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Projet d’extraction de nickel dans le Cap Corse : l’Exécutif rappelle ses réserves avant une rencontre avec Aurania


Léana Serve le Samedi 1 Février 2025 à 09:08

Lors de la session du jeudi 30 janvier à l’Assemblée de Corse, la conseillère territoriale de Core in Fronte, Serena Battestini, a interpellé l’Exécutif sur un projet d’extraction du nickel sur les plages d’Albu et de Nonza, porté par une société canadienne. Un projet jugé spéculatif et menaçant pour l’environnement, sur lequel des réserves ont déjà été émises.



Archive CNI - Sébastien Giambernardi
Archive CNI - Sébastien Giambernardi

C’est un projet d’exploitation qui fait débat. À l'occasion de la séance de questions orales de la session de ce jeudi 30 janvier à l’Assemblée de Corse, Serena Battestini, la conseillère territoriale de Core in Fronte, a interrogé l'Exécutif sur l’exploitation du nickel sur les plages d’Albu et Nonza, dans le Cap Corse. “C’est une société canadienne, immatriculée aux Bermudes, dénommée Aurania qui envisage cette action”, rappelle-t-elle. “Son président, Keith Barron, souhaite exploiter, pendant 10 ans, les minerais se trouvant, en particulier, sur la plage et sur les fonds marins de la plage de Nonza, liés à l’exploitation ancienne de la mine d’amiante de Canari [...]. Aurania envisage d’enlever puis traiter les galets, le gravier et le sable de Nonza afin d’en extraire le nickel, où le taux peut atteindre 50 voire 70 %. M. Barron chiffre les dépenses d’investissement à 13 millions d’euros et les gains minimaux à 10 millions d’euros par an pour une durée de 10 ans. Il considère la plage de Nonza comme l’un des 20 sites les plus prolifiques du monde.”

Précisant que “dans toutes ces interventions, aucune référence n’est faite à la protection environnementale, au devenir des sites et des populations”, et “qu'aucune indication ne concerne des retombées économiques et un intérêt industriel direct pour la Corse”, elle indique que son groupe “refuse sa logique mercantile”. “Nous ne sommes pas dans la loi de la jungle ni dans un remake de la ruée vers l’or en Californie au XIXe siècle. Par le passé, à l’Argentella ou contre les boues rouges, les Corses ont su se lever contre les atteintes environnementales et humaines qui les menaçaient. Nous refusons de subir des desseins qui inévitablement risquent de participer aux dérives mafieuses que subit notre pays.” Serena Battestini a ainsi demandé à l’Exécutif : “S’il s’avère que le projet de M. Barron soit purement spéculatif comme cela semble être le cas, pour alimenter l’industrie du fer ou automobile, serez-vous à nos côtés, avec d’autres, pour dénoncer cette situation faite à la Corse ?”


“Porter la voix des réserves du Conseil Exécutif”

En réponse, Guy Armanet, président de l’Office de l’Environnement de la Corse, a tenu à rappeler la position adoptée par l’institution sur le projet d’extraction de nickel dans le Cap Corse. “Une approche unanime a été consolidée sur les bancs de notre Assemblée, via la motion proposée par le groupe Fà Populu Inseme lors de la séance du 29 novembre 2024”, a-t-il souligné en préambule.

Il a précisé que l’Office de l’Environnement avait alerté l’État et la Direction de la Mer et du Littoral de Corse “bien avant le 30 et le 31 octobre, dates où les lanceurs d’alerte ont révélé publiquement l’existence de ce projet.” Dès le mois d’octobre, après avoir pris connaissance de cette initiative portée par la société Corsica Ressources, il dit avoir organisé une réunion avec la Direction de la Mer et du Littoral afin “d’appeler la vigilance des services de l’État et d’exprimer toutes [ses] réserves sur cette opération.”

L’élu a insisté sur les conditions strictes encadrant toute exploitation de ressources naturelles en Corse : “Un projet de cette envergure ne peut être mené sans concertation avec les élus du territoire concerné et toutes les institutions compétentes. Il doit respecter rigoureusement les normes environnementales, évaluer l’ensemble des risques sanitaires pour garantir la protection des populations et servir l’intérêt de la Corse avant toute autre logique économique.”

Guy Armanet a également annoncé qu’une rencontre était prévue avec la société Aurania Resources. “M. Jan-Pol Pallier, vice-président exploration d’Aurania, a demandé audience auprès de l’Office de l’Environnement de la Corse. J’aurai donc l’occasion de le rencontrer et de lui faire part directement des réserves du Conseil Exécutif ainsi que des garanties attendues par l’Assemblée de Corse concernant ce projet d’extraction de nickel dans le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate.”

Enfin, il a conclu en réaffirmant l’engagement des institutions corses contre toute spéculation ou dérive : “Nous travaillons, aux côtés de nos partenaires, à l’élaboration d’outils concrets pour lutter contre ces phénomènes. Cette volonté se traduit notamment par le Schéma Territorial des Espaces Naturels Sensibles de Corse 2025-2034, qui sera présenté à l’Assemblée au cours de cette session et qui vise à protéger notre patrimoine naturel en le soustrayant à la spéculation immobilière.”