On n’a jamais autant parler corse dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse que ce premier jour de la session de février, après la divulgation, la veille du courrier du Préfet Lelarge dénonçant comme illégal, dans l’article 1 du nouveau règlement intérieur, le terme « peuple corse » et l’usage de la langue corse dans les débats. « Je voudrais remercier le Préfet et l’Etat de nous rappeler que l’on pouvait parler corse et écrire en corse dans l’hémicycle », lance Jean Biancucci, président du groupe Fa Populu Inseme. L’inscription « Tutti In carrughju », collée devant chaque place par le groupe Core in Fronte, est un pied de nez affiché à cette ultime attaque préfectorale qui n’apparaît, pour beaucoup, que comme un coup d’épée dans l’eau, tant elle n’empêchera strictement rien dans les faits : les Corses n’ont jamais attendu l’autorisation de l’Etat ou de son représentant pour se déclarer peuple ou parler leur langue. « Personne ne peut nous empêcher de parler corse », lance Paul Quastana, élu de Core in Fronte, in lingua nustrale, en guise de première salve. « Et si on devait aller au tribunal pour la défendre, nous irons au tribunal », en référence au recours gracieux du Préfet contre le règlement intérieur. Le ton devient très grave avec l’évocation du capitaine Bertolini « C’est un affront ! ». Et sur le maintien du statut de DPS pour le commando Erignac : « Les Français donnent des leçons de morale au monde, pourtant ils devraient s’inspirer des Anglais. L’Angleterre a été particulièrement dure avec l’IRA, mais, lors des accords de paix avec l’Irlande, elle a libéré les deux Irlandais qui ont tué Lord Mountbatten et son petits fils de 10 ans ». .
Maintenir la ligne
Le ton est tout aussi solennel chez le président du groupe, Paul-Félix Benedetti : « On ne peut pas accepter qu’un État, son président, ne respecte pas les Corses et la démocratie voulue par les Corses. Nous attendions un signe, le plus petit, mais même sur ça, ils cherchent les embrouilles ». Faisant le constat que « les discussions ne servent à rien », il interpelle ses collègues : « Qu’allons nous faire ? Nous avons la responsabilité de maintenir une ligne politique. Quand il n’y a plus de respect, de règles, plus rien, nous allons prouver qu’il y a toujours une lutte. Quand il y a une méchanceté en face, il faut porter un discours fort, une action forte ». Et de faire remarquer que « la préfectorale française a toujours été soumise au pouvoir français. Seul un homme a su dire non à l’Etat : il s’appelait Jean Moulin, mais ça a été le seul ». Le summum, pour lui aussi, c’est la décoration du chef de Francia : « C’est un signe, comme la présence du général Franceschi pour lui donner la décoration ». Pour lui, il faut changer la manière de faire. « Il faut être en capacité de faire bouger les choses, de s’adapter dans un rapport de force avec l’État qui nie les prérogatives de la Collectivité de Corse et la volonté du suffrage universel. C’est la volte face d’une France archaïque. On revient avant 1981. On sacralise la barbouzerie par la plus haute distinction française. Un préfet qui remet en question le partenariat bicéphale sur la gestion des fonds. Un préfet qui est aux ordres, qui fait du zèle manifeste. Quand il y a respect, on peut discuter et avancer. Un autre préfet arrive, il faudrait qu’il vienne ici nous lire sa lettre de mission. Sinon il ne faut pas l’accueillir ». Lui aussi s’interroge : « Un préfet pour deux mois, ça n’a pas de sens, ou alors il a une mission spéciale. Quelle est-elle ? Tous les traceurs semblent aujourd’hui à l’affrontement politique, il ne semble pas y avoir du respect, ni pour les Corses, ni pour les institutions de la Corse ». Dans ces conditions il appartient, estime-t-il, de se recentrer. Mais il renvoie aussi la balle dans le camp du président du Conseil exécutif, « chef d’une majorité étroite, de prendre acte qu’il s’est fait berner et et qu’il ne lui appartient de rassembler la majorité politique historique » et répondre « à ce déni de démocratie français par une démocratie corse avec la constituante patriotique où tous les courants seront représentés ».
