Porto-Vecchio : une nouvelle ère pour la Maison des Adolescents

- L'assemblée générale qui va se dérouler lundi va constituer un moment charnière pour la maison des ados pour quelles raisons ?

- Cette première assemblée générale est l’aboutissement d’une année de travail pour rebâtir complètement le dispositif Maison des Adolescents Sud Corse que cela soit d’un point de vue administratif mais aussi dans le travail qu’elle déploiera auprès des jeunes. Cette restructuration nous donne l’occasion de faire grandir une structure qui a su faire ses preuves en local au cours des 10 dernières années, mais qui a aujourd’hui l’opportunité de devenir un pôle majeur dans le paysage de la santé et de la jeunesse du Sud Corse.  Fin 2020 nous avons opté pour un nouveau mode de portage administratif avec la création d’un GIP (Groupement d’Intérêt Public) afin de rassembler sous une seule et même bannière un conseil d’administration au fonctionnement et aux objectifs clairs et définis.


- Quels seront les changements majeurs ?

- Le premier changement et non des moindres est un engagement concernant notre déploiement sur le territoire. L’embryon de la MDA actuelle a été pour la première fois imaginé en 2009 lors de la Charte territoriale de la cohésion de l’arrondissement de Sartène. Il est temps aujourd’hui de se donner les moyens de nos ambitions et d’étendre le dispositif sur le Sartenais Valinco, les terres de l’Alta Rocca, ainsi que sur la commune de Bonifacio. L’objectif est de ne laisser aucune zone blanche et de penser nos interventions sur-mesure en fonction de ces territoires pour respecter cet engagement. L’arrivée d’une toute nouvelle équipe nous permettra de développer nos activités que cela soit sur le territoire ou au sein de la maison mère de Porto-Vecchio. Médecin généraliste, pédopsychiatre, psychologue, infirmier, éducateur spécialisé et juriste constitueront une équipe socle qui pourra s’étoffer avec le temps.

- Cela ouvre donc de nouvelles perspectives ?

- Il y a tant à faire en termes d'’accompagnement jeunesse que les chantiers ne manquent pas. Santé sexuelle et éducation à la sexualité, santé mentale, prévention autour des violences subies ou initiées, addictions, harcèlement et réseau sociaux. Cette MDA nouvelle génération permettra, je l’espère, de repenser nos missions de prévention sous un jour moderne et innovant. Il me semble aujourd’hui capital de remettre les jeunes au centre de toutes les attentions, dans une dynamique de cocréation : par les jeunes, pour les jeunes. Ils sont, après tout, les mieux placés pour nous guider sur leurs besoins et leurs préoccupations. L’accueil libre de la Maison des Adolescents Sud Corse sera donc un lieu refuge, une proposition d’animation menée par des professionnels, mais aussi un laboratoire à projets initiés par les adolescents eux-mêmes. Nous soutiendrons leurs initiatives, en encourageant par la même occasion le renforcement du lien social. Aujourd’hui la jeunesse corse veut être actrice. La MDA peut être un catalyseur en ce qui concerne la question de leur santé.


- Avec l'implication de partenaires majeurs ?

- Certains partenaires sont présents à nos côtés depuis le début de l’aventure. L’ARS de Corse, la commune de Porto-Vecchio, le Rectorat, la Collectivité de Corse, la PJJ et le centre Hospitalier de Castelluccio. Plus récemment la CPAM et la Fondation Mutuelle de Corse ont souhaité se joindre à la nouvelle mouture du projet. D’autres établissements tels que la Mission Locale Sud Corse, le CDAD2A, l’association Addictions France ou encore le CPEF de Porto-Vecchio constituent pour nous des relais privilégiés et nous partageons tous quelques brins d’ADN en commun. 
 
- Quels sont, désormais, vos objectifs ?

- Développer davantage, encore, l’aspect partenarial me semble capital notamment dans la perspective de notre extension sur le territoire. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons prendre soin des jeunes efficacement. Sensibiliser le grand public et notamment les parents à ces questions à travers des temps dédiés ou des conférences. Des statistiques datant des années pré-covid non indiquent que 10 à 15% des adolescents et jeunes adultes rencontrent des difficultés significatives d’ordre psychique, familial ou scolaire nécessitant un étayage extérieur. Plus parlant encore, entre 16 et 25 ans ce sont 15 à 17% des jeunes qui connaitront un épisode dépressif. Il est encore trop tôt pour quantifier toutes les répercussions de la crise sanitaire sur la santé des jeunes. Mais nous avons cependant constaté de manière unanime une augmentation et une aggravation des situations de mal-être chez les ados depuis l’automne 2020. Ecouter, aider, fluidifier le parcours soin et « mieux être » pour chaque jeune restera notre objectif principal.