(Photo Agnès Di Meglio)
- Quel est le but de cette manifestation du 2 avril ?
- C’est une action originale pour poser de façon concrète et militante notre revendication d’une société bilingue et des moyens pour y parvenir. Il faut avoir conscience que l’Etat n’est pas prêt, pour l’heure, à modifier la Constitution pour donner à la langue corse un statut de coofficialité. Nous disons à nos élus, qui se prononcent en faveur de ce statut, qu’ils doivent être en mesure de faire entendre leurs voix et d’engager, si nécessaire, un rapport de force avec l’Etat. Nous pouvions appeler à manifester, mais au lieu de choisir de faire un défilé traditionnel dans la rue, nous avons décidé d’envoyer une image beaucoup plus positive et dynamique avec la réalisation d’une fête revendicative.
- Comment cette fête sera-t-elle revendicative ?
- Grâce aux discours qu’elle va véhiculer, aux banderoles que nous allons étendre sous le chapiteau, à la pétition que nous ferons signer et qui sera la condition, avec un droit d’entrée de 5 €, pour accéder à la fête. D’autres langues minoritaires vont délivrer un message de solidarité et de soutien pour ce qui se passe en Corse et ce qui a été acquis, tout en exprimant leurs propres revendications. La solidarité profite à tout le monde, c’est pour cela que nous tenons à diffuser tous ces messages. Puis au cours de la soirée, sera prononcé un discours revendicatif qui va resituer les choses parce que les gens viennent, à la fois, pour faire la fête, mais aussi pour revendiquer une société bilingue.
- Pourquoi avoir choisi l’université comme lieu de la fête ? Est-ce symbolique ?
- Oui. Nous avons choisi l’université parce que c’est un lieu où il y a toujours eu des manifestations pour défendre la langue corse et un lieu qui représente la jeunesse. Nous voulons montrer que non seulement la population dans son ensemble se soucie de la langue corse, mais aussi la jeunesse qui est très active puisqu’elle crée des magasines, des sites et des blogs où la langue corse occupe une grande place. Nous allons les mettre à l’honneur et leur rendre hommage. Beaucoup d’associations présentes, mardi soir, sont, d’ailleurs, présidées par des jeunes.
- Quelles associations participent ?
- Un panel de 70 associations qui se manifesteront de façon originale comme, notamment l’Adecec de Cervione, les associations des foires de Bocognano et de Casinca, Scolca de Marignana, Alivetu du Cap Corse, A Capella de Patrimoniu… (cf article par ailleurs). Nous avons réalisé un véritable maillage de l’ensemble du territoire insulaire avec le tissu associatif. Certaines associations ont la langue corse comme un de leurs objectifs. D’autres en sont plus éloignées, mais s’en soucient en tant que citoyen. Toutes, en tant qu’acteurs de la société civile, sont au contact de nombreuses personnes et ont du poids sur le terrain. Toutes sont prêtes à s’unir pour porter, d’une seule voix, le message de notre volonté d’obtenir une société bilingue et les mesures adéquates pour l’accompagner. Pour montrer qu’elles sont parties prenantes, elles arboreront, toutes, un drapeau avec leur logo et le nom de la commune ou de la microrégion qu’elles représentent. Histoire de bien montrer que du Cap à Bonifacio, à l’Est comme à l’Ouest de l’île, la Corse entière et l’ensemble de la société civile se mobilisent pour une cause commune : la défense de la langue corse.
- Quel est le programme de cette soirée ?
- C’est un mélange des genres. Nous voulons montrer que la langue corse a sa place dans tous les domaines de la société et même là où on ne l’attend pas. Aussi y-a-t-il, bien évidemment, des groupes traditionnels culturels qui se sont créés dans les années 70, entre 1973 et 1979, et qui existent encore aujourd’hui. Ils forment un plateau impressionnant : Canta u populu corsu, Chjama Aghjalesi, Tavagna, A Filetta, Diana di l’Alba et I Surgenti. Pour l’occasion, va se recréer I Due Patrizie, Patricia Gatacecca et Patricia Poli. La soirée débutera avec trois groupes de dance Hip hop et Robin Santelli, champion de France en 2010, puis les groupes culturels, et finira avec Big Ali, un DJ américain de Bronx, de renommée internationale, et ses danseurs.
