Jérémy Decerle et Josy-Anne Leccia ont animé un débat sur la PAC à l'hôtel Chez Walter de Lucciana ce mercredi 2 février. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Dans le hall de l’hôtel Chez Walter à Lucciana, Josy-Anne Leccia, fait les cent pas ce mercredi 2 février. Entre deux coups de coudes en guise de bonjour et quelques échanges avec les adhérents corses, la présidente par intérim de la branche insulaire de l’association Renaissance Européenne jette quelques coups d’œil en direction de l’entrée. Elle attend l’eurodéputé Jérémy Decerle. Cet agriculteur de Saône-et-Loire impliqué en politique, membre de Renaissance Européenne, est en Corse pour la journée. Il vient échanger avec les agriculteurs autour de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) adoptée par le Parlement Européen le 23 novembre dernier.
Mais pour Josy-Anne Leccia, la venue de cet invité de marque est aussi et surtout le moyen de mettre en lumière le mouvement politique pro-européen né en août 2019, en marge des élections européennes.
« Remettre l’Europe au centre de l’intérêt des citoyens »
Sur le site internet de l’association, l’affiche de campagne et son slogan « Changer l’Europe pour faire avancer la France » partage la une avec le président de la République Emmanuel Macron au Parlement européen. Si le mouvement est né de sa volonté de « donner corps au concept de souveraineté européenne », pour Josy-Anne Leccia, « Renaissance Européenne n’est pas La République En Marche. C’est beaucoup plus large et ça intègre d’autres mouvements politiques et des personnes encartées dans aucun parti ». Pour étayer son propos, elle met en avant son parcours. « J’ai toujours été abstentionniste sauf pour les Européennes. Quand j’ai entendu le discours d’Emmanuel Macron en 2017 à la Sorbonne j’ai été séduite et je me suis engagée pour une Europe plus sociale », raconte-t-elle.
Comme pour près de 6 500 adhérents en France, une trentaine sur l’île, l’ambition est affichée et assumée : « nous voulons remettre l’Europe au centre de l’intérêt des citoyens ». Notamment en Corse où le président de la branche insulaire, l’ancien recteur de Corse Michel Barat, et elle s’attèlent « à faire connaître l’Europe et sa proximité avec l’île ». Tâche ardue si l’on s’en réfère au peu d’intérêt en Corse pour les élections européennes de 2019. Le taux d’abstention s’élevait alors à 61,87 %. Renaissance Européenne se plaçait à la troisième place du classement, derrière la liste écologique de Yannick Jadot, avec 15,04 % des votes, soit 12 921 bulletins, presque deux fois moins que la liste soutenue par Marine Le Pen, « Prenez le pouvoir » qui avait totalisé 28,01 % des voix et remportait les élections européennes en Corse.
Mais Josy-Anne Leccia en est convaincue, l’Europe a toute sa place en Corse. « Elle est un interlocuteur primordial sur l’île mais pas au détriment de l’Etat. Les deux se complètent », juge-t-elle.
Jérémy Decerle est enfin arrivé. « C’est la première fois que je le rencontre », avoue Josy-Anne Leccia. L’eurodéputé s’apprête à animer un débat ouvert à tous pour parler « agriculture mais pas que. Les questions européennes seront aussi au centre des débats », conclut-il avant de rejoindre la salle de conférence de l’hôtel.
Mais pour Josy-Anne Leccia, la venue de cet invité de marque est aussi et surtout le moyen de mettre en lumière le mouvement politique pro-européen né en août 2019, en marge des élections européennes.
« Remettre l’Europe au centre de l’intérêt des citoyens »
Sur le site internet de l’association, l’affiche de campagne et son slogan « Changer l’Europe pour faire avancer la France » partage la une avec le président de la République Emmanuel Macron au Parlement européen. Si le mouvement est né de sa volonté de « donner corps au concept de souveraineté européenne », pour Josy-Anne Leccia, « Renaissance Européenne n’est pas La République En Marche. C’est beaucoup plus large et ça intègre d’autres mouvements politiques et des personnes encartées dans aucun parti ». Pour étayer son propos, elle met en avant son parcours. « J’ai toujours été abstentionniste sauf pour les Européennes. Quand j’ai entendu le discours d’Emmanuel Macron en 2017 à la Sorbonne j’ai été séduite et je me suis engagée pour une Europe plus sociale », raconte-t-elle.
