Concurrence des emplois d’avenir, revirements des décisions gouvernementales sur l’allocation d’aide aux employeurs d’apprentis, mépris de l’éducation nationale qui le voit comme une « voie de garage », l’apprentissage est considéré comme souffrant. Pourtant, des études ont montré que les apprentis s’insèrent mieux que les jeunes issus de la voie scolaire, et ce, malgré la crise économique. Loin d’une filière à l’image surannée, l’apprentissage semble aujourd’hui jalonner des parcours de réussite. C’est le cas en Haute-Corse où 70% des diplômés trouvent un emploi après leur sortie d’un centre de formation d’apprentis. « Le but de cette Journée Portes Ouvertes est de créer le désir de s’intéresser à un métier afin de s’insérer professionnellement » explique Xavier Luciani, directeur du CFA de Haute Corse. Et d’ajouter « Il faut accrocher les jeunes, leur ouvrir les yeux et l’esprit, piquer leur curiosité ». Une curiosité de mise ce mardi au CFA de Haute-Corse, où ils étaient une centaine de visiteurs à déambuler dans les espaces de découverte à la recherche d’un métier et d’un savoir-faire susceptibles d’influencer leurs futurs choix professionnels.
Autour de l’atelier coutellerie, les yeux s’ébahissent et les lèvres frémissent. Marché de niche, la filière semble enthousiasmer les badauds, ce qui réjouit Jean-Dominique Susini, président du syndicat régional des couteliers corses « Nous souhaitons apporter notre pierre à l’édifice dans une démarche de renouveau des vocations et donner le goût du travail aux jeunes. Mais pour travailler, il faut être bien formé ». Ce focus sur les métiers d’Art « vulgarise » des facettes de l’artisanat parfois mal appréhendés. Des métiers qui requièrent des compétences intellectuelles souvent occultées « Il y a un aspect intellectuel aux métiers manuels mais personne n’en parle » souligne le coutelier installé à Ville-Di-Pietrabugno.
En tout, les 4 CFA de Haute-Corse forment chaque année pas loin de 800 apprentis pour un budget de 5 millions d’euros dont 55% est apporté par la CTC et 11% par la Taxe d’apprentissage. Des apprentis regroupés autour de 5 grands pôles d’expertise : bâtiment et travaux publics, automobile, métiers de bouche, soins et santé, gestion et commerce. Pour Xavier Luciani, la formation insulaire mérite un traitement particulier autre que national et selon lui, « la collectivité unique devrait recentrer les moyens » dans une région où se côtoient 8 CFA. De son côté, la responsable du service d’apprentissage de la CCI de Haute-Corse, Martine Castellani, pointe du doigt une bonne mouvance régionale et un nombre de contrats d’apprentissage signés plus que satisfaisant.
L’apprentissage continue d’apporter une réponse aux besoins et aux attentes de jeunes auxquels la réponse scolaire ne suffit plus.