- Quel est le rapport de Big Ali avec la langue corse ?
- La langue corse sera présente grâce à Jean-Charles Papi qui va installer un échange avec le public, le faire chanter en corse, l’interpeler et obtenir des réponses en corse. Il y aura des chansons dont les paroles seront traduites en corse et des chansons corses remixées. Symboliquement, nous espérons que Big Ali prononcera quelques mots en corse, une façon de dire qu’une personnalité extérieure soutient la démarche du Collectif Parlemu Corsu et qu’il n’y a pas de langue supérieure aux autres, mais que toutes les langues sont égales. Pour donner encore plus de couleurs et de dynamisme à la fête et pour bien porter notre message revendicatif, nous allons distribuer, au milieu du concert des groupes traditionnels, 2000 écharpes aux couleurs du Collectif Parlemu Corsu avec l’inscription : « Societa bislingua ». Ce sera, avec le discours prononcé, le moment fort de la soirée, vers 22h30.
- Des élus seront-ils présents ?
- Les invitations ont été lancées. On sait que les élus nationalistes seront présents, on espère que les élus des partis traditionnels, qui se sont prononcés pour la coofficialité, le seront aussi. C’est vraiment un rendez-vous à ne pas manquer puisqu’il fera la preuve que la population corse, dans son ensemble, se soucie de la langue corse et de son avenir.
- Combien de personnes attendez-vous ?
- Le chapiteau a une capacité d’accueil de 2500 personnes, nous avons imprimé 2000 écharpes, ce qui donne une idée du nombre de personnes que nous attendons. Nous avons prévu, d’ailleurs, toute une organisation de sécurité et de secours pour pouvoir gérer une telle foule.
Propos recueillis par Nicole MARI
- C’est une action originale pour poser de façon concrète et militante notre revendication d’une société bilingue et des moyens pour y parvenir. Il faut avoir conscience que l’Etat n’est pas prêt, pour l’heure, à modifier la Constitution pour donner à la langue corse un statut de coofficialité. Nous disons à nos élus, qui se prononcent en faveur de ce statut, qu’ils doivent être en mesure de faire entendre leurs voix et d’engager, si nécessaire, un rapport de force avec l’Etat. Nous pouvions appeler à manifester, mais au lieu de choisir de faire un défilé traditionnel dans la rue, nous avons décidé d’envoyer une image beaucoup plus positive et dynamique avec la réalisation d’une fête revendicative.
- Comment cette fête sera-t-elle revendicative ?
- Grâce aux discours qu’elle va véhiculer, aux banderoles que nous allons étendre sous le chapiteau, à la pétition que nous ferons signer et qui sera la condition, avec un droit d’entrée de 5 €, pour accéder à la fête. D’autres langues minoritaires vont délivrer un message de solidarité et de soutien pour ce qui se passe en Corse et ce qui a été acquis, tout en exprimant leurs propres revendications. La solidarité profite à tout le monde, c’est pour cela que nous tenons à diffuser tous ces messages. Puis au cours de la soirée, sera prononcé un discours revendicatif qui va resituer les choses parce que les gens viennent, à la fois, pour faire la fête, mais aussi pour revendiquer une société bilingue.
- Pourquoi avoir choisi l’université comme lieu de la fête ? Est-ce symbolique ?
- Oui. Nous avons choisi l’université parce que c’est un lieu où il y a toujours eu des manifestations pour défendre la langue corse et un lieu qui représente la jeunesse. Nous voulons montrer que non seulement la population dans son ensemble se soucie de la langue corse, mais aussi la jeunesse qui est très active puisqu’elle crée des magasines, des sites et des blogs où la langue corse occupe une grande place. Nous allons les mettre à l’honneur et leur rendre hommage. Beaucoup d’associations présentes, mardi soir, sont, d’ailleurs, présidées par des jeunes.