Comme pour près de 6 500 adhérents en France, une trentaine sur l’île, l’ambition est affichée et assumée : « nous voulons remettre l’Europe au centre de l’intérêt des citoyens ». Notamment en Corse où le président de la branche insulaire, l’ancien recteur de Corse Michel Barat, et elle s’attèlent « à faire connaître l’Europe et sa proximité avec l’île ». Tâche ardue si l’on s’en réfère au peu d’intérêt en Corse pour les élections européennes de 2019. Le taux d’abstention s’élevait alors à 61,87 %. Renaissance Européenne se plaçait à la troisième place du classement, derrière la liste écologique de Yannick Jadot, avec 15,04 % des votes, soit 12 921 bulletins, presque deux fois moins que la liste soutenue par Marine Le Pen, « Prenez le pouvoir » qui avait totalisé 28,01 % des voix et remportait les élections européennes en Corse.
Mais Josy-Anne Leccia en est convaincue, l’Europe a toute sa place en Corse. « Elle est un interlocuteur primordial sur l’île mais pas au détriment de l’Etat. Les deux se complètent », juge-t-elle.
Jérémy Decerle est enfin arrivé. « C’est la première fois que je le rencontre », avoue Josy-Anne Leccia. L’eurodéputé s’apprête à animer un débat ouvert à tous pour parler « agriculture mais pas que. Les questions européennes seront aussi au centre des débats », conclut-il avant de rejoindre la salle de conférence de l’hôtel.
Trois questions à Jérémy Decerle, eurodéputé de la liste Renaissance Européenne
Le député européen continue sa tournée des régions de France avec un objectif bien précis. Cet agriculteur de métier vient pour débattre autour de la question de nouvelle PAC 2021-2027 et répondre aux questions des agriculteurs insulaires la concernant. Il a répondu aux questions de Corse Net Infos et expose sa vision pour la Corse.
- Ce débat n’aurait-il pas dû avoir lieu avant le vote de la PAC pour comprendre les attentes des agriculteurs ?
- Je pense qu’il a eu lieu. Nous avons rencontré des professionnels dans toute la France pendant ces négociations. Bien sûr le ministre et les différentes administrations décentralisées se sont aussi entretenus avec la profession. Nous avons encore un an avant la mise en œuvre de la PAC pour ressentir comment c’est perçu. Quelles sont les attentes ? Mais bien sûr, le travail a été fait avant pour construire la PAC. Aujourd’hui c’est plus une explication qu’une récolte de ressenti pour savoir si ce que nous avons voté est bien ou mal. Malgré toutes les attentes des uns et des autres on négocie cette politique agricole avec les 27 états membres et les spécificités des uns et des autres peuvent parfois être malmenées ou remises en cause. Je viens surtout expliquer nos choix et comment on peut faire en sorte que cette PAC se mette en œuvre le mieux possible.
- En Corse, la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats des Exploitants Agricoles) de Haute-Corse pointait du doigt dès avril 2021 cette nouvelle PAC. Selon ses calculs, la baisse de moitié de l’enveloppe destinée aux Aides aux Bovins Allaitant (ABA) allait impacter la filière bovine à hauteur de 2,5 millions d’euros de pertes annuelles. Qu’avez-vous à dire à ces éleveurs ?
- Je suis assez surpris car j’ai rencontré les agriculteurs aujourd’hui et ils ne m’en ont pas parlé. Peut-être que dans les premières moutures de la PAC c’était ça mais aujourd’hui non. En tout cas j’espère qu’ils me l’auraient dit. Ce que souhaite la profession corse est d’être accompagnée comme il se doit et que l’aide publique de la PAC en Corse puisse ne pas diminuer sur l’enveloppe globale. Pour le coup, aucun éleveur rencontré ne m’a parlé de diminution. Ils souhaitent également avoir un accompagnement spécifique lié à leurs contraintes propres, leurs systèmes d’exploitation spécifiques, la diversité de leurs productions. Elles méritent d’avoir des dispositifs adaptés. Il faut des aides couplées à la production, des aides à la structuration de filières adaptées aux contraintes notamment en matière de transport des animaux.