Le ton est tout aussi solennel chez le président du groupe, Paul-Félix Benedetti : « On ne peut pas accepter qu’un État, son président, ne respecte pas les Corses et la démocratie voulue par les Corses. Nous attendions un signe, le plus petit, mais même sur ça, ils cherchent les embrouilles ». Faisant le constat que « les discussions ne servent à rien », il interpelle ses collègues : « Qu’allons nous faire ? Nous avons la responsabilité de maintenir une ligne politique. Quand il n’y a plus de respect, de règles, plus rien, nous allons prouver qu’il y a toujours une lutte. Quand il y a une méchanceté en face, il faut porter un discours fort, une action forte ». Et de faire remarquer que « la préfectorale française a toujours été soumise au pouvoir français. Seul un homme a su dire non à l’Etat : il s’appelait Jean Moulin, mais ça a été le seul ». Le summum, pour lui aussi, c’est la décoration du chef de Francia : « C’est un signe, comme la présence du général Franceschi pour lui donner la décoration ». Pour lui, il faut changer la manière de faire. « Il faut être en capacité de faire bouger les choses, de s’adapter dans un rapport de force avec l’État qui nie les prérogatives de la Collectivité de Corse et la volonté du suffrage universel. C’est la volte face d’une France archaïque. On revient avant 1981. On sacralise la barbouzerie par la plus haute distinction française. Un préfet qui remet en question le partenariat bicéphale sur la gestion des fonds. Un préfet qui est aux ordres, qui fait du zèle manifeste. Quand il y a respect, on peut discuter et avancer. Un autre préfet arrive, il faudrait qu’il vienne ici nous lire sa lettre de mission. Sinon il ne faut pas l’accueillir ». Lui aussi s’interroge : « Un préfet pour deux mois, ça n’a pas de sens, ou alors il a une mission spéciale. Quelle est-elle ? Tous les traceurs semblent aujourd’hui à l’affrontement politique, il ne semble pas y avoir du respect, ni pour les Corses, ni pour les institutions de la Corse ». Dans ces conditions il appartient, estime-t-il, de se recentrer. Mais il renvoie aussi la balle dans le camp du président du Conseil exécutif, « chef d’une majorité étroite, de prendre acte qu’il s’est fait berner et et qu’il ne lui appartient de rassembler la majorité politique historique » et répondre « à ce déni de démocratie français par une démocratie corse avec la constituante patriotique où tous les courants seront représentés ».
Une situation catastrophique
Le ton est, comme attendu, plus critique chez Jean-Christophe Angelini, président d’Avanzemu : « J’ai été frappé concernant les prisonniers par la rencontre avec les députés qui nous parlaient, étaient sincères et y croyaient vraiment. Sauf que dans la tribune qui a été publiée, je n’ai pas retrouver beaucoup de noms des députés qui étaient en face de moi. Ce qui me fait penser que l’Etat profond a beaucoup plus de poids que les convictions personnelles ». La grande difficulté, pour lui, « n’est pas de juger l’action et la responsabilité de l’actuel Exécutif de la CDC, le temps viendra », mais ajoute-t-il. « la situation est catastrophique. Ce qui est important, c’est qu’on essaye de développer une analyse commune de l’attitude de l’État et de la décision relative à Arritti, en passant par celle sur le règlement intérieur jusqu’au sort d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. On a bien un fil rouge qui, en tant que Nationaliste, même si nous sommes en désaccord avec l’actuelle majorité, nous inquiète fondamentalement ». Ensuite, il attire l’attention sur le fait que « depuis six ans que les Nationalistes sont aux responsabilités, cette attitude reste globalement la même. Elle l’a été lorsque nous étions unis de 2015 à 2021, elle n’a pas changé depuis que nous sommes divisés, il y a donc lieu aujourd’hui de l’analyser au fond ». Il avertit que « Certains nationalistes pointent du doigt la stratégie engagée en disant que nous étions plus forts politiquement dans les années 80 et 90, quand nous n’étions pas aux responsabilités qu’aujourd’hui. Donc, on le sent bien, il y a une tension qui monte et qui est de plus en plus vive ». S’il avoue ne pas avoir de réponse, il affirme une conviction : le dialogue. « Le président de l’Exécutif distingue les hommes de leurs fonctions avec un respect manifesté à l’endroit des hommes, j’aimerais tout simplement que ce même respect soit aussi pour les Nationalistes qui ne pensent pas comme la majorité. Dès lors qu’un désaccord constructif est manifesté, que ce ne soit pas par Médias interposés, par l’attaque personnelle ou la vindicte. Si on pose tous ces sujets-là sur la table, on aura un peu progressé ».