- Quelles associations participent ?
- Un panel de 70 associations qui se manifesteront de façon originale comme, notamment l’Adecec de Cervione, les associations des foires de Bocognano et de Casinca, Scolca de Marignana, Alivetu du Cap Corse, A Capella de Patrimoniu… (cf article par ailleurs). Nous avons réalisé un véritable maillage de l’ensemble du territoire insulaire avec le tissu associatif. Certaines associations ont la langue corse comme un de leurs objectifs. D’autres en sont plus éloignées, mais s’en soucient en tant que citoyen. Toutes, en tant qu’acteurs de la société civile, sont au contact de nombreuses personnes et ont du poids sur le terrain. Toutes sont prêtes à s’unir pour porter, d’une seule voix, le message de notre volonté d’obtenir une société bilingue et les mesures adéquates pour l’accompagner. Pour montrer qu’elles sont parties prenantes, elles arboreront, toutes, un drapeau avec leur logo et le nom de la commune ou de la microrégion qu’elles représentent. Histoire de bien montrer que du Cap à Bonifacio, à l’Est comme à l’Ouest de l’île, la Corse entière et l’ensemble de la société civile se mobilisent pour une cause commune : la défense de la langue corse.
- Quel est le programme de cette soirée ?
- C’est un mélange des genres. Nous voulons montrer que la langue corse a sa place dans tous les domaines de la société et même là où on ne l’attend pas. Aussi y-a-t-il, bien évidemment, des groupes traditionnels culturels qui se sont créés dans les années 70, entre 1973 et 1979, et qui existent encore aujourd’hui. Ils forment un plateau impressionnant : Canta u populu corsu, Chjama Aghjalesi, Tavagna, A Filetta, Diana di l’Alba et I Surgenti. Pour l’occasion, va se recréer I Due Patrizie, Patricia Gatacecca et Patricia Poli. La soirée débutera avec trois groupes de dance Hip hop et Robin Santelli, champion de France en 2010, puis les groupes culturels, et finira avec Big Ali, un DJ américain de Bronx, de renommée internationale, et ses danseurs.
- Quel est le rapport de Big Ali avec la langue corse ?
- La langue corse sera présente grâce à Jean-Charles Papi qui va installer un échange avec le public, le faire chanter en corse, l’interpeler et obtenir des réponses en corse. Il y aura des chansons dont les paroles seront traduites en corse et des chansons corses remixées. Symboliquement, nous espérons que Big Ali prononcera quelques mots en corse, une façon de dire qu’une personnalité extérieure soutient la démarche du Collectif Parlemu Corsu et qu’il n’y a pas de langue supérieure aux autres, mais que toutes les langues sont égales. Pour donner encore plus de couleurs et de dynamisme à la fête et pour bien porter notre message revendicatif, nous allons distribuer, au milieu du concert des groupes traditionnels, 2000 écharpes aux couleurs du Collectif Parlemu Corsu avec l’inscription : « Societa bislingua ». Ce sera, avec le discours prononcé, le moment fort de la soirée, vers 22h30.
- Des élus seront-ils présents ?
- Les invitations ont été lancées. On sait que les élus nationalistes seront présents, on espère que les élus des partis traditionnels, qui se sont prononcés pour la coofficialité, le seront aussi. C’est vraiment un rendez-vous à ne pas manquer puisqu’il fera la preuve que la population corse, dans son ensemble, se soucie de la langue corse et de son avenir.
- Combien de personnes attendez-vous ?
- Le chapiteau a une capacité d’accueil de 2500 personnes, nous avons imprimé 2000 écharpes, ce qui donne une idée du nombre de personnes que nous attendons. Nous avons prévu, d’ailleurs, toute une organisation de sécurité et de secours pour pouvoir gérer une telle foule.
