuel Macron n’ait pas prononcé certains mots dans son discours, dont notamment la notion de « peuple corse » a pu accroître la tension ?
- Le rôle du président de la Vème République, c'est de proposer des grandes lignes, ce n'est pas de mettre à plat les points cardinaux de la réforme institutionnelle. Ce n'est pas parce qu'il ne dit pas « peuple Corse » que les élus insulaires ne peuvent pas le mentionner dans le futur texte. Et puis, il a parlé de culture corse, il a parlé de tradition, et il a quand même fait une référence assez extraordinaire à la constitution de Pascal Paoli dans son discours. Il ne parle peut- être pas de peuple corse, mais il choisit de parler de nation corse en soulignant comment les Corses en 1755 étaient modernes. Ce discours correspond vraiment à la position du Président en vertu de l'article 5 de la Constitution qu’en tant que gardien des institutions, il ne peut donner que les grandes lignes, pas le projet dans sa globalité. Donc, attendre de lui qu'il parle de peuple corse, c'est assez étonnant. C’est comme attendre de lui qu’il parle par exemple d'autonomie législative, c'est un terme qu'il ne peut pas employer. Le droit constitutionnel le restreint dans sa position.
- On pourrait être étonné parce que vu l'avancée du processus d’autodétermination, on aurait pu imaginer que le FLNC aurait pu rester dans cette logique de démilitarisation mise en place depuis 2014. Mais apparemment, en tant qu’acteurs potentiels du débat, il semblerait qu'ils réutilisent des modèles anciens, c'est-à-dire une nuit bleue.
- Dans ce communiqué très laconique, le FLNC écrit « Nous n'avons pas de destin commun avec la France ». N’est-ce pas quelque part aussi un message adressé à Gilles Simeoni qui parlait de construire une autonomie de la Corse dans le cadre de la République ?
- Je pense que c'est surtout un rappel du message que s'est donné le FLNC sur le champ politique. La volonté du Front depuis sa création, c'est l'indépendance. Obtenir un statut particulier, une reconnaissance de l'autonomie de la Corse, pour le FLNC, comme d'ailleurs pour les élus indépendantistes, cela n'a rien d'historique parce que pour eux, l'histoire de la Corse débutera avec l'indépendance et qu’il n’y a aucune histoire commune, aucun passé commun avec la France.
- Est-ce que finalement, derrière cette vague d’attentats, on ne pourrait pas penser que l'objectif du FLNC est de faire avorter ce processus ?
- Je crois que l’objectif est surtout de rappeler à l'ensemble insulaire et notamment aux élus que le FLNC, au même titre que les indépendantistes qui sont dans l'opposition, est aussi un acteur concernant l'évolution du statut de l’île.
- Vous le rappeliez, le dépôt des armes du FLNC en 2014 a permis de pouvoir ouvrir ces discussions avec le Gouvernement. La reprise active des attentats ces derniers mois, d'autant plus après le discours du Président de la République que d'aucuns qualifient d'historique, pourrait-elle mettre en danger le processus ? Est-ce que cela pourrait contraindre le gouvernement à faire un pas en arrière ?
- Je serais tenté de dire non parce que cela voudrait dire que le Gouvernement écoute des personnes qui ne sont pas élues et qu’il donne plus de caution à quelque chose qu’il considère comme finalement nébulaire, voire inexistant ou simplement confidentiel. Je crois qu'aujourd'hui, il faut voir les choses comme elles sont présentées, c'est-à-dire que l'espace public a toujours été laissé vacant aux indépendantistes depuis la victoire de 2015. Je pense aujourd'hui que par la voie des attentats, le FLNC rappelle qu’il est lui aussi présent sur l’échiquier et que la négociation se fait avec les élus, mais passe aussi peut-être par toute la famille indépendantiste, ainsi que par la société civile et notamment la jeunesse.
- Dans un précédent communiqué en date du 1er août dernier, le FLNC déclarait : « Aucun accord entre la Corse et la France ne pourra être qualifié d'historique tant qu'il n'entérinera pas la reconnaissance des droits du peuple corse sur sa terre comme seule communauté de droit ». Est- ce que selon vous, le fait qu'Emmanuel Macron n’ait pas prononcé certains mots dans son discours, dont notamment la notion de « peuple corse » a pu accroître la tension ?
- Le rôle du président de la Vème République, c'est de proposer des grandes lignes, ce n'est pas de mettre à plat les points cardinaux de la réforme institutionnelle. Ce n'est pas parce qu'il ne dit pas « peuple Corse » que les élus insulaires ne peuvent pas le mentionner dans le futur texte. Et puis, il a parlé de culture corse, il a parlé de tradition, et il a quand même fait une référence assez extraordinaire à la constitution de Pascal Paoli dans son discours. Il ne parle peut- être pas de peuple corse, mais il choisit de parler de nation corse en soulignant comment les Corses en 1755 étaient modernes. Ce discours correspond vraiment à la position du Président en vertu de l'article 5 de la Constitution qu’en tant que gardien des institutions, il ne peut donner que les grandes lignes, pas le projet dans sa globalité. Donc, attendre de lui qu'il parle de peuple corse, c'est assez étonnant. C’est comme attendre de lui qu’il parle par exemple d'autonomie législative, c'est un terme qu'il ne peut pas employer. Le droit constitutionnel le restreint dans sa position.