- Philippe Colombani, vous êtes président de l'UNIC et avez décidé pour la première fois de l'organisation d'un congrès des auto-écoles en Corse. Pourquoi ce choix ?
- Tout d’abord, je tiens à préciser que ce choix fut acté en Bureau de notre Syndicat, il y a 2 ans. Toutefois, avec la crise sanitaire nous avons été dans l’obligation de différer cet événement.
Il s’agit du XVe Congrès de l’UNIC. Chaque année, nous allons à la rencontre de nos collègues sur l’ensemble du territoire. Venir en Corse, était, pour nous, une évidence malgré les difficultés rencontrées : temps de trajet, surcoût de transports, crise sanitaire…Notre Congrès se veut aussi un temps à la découverte des territoires. A ce titre, plusieurs producteurs insulaires rejoignent notre Evénement afin de faire découvrir à nos adhérents et sympathisants les produits phares de l’île tel que le vin ou la charcuterie.
- C'est une première ?
-Effectivement, il s’agit d’une première pour la profession. C’est la première fois qu’un événement rassemblant des exploitants d’écoles de conduite venus de toute la France ainsi que nos fournisseurs est organisé ici. Il y avait là une injustice à réparer.
- Votre profession se retrouve souvent entre le marteau de l'Etat et l'enclume des éléves et parents d'élèves, notamment sur la question du coût du permis. Pourriez-vous nous éclairer à ce sujet ?
- Votre description correspond assez bien à ce que nous vivons au quotidien. La question du prix du permis de conduire demeure un sujet politique et médiatiquement sensible.
En effet, le permis est un outil d’insertion sociale fort pour les jeunes ainsi qu’une clé majeure pour l’intégration au marché du travail. Pour certains non-diplômés, il s’agit du seul moyen d’avoir accès à un emploi.
Je tiens à préciser que 60% du coût du permis est constitué de taxes et prélèvements obligatoires directement affectés à l’Etat.
Depuis plusieurs décennies, un permis B correspond plus ou moins à 1 SMIC. Ce qui démontre la stabilité du prix du permis.
Reconnaissons que pour certaines familles en situation financière précaire ou pour les familles nombreuses cela représente un coût indéniable.
Il n’en demeure pas moins que dans le secteur de l’automobile, il s’agit du coût horaire le moins cher. Prenez une heure de garagiste, cela vous coûtera plus cher qu’une heure de conduite.
De même, une leçon de conduite vaut moins cher que certains loisirs.
Enfin, je tiens à battre en brèche une fake news très répandue. Les moniteurs et exploitants d’écoles de conduite ne s’enrichissent pas sur le dos des élèves. Le revenu moyen d’un patron d’auto-école étant de 1800€ net par mois pour 220 heures de travail.
- Un exemple en Corse ?
- Prenons le cas d’une auto-école de Balagne devant amener un élève à Bastia, à Corte ou à Ghisunaccia pour le passage de l’examen (cela arrive pour le permis moto par exemple), cela induit des coûts supplémentaires d’essence, de présence d’un moniteur liés à l’accompagnement du candidat. Or ces frais sont réglementés par l’administration sans concertation avec les professionnels et sans tenir compte des réalités du terrain… Il y a là une faute majeure des services de l’Etat qui prennent des décisions technocratiques loin de la vie réelle.
Le Général de Gaulle lorsqu’il a créé la TVA, avait décidé qu’elle ne s’appliquerait pas pour les auto-écoles parce que le permis s’adresse aux jeunes.
Force est de constater que l’ensemble de la classe politique jusqu’à ce jour a oublié d’honorer cette décision en augmentant de facto le prix du permis de 20%.
- Alors quelles seraient vos propositions pour baisser le coût du permis ?
- Il y a de notre point de vue 2 solutions.
La première augmenter le nombre d’inspecteurs du permis de conduire. Selon nos analyses, il manque, en France, 150 inspecteurs. Ce sont des fonctionnaires de catégorie A. Cela a donc un coût pour les finances publiques.
Le problème est donc bien une organisation de l’Etat et de ses services. L’équation est simple, plus il y aura de places d’examen, plus les délais seront raccourcis, plus le flux des élèves sera fluide moins le permis coûtera.
L’organisation d’un Congrès doit être aussi l’occasion de faire émerger de nouvelles idées et de s’adresser directement aux pouvoirs publics.
A ce titre, la présence du député Michel Castellani et du maire de Bastia, Pierre Savelli sont pour nous de réelles marques d’attention à l’égard de notre profession que nous espérons voir consolider dans un dialogue constant.