Oliviers contaminés par la xylella fastidiosa dans la région des Pouilles en Italie.
- Quelle est la situation concernant l’épidémie de xylella fastidiosa ?
- Nous constatons que la situation empire de jour en jour. En Italie, autour de la région contaminée des Pouilles et du Salento, la bactérie est totalement hors de contrôle. Des plants de caféiers contaminés ont été trouvés à Rungis. Il y a une suspicion de plants d’oliviers, en provenance d’Italie, contaminés dans le Haut-Var. Progressivement et rapidement, la bactérie s’approche de la Corse. Sa progression n’est plus qu’une question de semaines, voir de jours ! Le Collectif s’est réuni et a jugé indispensable de demander au Préfet de prendre deux mesures en extrême urgence. La première est un arrêté immédiat d’interdiction d’entrée de tous les plants en Corse.
- Pas seulement ceux d’Italie ?
- Non ! Les plants italiens peuvent très bien transiter par le Sud de l’Espagne ou par la France. Il faut, donc, empêcher l’entrée de tous les plants en Corse. Il n’y a pas, au quotidien, de gestion possible de sélection de plants en provenance d’Italie ou de certaines espèces, vu le nombre de plants touchés et susceptibles de porter la bactérie, soit parce qu’ils la transportent, soit parce qu’ils sont directement contaminés. Nous demandons au Préfet d’agir très rapidement.
- Cette interdiction concerne-t-elle tous les végétaux ou seulement l’olivier ?
- Tous les végétaux ! Le problème ne concerne pas seulement l’olivier, comme dans le Salento, où il n’y a pratiquement que des oliveraies. En Corse, étant donné le nombre de plantes susceptibles d’être contaminées, le problème touche tout le couvert végétal. Quand le professeur Bové, qui est un des deux spécialistes mondiaux de la xylella, est venu en Corse, il a bien expliqué que l’absence de monoculture et la présence de multiples espèces très différentes rendent notre situation plus critique et que nous risquions d’être touchés au maximum. Même si, pour l’instant, aucun signe d’infection n’a été détecté sur la vigne et les agrumes dans le Sud de l’Italie, c’est la même souche ! Il n’y a, donc, aucune raison, a-t-il dit, que l’épidémie ne touche que les oliviers !
- Quelle est la 2ème mesure ?
- Nous demandons, ensuite, au Préfet d’activer une cellule de crise en collaboration avec tous les organismes concernés, les filières de producteurs, l’ODARC (Office de développement agricole de la Corse), l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), l’université, le Parc régional, l’Office de l’environnement… Tous les gens, qui, à un titre ou à un autre, ont une compétence végétale, doivent se réunir autour d’une table pour prendre les mesures adéquates, que ce soit au niveau de l’information du public, des quarantaines éventuelles sur des plants destinés à l’agriculture, etc. L’ODARC s’est véritablement saisi du problème et a bien avancé sur la question. Mais, pour l’instant, tout est bloqué parce que le Préfet ne veut pas assumer, jusqu’au bout et dans la mesure nécessaire, sa responsabilité de contrôle des végétaux.
- Lui avez-vous demandé un entretien ?
- Nous l'alertons par la presse. Nous allons, à partir de demain, diffuser un communiqué. Nous verrons, ensuite, comment agir. A la suite du dernier CROPSAV (Conseil régional d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale) sur les contrôles effectués par les services de l'Etat depuis septembre, le Préfet a envoyé une lettre aux différentes filières, à l’ODARC… leur demandant leur avis sur l’extension de l’arrêté du ministre à une interdiction de plants en provenance d’Italie pour la Corse. Il a fixé, comme délai, le 25 avril. Nous pensons que, d’ici le 25 avril, doit être mise en place une interdiction totale.
- Pensez-vous que le Préfet prendra cet arrêté ?
- La balle est, très clairement, dans son camp ! Il faut prendre des mesures. Le terme « séisme environnemental », qu’avait employé Daniel Sainte-Beuve, le spécialiste de l’ODARC, est, à notre avis, pleinement justifié ! Cette interdiction, que nous demandons, est tout à fait conforme à la motion de l’Assemblée de Corse qui a été votée le 25 septembre. Nous sommes le 20 avril et rien n’a progressé ! A part quelques contrôles et quelques mesures dont on ne connaît pas les résultats.
