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Saveriu Luciani : « Pour une agrégation de langue corse au service de la politique linguistique »


Nicole Mari le Mardi 12 Juin 2018 à 19:47

Le premier agrégé de langue corse de l’histoire s’appelle Marceddu Jureczek. Il vient d’être reçu au premier concours d’agrégation de langues régionales qui s’est tenu cette année en France. L’agrégation de langue corse a été arrachée par l’Exécutif nationaliste en 2016. Le Conseiller exécutif en charge de la langue corse, Saveriu Luciani, s’est immédiatement réjoui de ce qu’il a appelé, dans un tweet : « Un passu maiò nant’à a strada di u Riacquistu linguisticu ! ». Dans un communiqué, il apporte son soutien à la motion adressée le 9 juin 2018 par le jury de l’agrégation au ministre de l’éducation déplorant la limitation drastique du nombre de postes et l’incertitude pesant sur le concours.



Saveriu Luciani, Conseiller exécutif en charge de la langue corse à la Collectivité de Corse et président de l'Office d'équipement hydraulique de la Corse.
Saveriu Luciani, Conseiller exécutif en charge de la langue corse à la Collectivité de Corse et président de l'Office d'équipement hydraulique de la Corse.
Voici le communiqué :
 
« Saveriu Luciani, Conseiller exécutif en charge de la langue corse, prend acte avec beaucoup de satisfaction de la tenue du premier concours d’agrégation de langues régionales et félicite son premier lauréat pour la langue corse, a lingua nustrale, Marceddu Jureczek, dont les qualités professionnelles et intellectuelles ont été, à juste titre, reconnues.
 
Pour rappel, l’agrégation de Langue Corse constituait l’une des revendications des nationalistes exposées à Paris en mai 2016 à la Ministre Vallaud-Belkacem, au même titre que le grand plan de formation pour les professeurs des écoles bilingues et l’ouverture de classes immersives.
 
L’accession du mouvement national aux responsabilités a donc permis leur concrétisation, mettant fin, avec l’agrégation, à une forme de traitement discriminatoire entre professeurs de corse et titulaires des autres disciplines. Par ailleurs, nous nous réjouissons que cette victoire ait également servi aux autres langues, le breton et l’occitan, en attendant que, conformément à ses engagements, l’Etat ouvre le concours au basque et au catalan puis au créole et au tahitien.
 
Au-delà de l’actualité, nous avons également pris connaissance de la motion adressée le 9 juin 2018 par le jury de l’agrégation au ministre de l’éducation. Les signataires y déplorent la limitation drastique du nombre de postes mis au concours et l’incertitude quant à la poursuite et au développement de celui-ci. Sur cette question, le ministre, grand communiquant, observe pour l’instant un mutisme préoccupant, comme d’ailleurs sur la question de la langue corse dans l’enseignement.
 
Malgré une inscription dans la Constitution, au demeurant bien fétichiste, force est de constater que la France persiste et signe dans son refus d’appliquer les grands textes internationaux et dans son mépris pour des langues que l’Unesco a inscrites parmi celles menacées de disparition prochaine.
 
Fidèle à nos principes, avec l’ensemble du Conseil Exécutif,  nous soutenons et soutiendrons cette motion dont nous partageons les préoccupations. Pour autant, il ne faut pas oublier que, comme dans toutes les disciplines enseignées, le dispositif de promotion des enseignants, pour être complètement égalitaire, doit comporter non seulement une agrégation interne mais également un accès par liste d’aptitude.
À ce titre, il convient aussi de rappeler que l’enseignement secondaire présente, encore et toujours, de lourdes carences, qu’en lycée l’enseignement bilingue se révèle dramatiquement absent, qu’aucune évaluation du niveau des élèves n’y est pratiquée.
 
C’est pourquoi nous réitérons une nouvelle fois aux instances académiques notre volonté d’intensifier notre engagement financier dans le cadre du CPER, et particulièrement dans le développement des centres d’accueil bilingue et dans le soutien à un plan massif de formation des professeurs des Disciplines Non Linguistiques.
 
Enfin, avec l’ensemble des élus de la majorité, et conformément à notre feuille de route linguistique, nous continuerons à œuvrer pour que le corse puisse, par son officialisation, non seulement perdurer mais encore se développer au sein des jeunes générations et dans tous les domaines de la vie économique et sociale ».