L’église de Sant’Andria di Boziu, édifiée en 1721 et dédiée à Saint-André, est l’une des plus grandes fiertés de la région. Connue sous le nom de cathédrale du Boziu, elle est inscrite aux Monuments Historiques depuis 1993 et figure également au patrimoine mondial de l’UNESCO. Sa silhouette majestueuse, visible depuis la majorité des villages alentours, est encore plus saisissante la nuit grâce à un éclairage particulier qui en souligne la beauté, y compris depuis Corte.
La commune de Sant’Andria di Boziu, constituée de quatre hameaux – A Rebbia, Arbitru, Piedilacorte et U Poghju – est la plus vaste de l'ancienne Pieve du Boziu, s'étendant sur 2400 hectares. Ces hameaux étaient autrefois des entités séparées avant leur fusion en 1857. La région était densément peuplée, et les habitants de Rebbia étaient connus sous le nom des Sgiò du canton, une appellation qui suggère des liens avec les familles nobles Cortinchi et Matra, qui ont longtemps dominé la région.
L’édification de l’église de Saint-André, sous l’impulsion de la famille Matra, une dynastie puissante ayant régné sur le territoire du XIIIe au XVe siècle, relève à la fois de la politique et de la religion. Gabriel Ottaviani, guide-conférencier, précise que "la construction de cette église a permis de déplacer le pouvoir de l’ancienne église de Sermanu vers Sant’Andria di Boziu." L'église, perchée à 870 mètres d'altitude, offrait ainsi une visibilité stratégique, affirmant l'influence des Matra sur un territoire étendu. Le clocher, culminant à 37 mètres (près de 40 mètres avec la croix), se classe parmi les plus hauts de l'île, juste après celui de La Porta.
L’intérieur de l’église offre un décor unique mêlant baroque religieux et influences plus résidentielles, avec des détails décoratifs comme des rideaux et des vases placés de manière inattendue. Ce lieu de culte ne se contente pas d'être le centre spirituel du Boziu, il a aussi joué un rôle central dans les affaires religieuses et sociales de la vallée voisine de Rogna. Son imposant volume et sa position dominante lui ont valu le titre de cathédrale.
Au XIXe siècle, l’église a subi d’importantes restaurations, suivies récemment par un chantier de conservation qui s’est étendu sur 14 ans. Grâce à l’association de sauvegarde fondée par les paroissiens et aux dons privés, les travaux ont respecté les principes de l’architecture baroque tout en modernisant les installations électriques, à l’intérieur comme à l’extérieur, afin de mettre en valeur l’édifice. Deux œuvres majeures, classées au patrimoine mondial de l'UNESCO, décorent l’église : une Crucifixion peinte en 1661 par Marco Antonio Santis et une statue en bois du Christ en croix, datant du XVIe siècle.
Toujours un lieu de culte vivant, l’église de Sant’Andria di Boziu est un lieu de rassemblement pour les habitants, qui continuent de s’y retrouver pour les messes, notamment lors de la messe de Noël, et participent à la préservation de cet héritage historique.