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Yaël Braun-Pivet réélue à la tête de l'Assemblée nationale


La rédaction avec AFP le Jeudi 18 Juillet 2024 à 21:31

Yaël Braun-Pivet retrouve le perchoir : onze jours après les législatives, la présidente sortante de l'Assemblée a été réélue grâce à une entente entre la droite et la macronie, qui souligne le mur auquel se heurte la gauche au Palais Bourbon, et pose peut-être les bases d'une coalition gouvernementale.



(Photo d'illustration - Crédit : Assemblée Nationale)
(Photo d'illustration - Crédit : Assemblée Nationale)
Au terme d'une journée "historique" et pleine de suspense, qui a vu affluer plus de 500 journalistes au Palais Bourbon, Yaël Braun-Pivet a été réélue à la présidence de l’Assemblée nationale au troisième tour avec 220 voix, devançant le candidat du Nouveau Front Populaire, André Chassaigne (PCF), qui n’a pour son part recueilli que 207 voix. Sébastien Chenu, candidat du Rassemblement National, a quasiment fait le plein des suffrages de son camp avec 141 voix. La "légalité du scrutin" a aussitôt été remise en cause par LFI, Hadrien Clouet pointant un nombre de ministres démissionnaires ayant voté supérieur à l'écart de voix.
 
Arrivée troisième au premier tour du scrutin, la députée des Yvelines et présidente sortante de l’Assemblée nationale a bénéficié du report des voix de Naïma Moutchou, la candidat du groupe Horizons présidé par le député de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli et surtout du soutien de La Droite républicaine – groupe au sein duquel siège le nouveau député de la 2ème circonscription de Haute-Corse, François-Xavier Ceccoli - qui a retiré son candidat, Philippe Juvin.
 
Entre les deuxième et troisième tours, la gauche a retenu son souffle, se reprenant à espérer après le désistement de Charles de Courson, qui aurait pu lui profiter - en vain. Mais les quelques voix grappillées auprès du groupe Liberté, Indépendants, Outre-mer et Territoires, au sein duquel siègent Michel Castellani et Paul-André Colombani, respectivement députés de la 1ère circonscription de Haute-Corse et de la 2èmecirconscription de Corse-du-Sud, n’ont pas suffi.

Après la défaite du camp présidentiel, arrivé deuxième au soir du second tour des législatives, Yaël Braun-Pivet réalise un coup inespéré, grâce au concours d'une droite elle-même affaiblie après la décision solitaire de son président Eric Ciotti de s'allier avec le Rassemblement national.
 
Le Palais Bourbon bruissait depuis plusieurs jours des rumeurs d'un accord entre la droite et la macronie, La Droite républicaine ayant selon des sources concordantes négocié plusieurs postes clés à l'Assemblée pour prix de son ralliement : au minimum, une vice-présidence dévolue à la députée du Doubs Annie Genevard, la présidence de la commission des finances, censée revenir à Véronique Louwagie, et un des trois postes de la questure.
"On assume totalement de prendre nos responsabilités. Cela veut dire empêcher LFI et ceux qui bordélisent l'Assemblée nationale d'accéder à la présidence de l'Assemblée", expliquait avant le retrait de M. Juvin, Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe de La Droite Républicaine.
 
Laurent Marcangeli appelle à ce que le message des urnes soit entendu
 
"Un coup de force antidémocratique", s'était par avance indignée la présidente des députés insoumis Mathilde Panot.
Un "statu quo" avec Yaël Braun-Pivet serait "irresponsable", avait abondé la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain. Il y a "une volonté de rupture et de changement politique" chez les électeurs, insistait-elle auprès de l'AFP.
 
Après la réélection de Yaël Braun-Pivet, le député de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud et président du groupe Horizons, Laurent Marcangeli a réagi en arguant : "J’en appelle aujourd’hui à un esprit de responsabilité. Demain nous aurons à déterminer un certain nombre de choses, notamment au niveau de la représentativité de chaque groupe, au sein des organismes décideurs ". "Pas d’exclusion, pas d’exclusive. Dans la maison du peuple, chaque Français doit être représenté. Chaque voix doit être entendue, doit être écoutée, doit être respectée ", a-t-il ajouté en annonçant : " Demain nous agirons afin de faire en sorte dans les institutions représentatives de l’Assemblée nationale, à juste proportion des groupes, chacun y trouve sa place. C’est seulement moi indispensable pour faire comprendre aux Françaises et aux Français que nous avons entendus le message qu’ils nous ont fait passer à l’occasion des élections législatives. Pour le reste, ce que nous appelons de nos vœux au sein du groupe que je préside, c’est la formation d’un Gouvernement qui soit en capacité de pouvoir faire face à la situation dans laquelle se trouve notre pays".

En marge du scrutin, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées place de la République à Paris à l'appel notamment de la CGT, "pour mettre l'Assemblée nationale sous surveillance" et demander le "respect" du résultat des élections.
Mais le Nouveau Front populaire s'est trouvé aux prises d'un "tout sauf la gauche", selon le mot d'une source macroniste.
 
"Envoyer un membre du NFP au perchoir enverrait le signal qu’ils pourraient éventuellement nouer des deals à l’Assemblée. Or, nous nous efforçons depuis dix jours d’expliquer qu’ils ne sont pas en capacité de gouverner, qu’ils n’ont pas de majorité et que ça ne tiendrait pas. Nous n’avons aucun intérêt à envoyer Chassaigne (...) au perchoir", expliquait encore en début d'après-midi le ministre du Logement Guillaume Kasbarian.
L'accord entre la droite et la macronie est-il pour autant l'embryon d'une coalition entre ces deux forces ? La droite récuse être dans cette logique, mais assume selon M. Jeanbrun de vouloir "faire gagner (ses) idées", couchées dans un "pacte législatif" qu'elle propose à la macronie.
 
 
"Bingo" pour Wauquiez
 
"Si nous obtenons des postes à responsabilité sans être (dans) l’exécutif, c’est un peu bingo pour nous. Notre ligne, c’est pas de participation à un gouvernement", assurait jeudi matin un proche de Laurent Wauquiez.
Enferrée depuis le 7 juillet dans des discussions pour s'accorder sur le nom d'un candidat commun pour Matignon, la gauche voit elle s'éloigner la perspective d'accéder au pouvoir, au moins dans l'immédiat. Si la gauche échoue au perchoir, "ce sera plus difficile (pour Matignon) mais rien ne sera joué après", commentait avant l'issue du vote la députée écologiste Sandrine Rousseau.
 
Jeudi, Olivier Faure a appelé les troupes de l'alliance de gauche à organiser un vote entre deux personnalité s: Huguette Bello, présidente de La Réunion à laquelle s'oppose le PS, et Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris sur le climat qui n'a pas les faveurs de LFI.
Dans un entretien à l'AFP, cette dernière s'est dite prête à devenir Première ministre, bien décidée à "arracher" des mesures de gauche pour répondre à "l'urgence sociale".
Vendredi, les discussions reprendront pour attribuer les autres postes clés de l'Assemblée, membres du bureau et présidents de commission.
Ces derniers jours, le NFP est revenu à la charge pour appeler à priver l'extrême droite de toutes ces fonctions clés. Le groupe de Marine Le Pen, qui disposait jusqu'ici de deux vice- présidences, crie déjà au déni de démocratie.
Si le groupe présidé par Gabriel Attal affirme ne vouloir voter ni pour un candidat du RN, ni pour un LFI, le MoDem et Horizons sont favorables à une répartition des postes proportionnelle au poids de chaque groupe.