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Pendant qu'à Paris, un gouvernement tente d'émerger, le groupe LIOT a discuté avec des maires corses


le Jeudi 19 Septembre 2024 à 20:44

Huit élus du groupe parlementaire LIOT (Libertés indépendants, outre-mer et territoires) sont en Corse depuis quelques jours. Après la Guadeloupe l’an dernier, c’est notre île qu’ils ont choisie cette année pour préparer leur rentrée parlementaire, à l’invitation des deux députés insulaires étiquetés LIOT, Michel Castellani et Paul-André Colombani. Durant leur journée de jeudi, en partie passée en mairie annexe de Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio, le président du groupe LIOT a eu quelques contacts avec Matignon, qui s’employait au même moment à former un gouvernement.



Ce jeudi 19 septembre, huit députés du groupe LIOT ont préparé leur rentrée parlementaire à Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio.
Ce jeudi 19 septembre, huit députés du groupe LIOT ont préparé leur rentrée parlementaire à Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio.
S’ils sont en Corse, ils ne peuvent être à Paris. La Palice n’aurait pas dit mieux, et c’est ce que Stéphane Lenormand, député de Saint-Pierre-et-Miquelon et président du groupe LIOT, a fait savoir au cabinet de Michel Barnier, quand il a appris ce jeudi, en fin de matinée, que le Premier Ministre souhaitait convier à Matignon plusieurs groupes parlementaires, dont le sien, à une réunion censée être décisive dans la formation d’un gouvernement. « On a demandé à être présents en visio, ça nous a été refusé », glisse le député de Saint-Pierre-et-Miquelon. « Mais en principe, le Premier Ministre doit m’appeler avant la réunion », rapporte l’élu qui n’est malgré tout pas si mécontent d’être en Corse : « Notre groupe a un ADN qui fait qu’on est très porté sur les territoires ruraux. Et surtout, on en a un peu marre de Paris. Et puis Paris c’est pas la France ! Nous, on porte ce message de décentralisation, qui est selon nous le meilleur moyen de répondre aux inquiétudes de nos concitoyens. » 


L'indivision, "une plaie" aussi en Guadeloupe

Arrive 15 heures, l’heure de la réunion à Matignon, et Stéphane Lenormand n’a pas décroché son téléphone. Son entourage nous fait savoir qu’à sa connaissance, le Premier Ministre n’a pas cherché à le joindre. Le député de Saint-Pierre-et-Miquelon est attablé dans la salle de réunion de la mairie de Sainte-Lucie. S’il ne s’est pas éclipsé pour prendre Michel Barnier au téléphone, il n’a pas perdu son temps pour autant, discutant depuis plus d’une heure avec quelques maires corses, comme celui de Zonza Sainte-Lucie Nicolas Cucchi, ou celui de Cozzano, Jean-Jacques Ciccolini. Une poignée de maires invités par le député Paul-André Colombani à échanger autour de problématiques bien connues des Corses, tels que la hausse du prix du foncier ou les blocages qui découlent de l’indivision. Des problématiques qui parlent aux députés LIOT : « L’indivision est une plaie chez nous », confirme le député guadeloupéen Olivier Serva. « On partage beaucoup de choses avec les députés insulaires, souligne Paul-André Colombani. Le pouvoir d’achat par exemple, est l’une de nos priorités. Et quand vous voyez ce qu’il se passe en Martinique aujourd’hui (des émeutes contre la vie chère), ça veut dire qu’on a raison d’aller sur ce sujet-là. Les mécanismes qui entraînent une vie chère en Martinique, malheureusement on les retrouve chez nous aussi. Il y a certaines situations de monopoles dans la distribution, dans l’essence… » 

Stéphane Lenormand a gardé son téléphone bien proche de lui, au cas où le Premier Ministre tenterait de le joindre.
Stéphane Lenormand a gardé son téléphone bien proche de lui, au cas où le Premier Ministre tenterait de le joindre.
"Déconnecté des réalités"

Stéphane Lenormand apprécie ces temps d’échanges avec des élus de terrain : « C’est important d’échanger avec eux parce qu’ils ont des problèmes au quotidien. Il faut que l’Assemblée nationale écoute leurs messages. Or parfois, il y a à l’Assemblée nationale des discussions qui sont déconnectées des réalités que connaissent les collectivités. » En plus des maires, les huit députés du groupe LIOT présents en Corse (sur les 22 à l’Assemblée nationale) devaient rencontrer d’autres acteurs du tissu local corse, comme le président de la Chambre d’agriculture, le directeur de la réserve naturelle de Bonifacio et aussi des socioprofessionnels.  

La dissolution de l’Assemblée nationale a eu pour conséquence de stopper tous les processus parlementaires qui étaient engagés, dont le projet de CHU en Corse, qui avait pourtant recueilli l’unanimité de la commission des affaires sociales au printemps . « C’est mon cheval de bataille. Je vais redéposer la version qui avait été votée à l’unanimité », ne lâche pas Paul-André Colombani. Le principal dossier, « c’est bien évidemment pour nous la question de l’autonomie, replace le député de Corse-du-Sud. Donc on va faire des pieds et des mains pour le remettre au coeur du débat car on ne peut pas s’asseoir sur deux ans de discussions. Aujourd’hui, malheureusement, ça ne dépend pas de nous, ça dépend de ce qui se passe à Paris et je ne sais déjà pas comment on va finir ne serait-ce que cette journée... » Selon nos informations, à 19 heures Stéphane Lenormand ne s’était toujours pas entretenu au téléphone avec Michel Barnier. En revanche, le Premier Ministre rencontrait Emmanuel Macron pour lui proposer un gouvernement.