Lire aussi : PAC 2021-2027 : 2,5 millions de pertes sèches pour la filière bovine corse
- Pour vous qui êtes également agriculteur en Saône-et-Loire, cette PAC a-t-elle réellement pris le temps d’étudier les spécificités de chaque région ou répond-elle à des enjeux plus macro-économiques ?
- Cette réforme a essayé de trouver le bon équilibre entre ambition environnementale en cohérence avec les attentes sociétales tout en étant adaptée à la production agricole et à ses spécificités. Sans doute qu’il en manque mais elle propose un catalogue assez large pour qu’un grand nombre d’agriculteurs puisse être accompagné dans leurs performances environnementales. Et nous avons réussi à lier ça avec une dimension économique pas trop bousculée, sans prendre de virage à 180 degrés. Ce dont nous avons besoin dans les prochaines PAC c’est d’apporter quelque chose de plus visionnaire avec une meilleure lisibilité. Cette réforme fait des avancées raisonnables et adaptées. La prochaine devra aller encore plus loin et être plus robuste.
- Ce débat n’aurait-il pas dû avoir lieu avant le vote de la PAC pour comprendre les attentes des agriculteurs ?
- Je pense qu’il a eu lieu. Nous avons rencontré des professionnels dans toute la France pendant ces négociations. Bien sûr le ministre et les différentes administrations décentralisées se sont aussi entretenus avec la profession. Nous avons encore un an avant la mise en œuvre de la PAC pour ressentir comment c’est perçu. Quelles sont les attentes ? Mais bien sûr, le travail a été fait avant pour construire la PAC. Aujourd’hui c’est plus une explication qu’une récolte de ressenti pour savoir si ce que nous avons voté est bien ou mal. Malgré toutes les attentes des uns et des autres on négocie cette politique agricole avec les 27 états membres et les spécificités des uns et des autres peuvent parfois être malmenées ou remises en cause. Je viens surtout expliquer nos choix et comment on peut faire en sorte que cette PAC se mette en œuvre le mieux possible.
- En Corse, la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats des Exploitants Agricoles) de Haute-Corse pointait du doigt dès avril 2021 cette nouvelle PAC. Selon ses calculs, la baisse de moitié de l’enveloppe destinée aux Aides aux Bovins Allaitant (ABA) allait impacter la filière bovine à hauteur de 2,5 millions d’euros de pertes annuelles. Qu’avez-vous à dire à ces éleveurs ?
- Je suis assez surpris car j’ai rencontré les agriculteurs aujourd’hui et ils ne m’en ont pas parlé. Peut-être que dans les premières moutures de la PAC c’était ça mais aujourd’hui non. En tout cas j’espère qu’ils me l’auraient dit. Ce que souhaite la profession corse est d’être accompagnée comme il se doit et que l’aide publique de la PAC en Corse puisse ne pas diminuer sur l’enveloppe globale. Pour le coup, aucun éleveur rencontré ne m’a parlé de diminution. Ils souhaitent également avoir un accompagnement spécifique lié à leurs contraintes propres, leurs systèmes d’exploitation spécifiques, la diversité de leurs productions. Elles méritent d’avoir des dispositifs adaptés. Il faut des aides couplées à la production, des aides à la structuration de filières adaptées aux contraintes notamment en matière de transport des animaux.
Lire aussi : PAC 2021-2027 : 2,5 millions de pertes sèches pour la filière bovine corse
- Pour vous qui êtes également agriculteur en Saône-et-Loire, cette PAC a-t-elle réellement pris le temps d’étudier les spécificités de chaque région ou répond-elle à des enjeux plus macro-économiques ?
- Cette réforme a essayé de trouver le bon équilibre entre ambition environnementale en cohérence avec les attentes sociétales tout en étant adaptée à la production agricole et à ses spécificités. Sans doute qu’il en manque mais elle propose un catalogue assez large pour qu’un grand nombre d’agriculteurs puisse être accompagné dans leurs performances environnementales. Et nous avons réussi à lier ça avec une dimension économique pas trop bousculée, sans prendre de virage à 180 degrés. Ce dont nous avons besoin dans les prochaines PAC c’est d’apporter quelque chose de plus visionnaire avec une meilleure lisibilité. Cette réforme fait des avancées raisonnables et adaptées. La prochaine devra aller encore plus loin et être plus robuste.