Il va sans dire que tous les territoires se trouvent affectés par une perte d’équilibre et de vitalité, ce qui va obliger les élus de l’Assemblée de Corse à se prononcer sur ce budget primitif 20125 qui, pour palier à la dégradation du contexte économique, se veut malgré tout ambitieux avec une augmentation de 0,15% !
Ce n’est peut-être pas ce que pensait Jean Biancucci de Femu à Corsica il y a quelques temps, au moment des discussions sur les orientations budgétaires. On se rappelle de ses propos, notamment lorsqu’il déclarait : « Force est de constater que nous avons loupé le coche et nous sommes à la remorque et si cela continue bientôt nous aurons, pour employer une image, les huissiers à la porte. In fatti, semi d'una certa manera, si po dí, curnuti è bastunati ! Le résultat est que les prochains gestionnaires, à partir de 2016, auront des difficultés en nombre. … »
L’urgence sociale, l’avenir et les efforts…
« C’est un budget qui vise à répondre concrètement à l’urgence sociale » rappelle Paul Giacobbi qui précise : « En soutenant les entreprises mais aussi la formation des jeunes, des femmes et des hommes, une démarche prospective est engagée, se préparant aux rebonds nécessaires au retour à la croissance. La participation active au soutien de l’activité par l’investissement public est aussi privilégiée. »
En ce qui concerne l’avenir, le président de l’Exécutif se veut ambitieux : « Il se dessine une volonté affirmée de poursuivre les investissements : Une mesure qui s’articule autour de plusieurs domaines, dans diverses compétences et au travers de nombreux projets qui portera les gisements de productivité et les nouveaux relais de croissance. Les secteurs de la recherche, de l’enseignement supérieur, de l’énergie et du développement durables sont évidemment en figure de proue des orientations définies. »
Autre sujet d’optimisme, les efforts seront maintenus au titre des politiques ne relevant pas des compétences dites « obligatoires » avec le but bien précis de valoriser l’ensemble du territoire dans sa diversité et d’améliorer les conditions de vie de la population.
Gel de la pression fiscale
Pour être efficace, la stratégie implique une forte valorisation des partenariats. Toutefois, dans l’attente d’une nouvelle loi de décentralisation, il appartient à la CTC de jouer son rôle d’acteur majeur et de rassembleur : « Le développement des partenariats vertueux permettra de démultiplier les effets de levier de tous euros investis » a rappelé en outre Paul Giacobbi qui a également précisé que « L’efficacité passe aussi par une diminution de 1,48% des dépenses réelles ventilées de fonctionnement et un effort de gestion demandé aux agences et offices puisque leur dotation de fonctionnement est réduite de 2,60%. Il faut savoir que l’option d’un gel de la pression fiscale est proposée. Et ce, quelle que soit la forme qu’elle revêt et un taux d’autofinancement des investissements supérieurs à 10% en augmentation de 9,37%.
Dans un contexte fortement contraint par la crise économique et par la baisse des dotations de l’Etat, le cap doit être maintenu. Un cap qui n’a d’autres visées que de tendre vers des actions dont les bénéfices profiteront à la Corse. »
Comme nous le soulignions plus haut, le budget 2015 de la CTC se veut résolument offensif et en mouvement car il doit traduire les actions portées par la CTC : « Une volonté forte de dynamiser l’économie, de défendre l’emploi et d’assurer l’aménagement durable de tous les territoires, le tout, dans une situation financière confortée par l’organisme extérieur de la CTC puisqu’il est spécifié que la situation est « correcte ». Preuve que toutes les actions ont toujours été menées à bon escient ! »
"Faire des efforts sur nous même"
- Dans la mesure où il faut faire attention et économiser, sur quoi vont porter les efforts ?
- D’abord sur nous même, c'est-à-dire si nous voulons maintenir l’investissement, si nous voulons maintenir cet effort particulièrement indispensable à cause du PEI, il faut faire des efforts sur nous même. Aide-toi, le ciel t’aidera. Nous prévoyons une section de fonctionnement qui va diminuer légèrement, de 1,5 % environ, cela demande un effort supplémentaire. Le personnel est une charge importante mais assez limitée pour la CTC. Les dépenses globales s’élèvent à 25% des dépenses de fonctionnement, cela signifie qu’il n’y a aucune création de poste, avec un contrôle fixe pour les agences et offices. On essaie ensuite de regarder toutes les possibilités de dépenses de manière à maintenir les dépenses sans les augmenter.
- En matière d’investissement, vous parlez de 220 millions d’euros, d’où proviennent-ils ?
- Par rapport à la période précédente, nous avons investi un peu plus d’un milliard d’euros et on a emprunté 300 millions, avec des emprunts qui parfois pouvaient poser problème. Aujourd’hui, en comptant l’année 2015, j’aurai emprunté sous mon Exécutif, 70 millions d’euros et réalisé un milliard d’euros d’investissement, ce qui signifie que nous avons dépensé très peu sur l’emprunt et beaucoup sur le reste. Le reste c’est l’excédent de la section de fonctionnement, c’est aussi bénéficier au maximum de ce que l’Etat nous accorde dans le cadre du PEI mais aussi l’Europe dans le cadre du Feder et également l’Etat dans le cadre du contrat Etat/région.
La SNCM aussi…
Au terme de la conférence de presse, Paul Giacobbi est revenu sur la situation très préoccupante à la SNCM. Avant la manifestation de vendredi qui se tiendra devant les grilles de la préfecture de région et de l’Assemblée de Corse (Front de gauche et CGT) le président de l’Exécutif reste dans l’attente d’une réponse formelle de la part du ministre des Transports. Celui-ci en effet devrait se prononcer ce mercredi sur la situation exacte qui règne dans l’entreprise et sur la question de la transmissibilité de la Délégation de Service Public. Rappelons que Paul Giacobbi a affirmé à plusieurs reprises que celle-ci était possible, mais il semble bien que la position du ministre diffère quelque peu de sa position. Dans l’attente d’obtenir plus de précisions, Paul Giacobbi a réaffirmé ce qu’il pense de cette question : « oui, cette délégation est bien transmissible » a- t-il conclu.
J. F.