- Ne craignez-vous pas la pression des pépiniéristes qui importent la plupart des plants qu’ils vendent ?
- Les vrais pépiniéristes sont capables de comprendre que, si la xylella arrive en Corse, ils vont tout perdre ! Nous demandons que soient étudiées des mesures de compensations et de soutien pour les pépiniéristes insulaires. C’est le rôle d’une cellule de crise et de coordination ! Il faut établir un plan global de communication, mais un vrai plan ! Pas quelques petits dépliants qui arrivent, truffés d’erreurs, dans les mairies !
- L’eurodéputé José Bové, qui sera le 25 avril au Théâtre de Bastia dans le cadre d’a Ghjurnata d’Arritti, s’est emparé de la question. Qu’en est-il de son action à Bruxelles ?
- Il s’occupe, effectivement, du volet européen de la question. Il faudrait que la dérogation, que nous demandons pour la Corse, soit étendue à toutes les îles. La lutte contre la xylella doit être européenne puisqu’elle concerne tous les pays européens, particulièrement ceux du bassin méditerranéen où le climat est le plus propice à son développement. Les vignerons du Bordelais commencent, paraît-il, à être très inquiets. Il y a de quoi ! Il y a urgence ! Une fois que la xylella sera là, ce sera trop tard ! Que ferons-nous ?
- Pour l’instant, peu de choses ?
- Il n’y a aucun moyen d’éradiquer la bactérie ! Le seul endroit au monde où les arbres contaminés ont pu être substitués par des plants résistants à l’épidémie est l’Etat de San Paolo au Brésil, mais parce qu’il y avait la monoculture des agrumes et un seul insecte vecteur. En Italie, il y a au moins 200 espèces d’insectes vecteurs qui sont, en plus, polyphages et peuvent propager le virus sur un grand nombre d’espèces végétales. La seule issue est d’empêcher la bactérie d’arriver en Corse !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous constatons que la situation empire de jour en jour. En Italie, autour de la région contaminée des Pouilles et du Salento, la bactérie est totalement hors de contrôle. Des plants de caféiers contaminés ont été trouvés à Rungis. Il y a une suspicion de plants d’oliviers, en provenance d’Italie, contaminés dans le Haut-Var. Progressivement et rapidement, la bactérie s’approche de la Corse. Sa progression n’est plus qu’une question de semaines, voir de jours ! Le Collectif s’est réuni et a jugé indispensable de demander au Préfet de prendre deux mesures en extrême urgence. La première est un arrêté immédiat d’interdiction d’entrée de tous les plants en Corse.
- Pas seulement ceux d’Italie ?
- Non ! Les plants italiens peuvent très bien transiter par le Sud de l’Espagne ou par la France. Il faut, donc, empêcher l’entrée de tous les plants en Corse. Il n’y a pas, au quotidien, de gestion possible de sélection de plants en provenance d’Italie ou de certaines espèces, vu le nombre de plants touchés et susceptibles de porter la bactérie, soit parce qu’ils la transportent, soit parce qu’ils sont directement contaminés. Nous demandons au Préfet d’agir très rapidement.
- Cette interdiction concerne-t-elle tous les végétaux ou seulement l’olivier ?
- Tous les végétaux ! Le problème ne concerne pas seulement l’olivier, comme dans le Salento, où il n’y a pratiquement que des oliveraies. En Corse, étant donné le nombre de plantes susceptibles d’être contaminées, le problème touche tout le couvert végétal. Quand le professeur Bové, qui est un des deux spécialistes mondiaux de la xylella, est venu en Corse, il a bien expliqué que l’absence de monoculture et la présence de multiples espèces très différentes rendent notre situation plus critique et que nous risquions d’être touchés au maximum. Même si, pour l’instant, aucun signe d’infection n’a été détecté sur la vigne et les agrumes dans le Sud de l’Italie, c’est la même souche ! Il n’y a, donc, aucune raison, a-t-il dit, que l’épidémie ne touche que les oliviers !
