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U Levante : " La Testa Ventilegne, espace remarquable, deviendrait constructible…"


le Jeudi 28 Mars 2013 à 01:39

Ce Jeudi 28 Mars, le conseil des sites rendra-t-il la Testa Ventilegne constructible au cœur du site remarquable ? C'est la question que pose U Levante dans sa dernière newsletter. "Et vous croyiez que la Testa Ventilegne, espace emblématique, était définitivement protégée des spéculations immobilières ? Savez-vous que ce jeudi 28 mars le conseil des sites devra se prononcer sur sa constructibilité ? 
Un projet de hameau nouveau est prévu par la commune de Figari : 8,8 hectares à urbaniser, au cœur du site naturel" poursuit le texte publié ulevante.fr.



U Levante : " La Testa Ventilegne, espace remarquable, deviendrait constructible…"
La suite ?
U Levante la développe de la sorte.
" Le rapport de présentation communal (page 40) explique que « les constructions existantes ne suffisent pas pour répondre aux objectifs fixés pour le développement des activités touristiques, artisanales et agricoles ; ni pour créer un espace résidentiel. » « Le projet de la Testa est un projet touristique unique dans sa conception. Il va reconstruire l’image et l’identité de la commune », peut-on encore lire page 14.
Il est vrai que le promontoire en mer de la commune de Figari a toujours attisé les convoitises. Dans les années soixante, des promoteurs (SCI Monte Scopeto, Axa…) envisageaient d’y construire plusieurs dizaines de milliers de lits touristiques. Le projet déclencha une forte opposition populaire : depuis, la Testa Ventilegne est devenue un territoire emblématique de la résistance de la majorité des Corses au tout-tourisme.
Alors comment est-ce possible ? Ce promontoire est, presque en totalité, un espace remarquable de la loi Littoral. Il était entièrement classé en zone spéciale de conservation (base de classement en site d’intérêt communautaire). Une très grande partie est également  Znieff de type 1.

Seul le lieu-dit  A Testa, une enclave où existent de belles ruines, n’est pas un espace remarquable.
Par ailleurs, une grande partie de ce territoire appartient au Conservatoire du littoral qui, aujourd’hui encore, a inscrit les terrains communaux, « en priorité n°1 de sa stratégie d’acquisition ». On se souvient en effet qu’en 2001 la commune empêchait l’institution d’acquérir la Testa dans sa totalité. Une partie du site était alors devenue propriété communale.  Du reste à cette époque, l’État, par la voix du préfet Lacroix, prenait clairement position : « Le domaine de La Testa Ventilegne a une longue histoire et une charge symbolique très forte. Il ne faut laisser la place à aucune ambiguïté. […] L’acquisition par la commune d’une partie de La Testa ne saurait préjuger de la constructibilité de cette zone. Elle ne saurait être interprétée comme un avis favorable de l’État pour quelque projet que ce soit. »
Les choses ont dû changer…

En 2011, la Dreal a demandé au cabinet Biotope de ne s’intéresser qu’aux terrains du Conservatoire pour les cartographier. L’année suivante, le premier janvier 2012, l’État faisait de ces terrains du Conservatoire sur A Testa un site d’intérêt communautaire (Sic), autrement dit un site Natura 2000, mais la partie communale en était exclue, jusqu’à la mer. Ceci, malgré un avis unanime du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) qui, en mars 2012, demandait que la partie communale soit également cartographiée et intégrée au site Natura 2000. À notre connaissance, ceci n’a pas été fait.
Les mêmes services de la Dreal ont également réduit les limites de la Znieff de type 1 sans consultation du CSRPN.La désanctuarisation d’un des plus beaux sites de Corse était en route.

Quel projet ? Selon le rapport de présentation communal (page 40), « le hameau de la Testa-Ventilegne offrira des emplois qualifiés et durables. Il  permettra de restaurer des liens sociaux et sera réapproprié par des habitants permanents (l’étude géotechnique pour l’assainissement permet une capacité d’accueil de 200 équivalents-habitants).» Mais la Testa sera-t-elle réellement un hameau pour les résidents permanents ? Le projet créera-t-il des emplois durables ? La question de la pertinence du projet se pose aussi en termes d’atteinte aux terres agricoles. En effet, la Chambre d’agriculture de Corse-du-Sud a émis un avis défavorable.

Elle pointe l’aspect agropastoral de la Testa et son potentiel d’installation de jeunes agriculteurs. Elle note également que l’ouverture à la constructibilité touristique de cette zone « entre en concurrence avec la vocation agricole du site ».  C’est-à-dire que les sept constructions, anciennement à usage agricole et aujourd’hui à l’abandon, peuvent être réutilisées à condition de rester des bâtiments agricoles (bergeries, atelier de transformation, stockage foin/matériel). Constructions que la commune de Figari, propriétaire, voue à d’autres projets.
Mais alors, pourquoi les services de l’État ont-ils délivré un avis favorable arguant que « ce projet ne porte atteinte ni aux terres agricoles cultivables, [ni] aux activités agricoles existantes ». Et même… « il permet de développer une agriculture vivrière » parce qu’il vise « à réhabiliter un lieu de vie ».

Revirement étonnant qui va exactement à l’inverse d’une décision de la commission départementale d’aménagement foncier de la Corse du Sud du 5 janvier 1982 (arrêt du Conseil d’État de 1989 ).Alors oui, le projet de hameau nouveau porte atteinte à des terres agricoles cultivables. Il autoriserait l’urbanisation sur des parcelles de très fortes potentialités agricoles, ce qu’interdit le Schéma d’aménagement de la Corse (valant Directive territoriale d’aménagement).
En réalité, le projet est de longue date. Déjà, avec son Plan d’aménagement et de développement durable (Padduc) qui soutenait  l’économie résidentielle, le précédent Exécutif de la Collectivité territoriale de Corse avait tenté de rogner l’espace remarquable de A Testa. Jeudi la mairie de Figari soumet à l’avis du Conseil des sites un projet de hameau nouveau intégré à l’environnement (loi Littoral, article L.146-4). Une étape de l’histoire de A Testa se joue et avec elle la désanctuarisation de l’île."