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Soupçons de manœuvres électoralistes à Bastia en 2020 : Fabienne Giovannini renonce à faire appel de sa condamnation


MV le Samedi 29 Juin 2024 à 12:40

L'ancienne présidente de l'Office public de l'habitat de Corse, Fabienne Giovannini, a été condamnée à un an d'inéligibilité et à une amende de 2 000 euros pour "manœuvre frauduleuse" lors du scrutin municipal de 2020 à Bastia. Bien qu'elle juge cette décision injuste, elle a décidé de ne pas faire appel



Fabienne Giovannini
Fabienne Giovannini
Condamnée le 18 juin dernier par le tribunal correctionnel de Bastia à un an d'inéligibilité et à une amende de 2 000 euros suite aux accusations portées contre elle pour avoir supposément tenté d'influencer le scrutin municipal de 2020 à Bastia par une "manœuvre frauduleuse", Fabienne Giovannini a annoncé qu'elle ne ferait pas appel de sa condamnation.

La condamnation de Mme Giovannini fait suite à l’envoi de trois lettres aux locataires des HLM des quartiers sud de Bastia, durant la campagne du second tour des municipales en 2020. Ces courriers, signés de sa main, mentionnaient le plan de rénovation du parc social et le rôle de Gilles Simeoni, président autonomiste de l'exécutif territorial et candidat sur la liste de Pierre Savelli, maire sortant de Bastia. L'opposition et l'accusation ont interprété ces lettres comme une manœuvre électoraliste à quelques jours du scrutin. Tout au long de cette affaire, Fabienne Giovannini a maintenu son innocence, affirmant qu'elle n'avait jamais eu l'intention d'influencer les élections. "Je n'ai jamais voulu porter atteinte à la sincérité du scrutin. J'ai agi en fonction d'un seul calendrier : celui interne à l'Office Public de l'Habitat. Je n’avais qu’une seule préoccupation : les difficultés des locataires," a-t-elle insisté. Et aujourd'hui, malgré cette sanction 'injuste" Fabienne Giovannini, qui se défendait depuis trois ans, a décidé de ne pas contester le verdict. "Après en avoir parlé avec mon avocat, bien que je la trouve injuste, je ne ferai pas appel de la décision à mon encontre en date du 18 juin 2024," a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Un parcours éprouvant

Dans le communiqué Fabienne Giovannini a également évoqué les moments difficiles qu'elle a traversés durant cette période : "J’ai subi une perquisition humiliante à mon domicile, dix heures de garde à vue, une mise en cellule, l’épluchage de mes notes téléphoniques et de mon ordinateur, de gros titres dans la presse, trois ans d’opprobre pour un courrier qui n’avait vocation qu’à informer l’ensemble des locataires de Haute-Corse de l’OPH (pas seulement Bastia), seul moyen en période de pandémie de faire part des engagements pris et de leur cadre." Malgré ces épreuves, elle a tenu à remercier ses soutiens. "Je remercie tous mes soutiens et particulièrement les personnes, de toutes tendances politiques, qui ont produit des attestations de moralité. Et bien sûr mon avocat qui m’a accompagnée dans cette épreuve."

Fabienne Giovannini conclut en affirmant que son engagement envers les locataires est la véritable raison de sa situation actuelle. "Je paie mon dévouement pour les locataires et pour cette mission. Il est navrant pour la société corse toute entière que de tels messages puissent être adressés à tous ceux qui n’ont pour seule arme que leur honnêteté et leur bonne volonté."


Le communiqué de Fabiana Giovannini

"Après en avoir parlé avec mon avocat, bien que je la trouve injuste, je ne ferai pas appel de la décision à mon encontre en date du 18 juin 2024.
Je suis fatiguée de devoir me justifier pour avoir essayé de faire mon travail avec peu de moyens dans un contexte extrêmement tendu, en pleine épidémie de Covid où toutes les procédures ordinaires étaient balayées, pour la gestion d'un organisme où il fallait faire face à toutes les urgences.
Je le répète inlassablement depuis trois ans : je n'ai jamais voulu porter atteinte à la sincérité du scrutin. J'ai agi en fonction d'un seul calendrier : celui interne à l'Office Public de l'Habitat. Je n’avais qu’une seule préoccupation : les difficultés des locataires.
Je n'étais pas candidate, pas impliquée dans la campagne électorale, je n'étais redevable que de ma volonté d'agir pour le bien des locataires envers qui j’avais pris les engagements qui figurent dans ce courrier et qui étaient enfin réalisables avec les moyens nouveaux obtenus que je m’étais engagée auprès d’eux à arracher.
Je me suis toujours battue contre la fraude électorale, pour le respect de la démocratie et pour la solidarité envers les plus démunis. Tout mon parcours politique le démontre quel que soit le poste que j'ai pu occuper par le passé. Tous celles et ceux avec qui j'ai travaillé, quelles que soient leurs opinions politiques, peuvent en témoigner.
J’en profite pour remercier tous mes soutiens et particulièrement les personnes, de toutes tendances politiques, qui ont produit des attestations de moralité. Et bien sûr mon avocat qui m’a accompagnée dans cette épreuve.
J’ai subi une perquisition humiliante à mon domicile, 10 heures de garde à vue, une mise en cellule, l’épluchage de mes notes téléphoniques et de mon ordinateur, de gros titres dans la presse, trois ans d’opprobre pour un courrier qui n’avait vocation qu’à informer l’ensemble des locataires de Haute-Corse de l’OPH (pas seulement Bastia), seul moyen en période de pandémie de faire part des engagements pris et de leur cadre ; alors qu’il n’est même pas prouvé qu’il soit parvenu aux locataires avant le scrutin !
Aujourd’hui je suis épuisée, y compris financièrement, et je ne souhaite pas davantage mobiliser les moyens de la Justice pour me faire entendre. Je crois que l’amende qui m’est infligée suffit à démontrer à quel point les accusations qui me mettaient soi-disant au cœur d’un complot électoral dont j’aurais été la pièce maîtresse ne tenaient pas.
Les gens qui me connaissent savent que j’ai mon honneur intact.
Je n’ai qu’un seul regret, ne pas avoir pu porter au bout la réorganisation interne et le plan de relance que j’avais mis en place au sein de l’Office Public de l’Habitat avec la Direction de l’époque. Après deux années de grandes difficultés et d’efforts intenses, il était une feuille de route approuvée à l’unanimité par (chose rare) les deux syndicats de l’organisme, par ses partenaires institutionnels, et par l’ensemble des membres du Conseil d’Administration de l’OPH2C, lui ouvrant de bonnes perspectives de développement.
Je paie mon dévouement pour les locataires et pour cette mission. Il est navrant pour la société corse toute entière que de tels messages puissent être adressés à tous ceux qui n’ont pour seule arme que leur honnêteté et leur bonne volonté."