- Quelle est la 2ème mesure ?
- Nous demandons, ensuite, au Préfet d’activer une cellule de crise en collaboration avec tous les organismes concernés, les filières de producteurs, l’ODARC (Office de développement agricole de la Corse), l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), l’université, le Parc régional, l’Office de l’environnement… Tous les gens, qui, à un titre ou à un autre, ont une compétence végétale, doivent se réunir autour d’une table pour prendre les mesures adéquates, que ce soit au niveau de l’information du public, des quarantaines éventuelles sur des plants destinés à l’agriculture, etc. L’ODARC s’est véritablement saisi du problème et a bien avancé sur la question. Mais, pour l’instant, tout est bloqué parce que le Préfet ne veut pas assumer, jusqu’au bout et dans la mesure nécessaire, sa responsabilité de contrôle des végétaux.
- Lui avez-vous demandé un entretien ?
- Nous l'alertons par la presse. Nous allons, à partir de demain, diffuser un communiqué. Nous verrons, ensuite, comment agir. A la suite du dernier CROPSAV (Conseil régional d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale) sur les contrôles effectués par les services de l'Etat depuis septembre, le Préfet a envoyé une lettre aux différentes filières, à l’ODARC… leur demandant leur avis sur l’extension de l’arrêté du ministre à une interdiction de plants en provenance d’Italie pour la Corse. Il a fixé, comme délai, le 25 avril. Nous pensons que, d’ici le 25 avril, doit être mise en place une interdiction totale.
- Pensez-vous que le Préfet prendra cet arrêté ?
- La balle est, très clairement, dans son camp ! Il faut prendre des mesures. Le terme « séisme environnemental », qu’avait employé Daniel Sainte-Beuve, le spécialiste de l’ODARC, est, à notre avis, pleinement justifié ! Cette interdiction, que nous demandons, est tout à fait conforme à la motion de l’Assemblée de Corse qui a été votée le 25 septembre. Nous sommes le 20 avril et rien n’a progressé ! A part quelques contrôles et quelques mesures dont on ne connaît pas les résultats.
- Ne craignez-vous pas la pression des pépiniéristes qui importent la plupart des plants qu’ils vendent ?
- Les vrais pépiniéristes sont capables de comprendre que, si la xylella arrive en Corse, ils vont tout perdre ! Nous demandons que soient étudiées des mesures de compensations et de soutien pour les pépiniéristes insulaires. C’est le rôle d’une cellule de crise et de coordination ! Il faut établir un plan global de communication, mais un vrai plan ! Pas quelques petits dépliants qui arrivent, truffés d’erreurs, dans les mairies !
- L’eurodéputé José Bové, qui sera le 25 avril au Théâtre de Bastia dans le cadre d’a Ghjurnata d’Arritti, s’est emparé de la question. Qu’en est-il de son action à Bruxelles ?
- Il s’occupe, effectivement, du volet européen de la question. Il faudrait que la dérogation, que nous demandons pour la Corse, soit étendue à toutes les îles. La lutte contre la xylella doit être européenne puisqu’elle concerne tous les pays européens, particulièrement ceux du bassin méditerranéen où le climat est le plus propice à son développement. Les vignerons du Bordelais commencent, paraît-il, à être très inquiets. Il y a de quoi ! Il y a urgence ! Une fois que la xylella sera là, ce sera trop tard ! Que ferons-nous ?
- Pour l’instant, peu de choses ?
- Il n’y a aucun moyen d’éradiquer la bactérie ! Le seul endroit au monde où les arbres contaminés ont pu être substitués par des plants résistants à l’épidémie est l’Etat de San Paolo au Brésil, mais parce qu’il y avait la monoculture des agrumes et un seul insecte vecteur. En Italie, il y a au moins 200 espèces d’insectes vecteurs qui sont, en plus, polyphages et peuvent propager le virus sur un grand nombre d’espèces végétales. La seule issue est d’empêcher la bactérie d’arriver en Corse !
Propos recueillis par Nicole MARI.