Un rebond attendu pour l’économie insulaire après une année 2024 en demi-teinte

C’est un bilan mitigé. Ce jeudi, Jean-Luc Chaussivert, directeur régional de la Banque de France en Corse, et Laurent Fustec, directeur départemental de la Banque de France en Haute-Corse, ont présenté le bilan annuel de l’institution au sein des locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie à Bastia, devant une trentaine de personnes issues des secteurs et entreprises présents au sein du bilan.
“Le début de cette décennie a été marqué par plusieurs chocs qui se sont succédé : la pandémie de Covid, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et plus récemment l’inflation qui a touché notre pays”, a déclaré Laurent Fustec en préambule de sa présentation. “Nous pouvons néanmoins constater que l’économie française a bien résisté en 2024, et ce malgré le contexte d’incertitude politique dans lequel nous nous trouvons. Après un pic en 2023, l'inflation continue de reculer, en ayant baissé de 2,4 % l’année dernière, et nous pensons qu’elle sera très certainement maîtrisée d’ici la fin de l’année, avec une baisse de 1,6 % prévue en 2025.”

En Corse, les secteurs des services marchands et de l’industrie ont connu une année 2024 en demi-teinte. Les entreprises de transport, d’hébergement et de restauration interrogées enregistrent une hausse de 1,3 % de leur chiffre d’affaires, contre 1,6 % en 2023. Le secteur de l’industrie a quant à lui connu une baisse de 1,7 % de son chiffre d’affaires, en particulier dans l’industrie agroalimentaire. Laurent Fustec s’est également dit “surpris des investissements des services marchands” : une hausse de 3 % était annoncée, mais le secteur a finalement connu une baisse de 38 %. Mais le secteur a surtout dû s’adapter après la mauvaise saison estivale de l’année dernière. “Même si le secteur de l’hébergement a connu une légère progression, la restauration a quant à elle connu une baisse lors de la dernière saison estivale, symbole d’une modification des modes de consommation”, a indiqué Laurent Fustec.

Selon les prévisions annoncées, l’année 2025 promet de meilleurs résultats pour ces deux secteurs, avec une hausse de 3 % du chiffre d’affaires des services marchands. La saison estivale s’annonce elle aussi positive, avec de nombreuses réservations déjà enregistrées, notamment pour les loueurs de véhicules. Le secteur de l’industrie connaît quant à lui un redressement du nombre de carnets de commande depuis septembre 2024, ce qui augure “une perspective de reprise positive pour l’année à venir”, et l'industrie agroalimentaire est en plein rebond, après une année 2024 compliquée.

“La crise du secteur du bâtiment et de la construction, très présente en Corse, s’est poursuivie en 2024”, a expliqué Laurent Fustec. Ce secteur est celui “qui a le plus souffert l’année dernière”, avec une baisse significative des carnets de commande. Alors que le recul était enregistré depuis fin 2021, il a atteint un pic en 2024, avec une baisse de 10 %. Laurent Fustec déplore aussi “une baisse d’activité et de visibilité”, impactant le chiffre d’affaires. L’année dernière, il a baissé de 0,3 %, mais une disparité a surtout été remarquée entre le second œuvre et le gros œuvre, dont l’activité a diminué de 2 %, contraignant les entreprises à réduire leurs effectifs.
 

Le secteur craint donc une année 2025 difficile. Ils estiment que le bâtiment va connaître une baisse d’activité de 2 %, et les travaux publics de 4 % cette année. L’embauche risque elle aussi de reculer, avec -1,3 % pour le bâtiment et -1,5 % pour les travaux publics.