’est un "profond mécontentement" qu’exprime la Fédération Corse des Pêches Récréatives (FCPR) dans une lettre ouverte. Depuis un arrêté préfectoral pris en décembre, toute activité de pêche de loisir au sein du Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate est soumise à une autorisation obligatoire. Si les pêcheurs "ne remettent pas en cause le besoin de connaissance du nombre de pêcheurs récréatifs au sein du Parc", ils dénoncent avant tout "une mauvaise gestion". "Au départ, il s’agissait simplement d’une déclaration de pêche", explique Jean-Jacques Riutort, président de la FCPR. "Mais aujourd’hui, c’est une autorisation, et cela change tout. On nous dit qu’elle est nécessaire pour limiter le nombre de captures, mais au sein de la Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio, les captures sont limitées, et pourtant ils n’ont toujours qu’une déclaration à remplir."
Une application controversée
L’autre point de crispation concerne CatchMachine, une application utilisée pour demander une autorisation de pêchedans certaines aires marines protégées. Mise en place après l’adoption d’un règlement européen en octobre 2023, qui impose aux États membres de l’UE de disposer d’un système électronique de déclaration des captures d’ici 2028, cette plateforme a déjà été testée dans plusieurs zones protégées en Méditerranée. Pourtant, la FCPR considère CatchMachine comme "obscure et contestable". "Pour obtenir cette autorisation, nous pouvons nous inscrire sur CatchMachine, ou bien remplir un formulaire papier dans les locaux du Parc", explique Jean-Jacques Riutort. "Néanmoins, certains pêcheurs, qui ont rempli le formulaire papier, ont reçu une confirmation d’inscription sur CatchMachine. Ils nous imposent cette application, probablement à des fins statistiques."
La géolocalisation, un point de discorde
Au-delà de la question administrative, les pêcheurs s’inquiètent particulièrement de la fonction de géolocalisationintégrée à CatchMachine. Pour la FCPR, il est hors de question d’accepter cette obligation. "Quand les autorisations de pêche ont été évoquées, il n’a jamais été question de déclarer nos lieux de pêche", affirme Jean-Jacques Riutort. Cette collecte de données, bien que réservée à l’État et aux gestionnaires du Parc, suscite des craintes. "Je crains qu’elles ne soient utilisées par des scientifiques pour des statistiques. Personne n’a envie que son lieu de pêche soit publié dans des revues scientifiques." L’inquiétude porte également sur une possible réduction des zones de pêche autorisées, si ces données servent à déterminer des quotas ou des restrictions en fonction de la fréquentation des sites.
Une alternative proposée
Face à cette situation, la FCPR demande une modification des mesures en place et le recours à une autre application. "Nous avons pensé à FishFriender, qui possède les mêmes caractéristiques que CatchMachine, mais que nous trouvons plus claire", explique Jean-Jacques Riutort. "C’est une application déjà utilisée en Europe, notamment en France, où elle compte plus de 250 000 utilisateurs. De plus, elle va devenir obligatoire d’ici deux ans, donc je ne comprends pas pourquoi CatchMachine a été imposée."
Les pêcheurs affirment être "prêts à faire des concessions", à condition d’être entendus. Ils rappellent également "qu’il est très important de se déclarer, et c’est ce que nous préconisons, mais pas via cette application."