Nicolas Septe, procureur de la République d'Ajaccio, accompagné de Nicolas Michel, colonel de la Gendarmerie Nationale et de Philippe Azema adjoint du Groupe Interministériel de Recherches (GIR)
Les 17 interpellations qui ont eu lieu en Corse-du-Sud lundi dernier dans le cadre d’un trafic de stupéfiants ont mis en exergue des réseaux qui s’implantent dangereusement sur l'ile. Et c’est pour faire le point sur ce dossier que Nicolas Septe, procureur de la République d’Ajaccio, avait convié la presse ce vendredi 24 juin dans les locaux du tribunal. Une manière de livrer les tenants et les aboutissants d’une affaire remontant à 2020.
À ses côtés, Nicolas Michel, colonel de la Gendarmerie nationale et Philippe Azema, adjoint du Groupe Interministériel de Recherches (GIR).
« Mettre en place une politique efficace »
« La lutte contre le trafic de stupéfiants comme une priorité. Ce trafic est un vrai problème dans l’île, il a des ramifications partout et même des connexions à Marseille et dans le Sud-Est. » indique Nicolas Septe en précisant que lors des perquisitions de lundi, les enquêteurs ont saisi la bagatelle de 6 kg de cocaïne, de la résine de cannabis, six véhicules ainsi que plus de 100 000 euros en liquide. Une opération qui puise sa source en 2020 et qui s’est concrétisée depuis le mois de novembre dernier. « Tout est parti d’un individu incarcéré à la prison de Borgu, poursuit le procureur, c’est à partir de lui que l’on s’est efforcé de reconstruire l’ampleur de ce trafic qui a eu des complicités en termes de transports maritimes. On s’est aperçu, dès sa sortie, que cette personne irriguait véritablement Ajaccio dans sa totalité et la microrégion. Le trafic de stupéfiants a pris de l’ampleur, il alimente aujourd’hui la grande criminalité et il est important de l’affaiblir. Il ne s’agit pas de pénaliser l’usager, mais de mettre en place une politique pénale efficace dans ce domaine.»
« Ce réseau était particulièrement bien organisé, précise le colonel de gendarmerie Nicolas Michel, c’est un réseau essentiellement local avec pour la plupart des personnes de moins de 30 ans. Il est pensé en place et rentabilisé, il touche la jeunesse corse. Nous avons mis en exergue ses ramifications, la distribution, la revente, le trafic d’armes et le blanchiment d’argent. À cet effet, nous avons fermé et mis sous scellé un établissement sur le front de mer qui s’est ouvert le 10 juin dernier et dont le lien avec le réseau a été établi. Si on frappe les malfaiteurs au porte-monnaie, on parviendra à les déstabiliser. »
130 policiers mobilisés
C’est après de premières investigations datant de 2020 que les enquêteurs ont travaillé au démantèlement du réseau à compter de novembre dernier. « C’est une économie souterraine, avoue Philippe Azema, adjoint du GIR, l’étude des flux financiers a permis de s’apercevoir que le réseau a fait, en 20 mois, 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires dégageant un bénéfice de l’ordre de 600000 euros. Il est important d’ouvrir les yeux sur cette réalité qui frappe la jeunesse corse et vise à pourrir le lien social, générant une certaine insécurité. »
La lutte se poursuit, caractérisée, en automne dernier par 60 années d’emprisonnement (tout cumulé) prononcées à l’encontre de prévenus liés au trafic de stupéfiants. D’autres dossiers seraient même en cours...