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"Prévenir plutôt que guérir" : David Istria nouveau président du tribunal de commerce d'Ajaccio, mise sur l’accompagnement des entrepreneurs


MP le Mercredi 15 Janvier 2025 à 19:24

À l’occasion de la rentrée solennelle du tribunal de commerce d’Ajaccio qui avait lieu ce mercredi après-midi, le nouveau président de l’institution a pris officiellement ses fonctions. David Istria, concessionnaire automobile de 55 ans, a en effet été élu à l’unanimité de ses pairs le 4 octobre dernier. Juge consulaire depuis 14 ans, celui qui occupait depuis 4 ans le rôle de vice-président entend s’inscrire dans la lignée de son prédécesseur, Frédéric Benetti, et insiste sur le rôle essentiel du tribunal de commerce pour soutenir les enteprises en difficulté.



David Istria a officiellement pris ses fonctions de président du tribunal de commerce d'Ajaccio ce 15 janvier (Photos : Paule Santoni)
David Istria a officiellement pris ses fonctions de président du tribunal de commerce d'Ajaccio ce 15 janvier (Photos : Paule Santoni)
- Vous avez officiellement été installé dans votre nouvelle fonction de président du tribunal de commerce d’Ajaccio ce mercredi après-midi. Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’aube de ce mandat ?
- Je souhaite rester dans la continuité de mon prédécesseur, mais je veux améliorer certains domaines, ce qui est normal c’est comme quand un nouveau chef d’entreprise reprend une affaire.
 
- Quelle sera votre feuille de route ?
- Ma priorité absolue pour ce mandat sera d’aller voir l’ensemble des institutionnels et des organismes, que ce soit la préfecture, l’Ursaaf, la DGFIP, la chambre de commerce, les experts comptables, les avocats pour trouver des solutions pour essayer d’accompagner les entreprises qui sont en difficulté. 
 
- Dans votre discours, lors de la rentrée solennelle de ce mercredi, vous avez aussi tenu à insister sur le caractère essentiel de la prévention et de la détection des entreprises en difficulté…
- Oui, la prévention et la détection des entreprises en difficulté feront partis des axes majeurs de mon mandat. La détection vise déjà à savoir qui sont les entreprises qui sont en difficulté. Ce sont des informations qui peuvent ressortir par le biais des conventions établies avec des institutionnels. Il y a aussi une cellule de détection qui va être renforcée au tribunal de commerce. 
 
- Dans ce droit fil, vous incitez les entrepreneurs qui commencent à expérimenter des difficultés à se tourner vers le tribunal de commerce ?
- Oui. Il faut dédramatiser le tribunal de commerce : nous sommes là pour aider les entrepreneurs, il faut qu’ils viennent nous voir sans attendre d’être vraiment en difficulté. Un entretien n’arrête aucune décision de justice. Il n’y a pas de sanction au bout. Nous sommes là pour accompagner et aider ces entrepreneurs. Ce que je propose c’est d’inciter les entrepreneurs à venir nous voir, car un des rôles du tribunal de commerce est de faire de la prévention et de voir comment on peut accompagner une entreprise. C’est strictement confidentiel et gratuit. Il faut que les entrepreneurs prennent conscience que ces accompagnements peuvent leur permettre de se restructurer juridiquement et économiquement. Et si cela peut sauver des emplois et maintenir l’économie corse à un niveau acceptable, on fera toujours en sorte de les accompagner. 
 

- Quel bilan tirez-vous de l’année 2024 ?
On a eu un maintien des procédures collectives, mais on ne sent pas une catastrophe pour l’instant. Il faut rappeler qu’on a 27 500 inscriptions au RCS, ce qui est tout de même assez significatif pour le département de la Corse-du-Sud. C’est un chiffre  à ramener au nombre d’ouverture de redressement judiciaire. Sur les cinq dernières années, il y a tout de même eu 5500 inscriptions d’entreprises effectuées. C’est assez important, et on a donc un bassin économique qui est assez soutenu. Et il est normal que dans le nombre, surtout avec la période Covid que l’on a connu, que des entreprises aient arrêté leur activité. 
 
- Des secteurs, au premier rang desquels le BTP, ont toutefois connu de grandes difficultés lors de l’année écoulée … 
- On a en effet des entreprises du BTP qui sont en effet en grande difficulté car il y a un problème de demande. Les taux d’intérêt sont élevés, les permis sont compliqués à obtenir, et les collectivités ont diminué leurs investissements. 
 
- De nouvelles mesures seront-elles mises en place pour mieux accompagner ces entreprises en difficulté ?
- La préfecture a invité l’ensemble des socio-professionnels et des institutionnels à mettre en place une cellule économique pour soutenir le monde économique corse. J’espère que de nouvelles mesures en ressortiront. Le tourisme, notamment, reste l’activité la plus importante. Il faut l’accompagner et le soutenir. J’espère qu’on arrivera dans ce secteur d’activité, comme dans tous les autres, à trouver des solutions pour pouvoir accompagner les entreprises.