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Réforme de l’audiovisuel public : en Corse aussi les syndicats vent debout contre le projet de holding de Rachida Dati


le Lundi 31 Mars 2025 à 17:15

Les syndicats de France Télévisions, Radio France et l’INA ont lancé un appel à la grève de deux jours en ce début de semaine, afin de protester contre la réforme de l’audiovisuel public. Alors que le texte visant à créer une holding exécutive commune sera présenté à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale ce mardi, les antennes de Ici RCFM et France 3 Corse Via Stella sont notamment perturbées.



« Dangereux, mensonger et dispendieux ». C’est en ces termes que le Syndicat National des Journalistes (SNJ) de Radio France qualifie le projet de réforme de l’audiovisuel public voulu par le Gouvernement. Un texte qui sera examiné par  la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale  ce texte mardi, face auquel l’ensemble des syndicats des trois entreprises de l’audiovisuel public - Radio France, France Télévisions et l’INA - ont lancé un appel à la grève en ce début de semaine. En Corse, les antennes de RCFM et Via Stella sont d’ailleurs fortement dégradées ces lundi et mardi. 
 
Avec ce mouvement, les salariés entendent dénoncer ce projet porté par Rachida Dati, la ministre de la Culture, qui vise à rassembler à compter du 1er janvier 2026 les trois entreprises de l’audiovisuel public au sein d’une holding exécutive, France Médias, avec une présidence commune. Dans l’édition du quotidien Le Parisien de ce lundi, Rachida Dati affirme que « cette holding exécutive tient compte des nombreuses consultations des syndicats et des collectifs de journalistes ». « On a entendu ce qu’ils nous ont dit, mais chacun sait que cette réforme est indispensable », appuie-t-elle en expliquant que l’objectif est de regrouper les différentes branches de l’audiovisuel public pour le préserver face à « un contexte concurrentiel avec des groupes privés très structurés ». Une vision de la chose biaisée pour les syndicats. La CFDT parle ainsi d’un « acte politique », quand le SNJ tance « une opération de destruction ». « Les salariés de l’audiovisuel public sont majoritairement contre cette réforme. Nous faisons des métiers différents, donc cela ne peut pas fonctionner », souligne de son côté Marion Galland, journaliste à Ici RCFM et représentante syndicale du SNJ. 
 
Plusieurs sources d’inquiétude animent en effet les syndicats, à commencer par l’aspect financier. Si l’étude d’impact du ministère de la Culture estime que la mise en place de la holding aurait « un coût zéro », les syndicats craignent ainsi que cette opération n’atteigne plusieurs millions d’euros chaque année, représentant autant de ressources prises sur le budget des filiales. « Nous avons peur des conséquences que cela pourrait représenter pour l’avenir, et pour les postes dans les différentes entreprises », insiste Marion Galland en notant par ailleurs : « Si nous avons une direction commune, nous aurons aussi une enveloppe commune. Or, le budget de la télévision est quatre fois plus élevé que celui de la radio. Nous avons toujours été le parent pauvre dans le service public, mais si on fusionne la radio va perdre énormément. Financièrement, on craint que la radio paye le prix fort ». 
 
En outre, alors qu’il existe aujourd’hui 12 locales télé pour 44 locales radio, les syndicats mettent en exergue que cette opération reviendrait à fusionner des organisations territoriales qui n’ont parfois rien à voir. « La petite chance que nous avons en Corse c’est que la radio et la télévision sont sur un même territoire. Mais si la fusion va à son terme, au niveau national, il va y avoir des regroupements qui vont parfois concerner des locales distantes de 500 km », constate la représentante syndicale du SNJ à Ici RCFM. 

« Et puis nous avons peur pour nos métiers », ajoute-t-elle encore en déroulant : « Si l’on fusionne les rédactions, une équipe télé va partir faire un reportage et va donner le son à la radio. Or, d’une part un reportage télé ne se fait pas comme un reportage radio, et d’autre part chaque journaliste a sa façon d’aborder un sujet. Il faut penser au public. Si on va au terme de la fusion, il n’y aurait plus de pluralité de médias, mais en plus la spécificité de nos métiers va se perdre ».
 
Pour les syndicats il ne fait donc guère de doute que cette holding voulue par le Gouvernement ne peut pas fonctionner. D’où ce large appel à la grève, amené à se répéter en fonction de l’évolution du texte. « Ce n’est pas la radio qui est contre la télé, ou la télé contre la radio. Nous voulons juste pouvoir faire notre travail et pouvoir garantir une pluralité de l’information au public et surtout avoir financièrement des moyens qui nous permettent de faire de l’information de qualité », glisse encore Marion Galland.