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Pollution des villes portuaires : Qualitair Corse lance de nouveaux projets pour réduire les émissions des navires


Francesca-Orsula Angelini le Samedi 6 Juillet 2024 à 17:32

Face à l'augmentation de la pollution due à l'intensification du trafic maritime estival, Qualitair Corse s'engage dans de nouveaux projets pour améliorer la qualité de l'air autour des villes portuaires de l'île.



Ajaccio. Photo archives CNI
Ajaccio. Photo archives CNI

Au départ des bateaux, une épaisse fumée noire s’échappe des cheminées et se disperse autour du port. Très polluante, cette émission peut être régulée. C’est le fer de lance de Qualit’air Corse, qui depuis plus de 15 ans, accompagne l’ensemble des compagnies maritimes et des institutions publiques, afin d’agir sur la pollution des villes portuaires. L’association s’est engagée dans de nombreux projets pour surveiller les seuils réglementaires des polluants, améliorer les connaissances et analyser les solutions ainsi que leur mise en œuvre. Six stations fixes sont présentes entre Bastia et Ajaccio, et plus de 100 capteurs et préleveurs sont disséminés dans les grandes villes portuaires de Corse telles qu’Ajaccio, Bastia, Bonifacio, Île-Rousse, Porto-Vecchio et Propriano.

Ces ports accueillent régulièrement des bateaux de croisières, souvent caractérisés comme de grands pollueurs. Qualitair Corse s’est rapproché des professionnels du secteur et de la Direction interrégionale méditerranée des Affaires maritimes de l’État, afin de mettre en place des actions pour améliorer la qualité de l’air insulaire. "Nous voudrions que la Charte des croisières soit appliquée en Corse, les croisiéristes devraient alors s’engager à adopter des actions environnementales." explique  Jean-Luc Savelli, directeur de l’agence, qui souhaite une collaboration avec ces différents acteurs.

Des mesures innovantes 

Concernant les croisières, des associations environnementales avaient préconisé la mesure de la teneur en soufre des échappements des navires par drone, à Marseille. Cette action a été réalisée en deux volets en 2021. Le premier niveau a été opéré par ATMO Sud, dans le cadre d’un programme de recherche. Puis, les Affaires Maritimes ont évalué des mesures par drones, plus officielles, lors de campagnes ciblées. Qualitair Corse souhaite que l’île bénéficie de cette méthode de mesure. L’utilisation de ces appareils serait très utile, d’autant plus que l’île va entrer, en 2025, dans la zone SECA Med, dite aire à « faibles émissions ». Ainsi, les bateaux devront utiliser un autre combustible qui ne rejettera que 0,1% de soufre contre 0,5% habituellement. À cette occasion, les délégations maritimes de l’État vont organiser des mesures tests dans la ville Phocéenne. Mais Jean-Luc Savelli ne veut pas laisser la Corse en dehors de cette évaluation : « Nous leur avons précisé qu’il serait intéressant de le faire à Ajaccio. L’idée est de réaliser ponctuellement des campagnes de contrôles via les drones qui permettent de vérifier la teneur en soufre des carburants et voir s’ils sont conformes à la réglementation ».

L’évolution technologique comme solution

Les bateaux polluent durant leur navigation, mais aussi lors de leurs phases de manœuvres – phases d’entrée et de sortie du port – qui émettent une grande quantité de pollution sur une courte période. La réduction d’émissions dans cette phase est un objectif. Pour ce faire, Jean-Luc Savelli préconise d’utiliser des énergies plus propres : « Nous souhaitons travailler avec des carburants à faible pollution et peut-être avoir un jour des technologies hybrides qui permettraient de faire des manœuvres sur de l’électrique ! ». Ce mode d’utilisation hybride est utilisé dans les régions sauvages des fjords, en Norvège, qui s’érige en parfait exemple à suivre. Le directeur de Qualit’air pense également à retravailler les filtres des navires pour retenir encore plus la pollution. Sur le quai, des changements sont en gestation. « Il faudrait mettre en place des raccordements électriques qui supprimeraient toutes les émissions, cela serait une solution idéale et très intéressante », souligne Savelli. Même si la production de l’électricité insulaire est assurée en grande partie par les centrales du Vazzio et de Lucciana, d’autres moyens durables sont également à disposition pour rendre les démarches de Qualitair encore plus vertes.