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Qui sont ces 2 candidats RN, récemment arrivés en Corse, qui bousculent les députés sortants ?


le Mercredi 3 Juillet 2024 à 19:03

Dimanche, le Rassemblement national a qualifié ses quatre candidats pour le second tour des élections législatives en Corse. Si Sylvie Jouart-Fernandez s’est désistée lundi, ils sont encore trois à pouvoir être élus députés : François Filoni dans la 2e circonscription de la Corse du Sud, Ariane Quarena-Natali dans la 1re de Corse du Sud et Jean-Michel Marchal dans la 1re de Haute-Corse. Si François Filoni est Corse et bien connu des électeurs, ce n’est pas le cas d’Ariane Quarena-Natali et de Jean-Michel Marchal, venus du Continent s’installer récemment en Corse. Ils ont accepté de nous en dire plus sur eux.



Leur parcours de vie

Âgée de 66 ans, Ariane Quarena-Natali a grandi en région parisienne. Son père est né en France de parents italiens. « C’est la crise économique en Italie durant l’entre-deux guerres qui  a fait partir mes grands-parents », précise-t-elle. Après la guerre, le papa d’Ariane Quarena-Natali a été amené à choisir entre « faire son service militaire en France ou en Italie, et il a choisi de le faire en France ».  Demain, si le Rassemblement national est au pouvoir et supprime le droit du sol comme il le prévoit dans son programme, Ariane Quarena-Natali suggère aux nouveaux arrivants qui souhaiteraient devenir français de faire une demande de naturalisation : « Car avant d’avoir des droits, ils ont des devoirs, notamment ceux de participer à l’effort national. » Pour prétendre à la nationalité française, ces étrangers devront « avoir travaillé en France, et y être entré légalement ». Sous quel statut ? Ariane Quarena-Natali botte en touche : « Je ne suis pas rentrée dans tous ces détails. »

Jean-Michel Marchal a 65 ans, il est né et a grandi dans la région Champagne-Ardennes « jusqu’à mes 20 ans ». Parti faire des études d’ingénieur à Lyon, il s’y installe et rencontre son épouse, de laquelle il divorcera. Après son divorce, il quitte Lyon, direction Marseille : « Je rêvais de m’installer dans le sud. » Jean-Michel Marchal vit neuf ans à Marseille, y poursuivant sa carrière d’ingénieur dans l’industrie thermique et nucléaire.

Leur parcours politique

En candidatant aux élections législatives, Ariane Quarena-Natali effectue ses débuts en politique. « J’ai toujours été de droite, ma famille était gaulliste. J’ai été encartée au RPR et j’ai soutenu Nicolas Sarkozy. Mais depuis, la France part en vrille. J’ai rejoint le Rassemblement national, car aujourd’hui, c’est la nouvelle droite. Ce parti représente les idées que j’ai toujours eues, c’est-à-dire la nation d’abord. » Une fois en Corse, elle souhaite aller plus loin dans son implication politique : « J’ai pris contact auprès des responsables du RN, François Filoni et Nathaly Antona. » 

C’est à Marseille que Jean-Michel Marchal a débuté en politique. C’était en 2014, le Rassemblement national s’appelait Front national et Jean-Michel Marchal était candidat en 27e position sur la liste Bleu Marine de Stéphane Ravier dans le 7e secteur de Marseille. Stéphane Ravier est élu maire et Jean-Michel Marchal  conseiller municipal. Il le restera jusqu’à la fin du mandat. En 2020, Stéphane Ravier est battu. Jean-Michel Marchal part s’installer en Corse. « J’apprécie la Corse et c’est pour ça que j’ai eu envie de m’investir pour régler les problèmes de la Corse. »


Leur rapport à la Corse

Il est affectif : Ariane Quarena-Natali a rencontré un commerçant corse en région parisienne, qui deviendra son mari. La Corse ? « J’étais déjà venue en vacances quand j’étais adolescente, j’avais trouvé l’île magnifique. Puis j’y suis retournée très régulièrement en vacances avec mon mari. Sa famille avait un appartement à Ajaccio, mais son grand-père était d’Aullène. » Après avoir été jeune fille au pair aux Etats-Unis, Ariane Quarena travaille au service clientèle d’American Express, avant de se consacrer à l'éducation de ses trois enfants en tant que mère au foyer. « Et il y a cinq ans, je me suis installée avec mon mari en Corse à Ajaccio, car c’était son désir d’y vivre à la retraite. »