Le ton est, comme attendu, plus critique chez Jean-Christophe Angelini, président d’Avanzemu : « J’ai été frappé concernant les prisonniers par la rencontre avec les députés qui nous parlaient, étaient sincères et y croyaient vraiment. Sauf que dans la tribune qui a été publiée, je n’ai pas retrouver beaucoup de noms des députés qui étaient en face de moi. Ce qui me fait penser que l’Etat profond a beaucoup plus de poids que les convictions personnelles ». La grande difficulté, pour lui, « n’est pas de juger l’action et la responsabilité de l’actuel Exécutif de la CDC, le temps viendra », mais ajoute-t-il. « la situation est catastrophique. Ce qui est important, c’est qu’on essaye de développer une analyse commune de l’attitude de l’État et de la décision relative à Arritti, en passant par celle sur le règlement intérieur jusqu’au sort d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. On a bien un fil rouge qui, en tant que Nationaliste, même si nous sommes en désaccord avec l’actuelle majorité, nous inquiète fondamentalement ». Ensuite, il attire l’attention sur le fait que « depuis six ans que les Nationalistes sont aux responsabilités, cette attitude reste globalement la même. Elle l’a été lorsque nous étions unis de 2015 à 2021, elle n’a pas changé depuis que nous sommes divisés, il y a donc lieu aujourd’hui de l’analyser au fond ». Il avertit que « Certains nationalistes pointent du doigt la stratégie engagée en disant que nous étions plus forts politiquement dans les années 80 et 90, quand nous n’étions pas aux responsabilités qu’aujourd’hui. Donc, on le sent bien, il y a une tension qui monte et qui est de plus en plus vive ». S’il avoue ne pas avoir de réponse, il affirme une conviction : le dialogue. « Le président de l’Exécutif distingue les hommes de leurs fonctions avec un respect manifesté à l’endroit des hommes, j’aimerais tout simplement que ce même respect soit aussi pour les Nationalistes qui ne pensent pas comme la majorité. Dès lors qu’un désaccord constructif est manifesté, que ce ne soit pas par Médias interposés, par l’attaque personnelle ou la vindicte. Si on pose tous ces sujets-là sur la table, on aura un peu progressé ».
