Corse Net Infos - Pure player corse

Petru-Antò Negroni, berger connecté : « Ce métier, c'est tout notre patrimoine culturel »


Michela Vanti le Lundi 10 Février 2025 à 11:50

Il y a deux ans, Petru-Antò Negroni, berger à Pietralba, a pris son téléphone et s'est lancé sur les réseaux sociaux. Depuis, plusieurs milliers d'abonnés suivent chaque jour son quotidien au cœur de la vie pastorale corse. Entre passion héritée, transmission et authenticité, il raconte à CNI son parcours



À 28 ans, Petru-Antò Negroni perpétue un savoir-faire ancestral. Son arrière-grand-père et son frère étaient bergers, et il a toujours su qu’il suivrait leurs traces. « C’est ma passion depuis que je suis petit. J’ai toujours traîné près des chèvres et des brebis. Ce n’est pas vraiment une vocation, je pense plutôt que c’est dans mes gènes », confie-t-il. Dans son village du Niolu, ce sont les bergers qui lui ont transmis leur savoir-faire.

Ce métier, il le considère comme l’un des symboles de l’âme corse. « C’est tout notre patrimoine culturel. À l’époque, il y avait des bergers dans de nombreuses familles corses. C’est pourquoi il est si important pour nous, et qu’il est nécessaire de le protéger ».

Mais que reste-t-il aujourd’hui de cette image du berger solitaire, perdu au milieu des montagnes ? « Un peu des deux ! », répond-il en souriant. « C’est vrai qu’on passe beaucoup de temps avec nos bêtes, mais on trouve toujours du temps pour voir nos proches. » Si son quotidien est bien ancré dans la tradition, il intègre parfois quelques outils modernes. « Ce qui m’intéresse justement, c’est d’utiliser les mêmes gestes que les anciens. Bien sûr, il y a un peu de modernisme, mais toujours en respectant leur savoir-faire. Par exemple, on utilise de temps en temps une machine à traire, mais sinon, tout est fait à la main, comme la fabrication des fromages ».

C’est cette réalité qu’il partage depuis deux ans sur TikTok et Instagram. « Je voulais montrer la vie pastorale aux gens, qu’ils soient de Corse ou d’ailleurs. L’idée, c’était de faire découvrir notre patrimoine, l’élevage de chèvres corses en montagne, la fabrication des fromages... Montrer le plus de choses possibles ». Pour cela, pas de mise en scène. « Je ne prépare aucune vidéo. Je prends mon téléphone, je filme, et je mets en ligne. C’est assez naturel ».

Le succès est immédiat. Aujourd’hui, ils sont plusieurs milliers à le suivre quotidiennement. « J’ai eu beaucoup de messages de personnes qui ne connaissaient pas le métier et qui l’ont découvert à travers mes vidéos. Mais aussi de personnes qui le connaissent. Beaucoup de Corses me suivent, qu’ils soient bergers ou non. Ils m’encouragent, me soutiennent, toujours avec beaucoup de bienveillance ».

Au fil des vidéos, il a conscience d’apporter un regard nouveau sur ce métier. « Je pense que ce serait plus à ceux qui me regardent de le dire, mais d’une certaine manière, oui. Je le vois à travers les commentaires bienveillants. Je pense aussi que ça peut aider à faire naître des vocations chez les plus jeunes. Ce n’est pas un métier facile, mais quand on est passionné, on peut se lancer ».