Propos recueillis par Nicole MARI
Parlemu Corsu : Une démarche originale et complémentaire pour défendre la langue corse
Ce collectif, composé de particuliers issus de l’ensemble de la société insulaire et de nombreuses associations, œuvre, depuis six ans, pour la construction d’une société bilingue. Il agit concrètement en effectuant tout un panel d’actions diverses avec différents acteurs pour montrer que la langue corse peut occuper tous les domaines de la société. Des actions toutes simples pour faire parler la langue, comme, par exemple, les stondi qui sont des rencontres sur un thème précis, défini à l’avance, où seul le corse est parlé. Egalement des conférences-débats, des journées à thème avec des ateliers déclinés dans des secteurs variés : les entreprises, les professions comme pêcheur, boulanger, etc. Le Collectif travaille avec les musées, les Offices, le parc naturel, toutes sortes d’organismes... et propose des animations pour les enfants. Son objectif est de démontrer que les insulaires ont un réel engouement pour la langue corse et pour sa pratique de façon générale.
Une action revendicative
A côté de ces actions concrètes de promotion de la langue, Parlemu Corsu a engagé une action revendicative auprès des pouvoirs publics. Car la bonne volonté sur le terrain ne suffit pas face à l’ampleur de la tâche. Il revendique, donc, des mesures conséquentes pour aider et accompagner la volonté populaire. Ces revendications sont résumées en 16 points sur une pétition qui demande, non seulement la coofficialité avec un statut de la langue corse, mais aussi avec un contenu et des moyens. Le Collectif développe deux mesures phares. La première stipule l’immersion des enfants à l’école dans un bain total de la langue, au moins, au primaire pour un vrai apprentissage. Le but est qu’ils accèdent au secondaire dans un véritable bilinguisme. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. La seconde décline une formation obligatoire dans les entreprises, ainsi que d’autres idées pour créer un environnement plus favorable à l’apprentissage du corse. Ce programme, complet et ambitieux, demandant énormément de moyens humains et financiers et du temps, le Collectif, tout en insistant sur l’urgence à agir, veut faire prendre conscience de la nécessité d’accompagner ce plan avec des moyens conséquents.
N.M.
Ce collectif, composé de particuliers issus de l’ensemble de la société insulaire et de nombreuses associations, œuvre, depuis six ans, pour la construction d’une société bilingue. Il agit concrètement en effectuant tout un panel d’actions diverses avec différents acteurs pour montrer que la langue corse peut occuper tous les domaines de la société. Des actions toutes simples pour faire parler la langue, comme, par exemple, les stondi qui sont des rencontres sur un thème précis, défini à l’avance, où seul le corse est parlé. Egalement des conférences-débats, des journées à thème avec des ateliers déclinés dans des secteurs variés : les entreprises, les professions comme pêcheur, boulanger, etc. Le Collectif travaille avec les musées, les Offices, le parc naturel, toutes sortes d’organismes... et propose des animations pour les enfants. Son objectif est de démontrer que les insulaires ont un réel engouement pour la langue corse et pour sa pratique de façon générale.
Une action revendicative
A côté de ces actions concrètes de promotion de la langue, Parlemu Corsu a engagé une action revendicative auprès des pouvoirs publics. Car la bonne volonté sur le terrain ne suffit pas face à l’ampleur de la tâche. Il revendique, donc, des mesures conséquentes pour aider et accompagner la volonté populaire. Ces revendications sont résumées en 16 points sur une pétition qui demande, non seulement la coofficialité avec un statut de la langue corse, mais aussi avec un contenu et des moyens. Le Collectif développe deux mesures phares. La première stipule l’immersion des enfants à l’école dans un bain total de la langue, au moins, au primaire pour un vrai apprentissage. Le but est qu’ils accèdent au secondaire dans un véritable bilinguisme. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. La seconde décline une formation obligatoire dans les entreprises, ainsi que d’autres idées pour créer un environnement plus favorable à l’apprentissage du corse. Ce programme, complet et ambitieux, demandant énormément de moyens humains et financiers et du temps, le Collectif, tout en insistant sur l’urgence à agir, veut faire prendre conscience de la nécessité d’accompagner ce plan avec des moyens conséquents.
N.M.