Marquer l’histoire
Le ton à droite est nettement plus léger et assumé par Jean-Martin Mondoloni, élu d’U Soffiu Novu : « Che l’affari sianu chiari per contu nostru, un c’è nimu chi da impedisci di parla corsu. Pour autant, sur la forme, vos interventions me laissent l’impression d’un monde parallèle alors que nous savons qu’il y a de dizaines de morts aux portes de l’Europe. Les mots ont un sens. Il faut porter la mesure des mots, or, vous faites preuve de démesure, y compris lorsque Monsieur le Président vous parlez de violence des actes dont nous serions la cible. Ça dure depuis des semaines. Aujourd’hui, c’est l’histoire d’un Préfet qui s’en va, qui est venu vous dire : « Je suis venu te dire que je m’en vais, comme dit si bien Verlaine, au vent mauvais ». Nous n’allons ni suffoquer, ni blêmir, ni sangloter ». Pour l’élu de droite, il faut remettre les choses à leur mesure : « Les préfets passent. Est-ce que l’un d’entre nous serait capable de citer plus de trois noms de préfets, sinon ceux qui nous ont marqué négativement ? En revanche, nous, nous restons. Les préfets ne sont pas là pour rentrer dans l’Histoire. Vous, Monsieur le président, vous avez l’opportunité de le faire. On ne marque pas l’Histoire en se dressant contre des préfets. On marque l’Histoire en se dressant contre des dragons, en l’occurrence, pour vous, c’est l’État. Ça ne se fait pas de n’importe quelle forme. On marque l’Histoire, en érigeant des cathédrales, en l’occurrence des collèges, des lycées, des routes… ». Lui aussi questionne sur la méthode : « Il n’est pas question de courber l’échine, ni de déclarer la guerre. Entre les deux, le temps n’est-il pas venu, parce que les vents sont mauvais, de définir une méthode ? Vous aviez comme formule électorale « le droit de rêver et d’agir ». Vous avez le droit de rêver, mais on a le devoir d’agir ». Et de proposer : « Engageons une méthode de négociation que nous souhaitons avoir en partage pour qu’après les élections, on puisse ouvrir de nouveaux horizons. Ce qu’il se passe n’est bon pour personne, ni pour l’État, ni pour la Corse. La question c’est qu’un quart de la population insulaire est en cours de paupérisation. La question n’est pas de savoir si on va avoir une évolution institutionnelle, mais si on répond prioritairement aux besoins des Corses en termes d’emplois, de logements... Notre ligne directrice est très simple, la Corse n’a pas besoin de moins ou de plus de République, mais de mieux de République ».
N.M.
Le ton à droite est nettement plus léger et assumé par Jean-Martin Mondoloni, élu d’U Soffiu Novu : « Che l’affari sianu chiari per contu nostru, un c’è nimu chi da impedisci di parla corsu. Pour autant, sur la forme, vos interventions me laissent l’impression d’un monde parallèle alors que nous savons qu’il y a de dizaines de morts aux portes de l’Europe. Les mots ont un sens. Il faut porter la mesure des mots, or, vous faites preuve de démesure, y compris lorsque Monsieur le Président vous parlez de violence des actes dont nous serions la cible. Ça dure depuis des semaines. Aujourd’hui, c’est l’histoire d’un Préfet qui s’en va, qui est venu vous dire : « Je suis venu te dire que je m’en vais, comme dit si bien Verlaine, au vent mauvais ». Nous n’allons ni suffoquer, ni blêmir, ni sangloter ». Pour l’élu de droite, il faut remettre les choses à leur mesure : « Les préfets passent. Est-ce que l’un d’entre nous serait capable de citer plus de trois noms de préfets, sinon ceux qui nous ont marqué négativement ? En revanche, nous, nous restons. Les préfets ne sont pas là pour rentrer dans l’Histoire. Vous, Monsieur le président, vous avez l’opportunité de le faire. On ne marque pas l’Histoire en se dressant contre des préfets. On marque l’Histoire en se dressant contre des dragons, en l’occurrence, pour vous, c’est l’État. Ça ne se fait pas de n’importe quelle forme. On marque l’Histoire, en érigeant des cathédrales, en l’occurrence des collèges, des lycées, des routes… ». Lui aussi questionne sur la méthode : « Il n’est pas question de courber l’échine, ni de déclarer la guerre. Entre les deux, le temps n’est-il pas venu, parce que les vents sont mauvais, de définir une méthode ? Vous aviez comme formule électorale « le droit de rêver et d’agir ». Vous avez le droit de rêver, mais on a le devoir d’agir ». Et de proposer : « Engageons une méthode de négociation que nous souhaitons avoir en partage pour qu’après les élections, on puisse ouvrir de nouveaux horizons. Ce qu’il se passe n’est bon pour personne, ni pour l’État, ni pour la Corse. La question c’est qu’un quart de la population insulaire est en cours de paupérisation. La question n’est pas de savoir si on va avoir une évolution institutionnelle, mais si on répond prioritairement aux besoins des Corses en termes d’emplois, de logements... Notre ligne directrice est très simple, la Corse n’a pas besoin de moins ou de plus de République, mais de mieux de République ».
N.M.