La Corse, Jean-Michel Marchal dit y être venu aussi par amour : « Je vis avec une Corse d’origine. De souche. Nous nous sommes rencontrés près de Marseille. Nous vivons depuis 2020 à Lucciana, la ville de ma compagne. » Jean-Michel Marchal ajoute qu’il a « des personnes corses d’origine dans (s)on arbre généalogique ». On lui demande de préciser : « Du côté de ma mère, par le nom de mon arrière-grand-mère qui était de Ghisoni. » Désormais retraité, Jean-Michel Marchal vit en Corse depuis quatre ans : « Je me sens chez moi en Corse, j’aime sa culture, la façon de vivre des gens, qui sont plus respectueux ici que sur le Continent. Et puis la nature est si belle ici. On ne peut pas ne pas l’aimer, la Corse ! »

Leur vision pour la Corse

Selon Ariane Quarena-Natali, « la Corse court le même danger qui a déjà atteint le Continent. Pour le moment, ça passe encore, mais il commence à y avoir du trafic de drogue dans les rues », affirme la candidate. Et le grand banditisme, le voit-elle aussi comme un danger ? « Certainement. » Pour le combattre, elle préconise « de renforcer la police et la justice au niveau national ». Si elle est élue, Ariane Quarena-Natali n’envisage pas de poursuivre le travail engagé jusqu’à maintenant par les parlementaires corses sur le processus d’autonomie de l’île : « Nous ne sommes pas pour. Nous souhaitons une Corse souveraine, avec une décentralisation certes, mais dans une France souveraine. » L’enseignement de la langue corse à l’école ? « Je trouve ça très intéressant, mais le français doit rester la langue à enseigner en priorité. C’est d’abord aux parents et aux grands-parents de transmettre le corse aux enfants. » Ariane Quarena-Natali liste les maux dont souffre selon elle la Corse : « La ressource en eau, les déchets et les prix des transports pour le Continent. » Elle souhaite aussi « promouvoir les chants corses, car on est envahi par la musique américaine ».

« Des barrages à Olivesi et Cavu » pour préserver la ressource en eau, c’est la proposition de Jean-Michel Marchal, qu’il reprend sur le programme commun élaboré par François Filoni, le chef de file du RN en Corse. Candidat en Haute-Corse, Jean-Michel Marchal trouve qu’il y a « beaucoup de pauvreté » dans l’île. Comment compte-t-il s’y attaquer ? « On va proposer des solutions. » Nous lui demandons lesquelles : « Il faudra qu’on regarde dans le détail, mais ça concernera l’amélioration du pouvoir d’achat et la baisse des taxes sur les produits énergétiques pour faire baisser le coût du carburant. » Concernant la problématique de l’immobilier en Corse, Jean-Michel Marchal regrette « que les Corses soient obligés de vendre leurs biens à des étrangers, car ils paient beaucoup trop de charges sur les droits de succession. » En ce qui concerne le processus d’autonomie de la Corse, Jean-Michel Marchal déclare : « On ne le poursuivra certainement pas tel qu’il est engagé. » Comment alors ? « On va prendre des mesures pour aider la Corse en fonction de ses particularités. » Lesquelles ? « On doit en rediscuter avec François (Filoni) et vous pourrez me requestionner là-dessus. » Sur la question de l’insécurité, « la Corse a le même problème que sur le Continent, estime Jean-Michel Marchal. Il y a un problème d’immigration. Il faut privilégier les Corses et défendre la Corse. »

Ils l’affirment : « On connaît la Corse »

Selon leurs adversaires politiques, Ariane Quarena-Natali et Jean-Michel Marchal ne connaîtraient pas suffisamment la Corse et les Corses pour pouvoir la défendre, compte tenu notamment de leur installation récente dans l’île. Ariane Quarena-Natali s’inscrit en faux : « Il y a des gens qui vivent ici depuis toujours et qui pourtant ne s’occupent pas des autres. Il n’y a pas besoin d’être né en Corse et de la connaître par coeur pour pouvoir se battre pour elle. La Corse est ma région, je finirai ma vie ici, même si on ne veut pas de moi. »

« Les problèmes de la Corse, je les connais, soutient de son côté Jean-Michel Marchal. Et ce que je souhaite, c’est la défendre au sein de la République française. Pas besoin pour ça d’y être né, on doit s’adapter à notre lieu de vie. »