« Faire solidarité, c’est aussi donner du sens à la citoyenneté en redonnant une place à chacun, en protégeant les plus vulnérables, en luttant contre toutes formes d’exclusion, en faisant en sorte que le Pays Ajaccien soit perçu et vécu comme un territoire inclusif, protecteur et accueillant. » C’est par ces mots que Stéphane Sbraggia, Maire d’Ajaccio et Président de la CAPA, a introduit la présentation du nouveau projet social 2024-2027. Une feuille de route qui repose sur trois piliers : proximité, solidarités et innovation. Conçu pour répondre aux besoins réels des habitants, renforcer les solidarités et offrir des solutions innovantes adaptées aux défis du territoire, ce plan d’action a pour objectif d’assurer un accès uniforme aux droits, aux soins et aux services de proximité sur l’ensemble du territoire.
« Un diagnostic social du territoire »
Vice-Président du CIAS et chargé du développement social, David Frau a précisé : « Je tiens à souligner l’engagement de toute l’équipe de la direction du CIAS concernant l’élaboration de ce document. Le projet social détaille un diagnostic social du territoire, soulignant le vieillissement de la population, la précarité et les inégalités. Il ambitionne également d’améliorer la solidarité, la proximité et l’innovation dans l’action sociale, en se concentrant sur la lutte contre la précarité, le soutien aux seniors et à la jeunesse. Il propose des axes transversaux comme la communication, la mobilité, le logement et l’inclusion numérique, en prévoyant une meilleure coordination des acteurs sociaux et une rationalisation des ressources. Enfin, le document préconise la création d’un lieu unique pour le CIAS afin d’améliorer l’accueil et les conditions de travail. »
Ce projet social, voté à l’unanimité, arrive alors même que la Chambre régionale des comptes a récemment souligné : « une absence de stratégie et une analyse des besoins sociaux expirée en 2021. Le CIAS devait produire une analyse des besoins sociaux du territoire en 2021, en vue de planifier les interventions et actions à réaliser jusqu’en 2026. Or, à la date du présent rapport, l’action générale du CIAS s’appuyait toujours sur une analyse réalisée par la CAPA en 2016, avant la création du centre intercommunal – et basée sur des chiffres datant de 2012 – et d’une feuille de route, le "projet social", adopté par la CAPA en 2018. »
« Réfléchir à un nouveau type de représentativité pour atteindre le quorum »
Visiblement remonté contre certaines conclusions du rapport, David Frau a réagi : « Je remarque déjà qu’il n’y a aucune remarque d’ordre financier. Les magistrats ont aussi insisté sur la qualité du travail réalisé par les salariés du CIAS. C’est ce qu’il faut noter plutôt que d’aller analyser la masse salariale. Je ne parle même pas de la remarque concernant la journée accordée pour la Miséricorde. »
Concernant les difficultés d’absentéisme et l’impossibilité d’atteindre le quorum, il a ajouté : « Alors même qu’il nous est interdit de le faire par visio-conférence, nous avons des maires qui ne peuvent pas forcément être présents à chaque conseil d’administration, mais ils doivent être membres du CIAS. Il va donc falloir réfléchir à un nouveau type de représentativité. »
Enfin, David Frau a tenu à expliquer les retards liés au projet social : « Concernant le projet social et le retard de mise en application, il a fallu faire un temps d’analyse des besoins sociaux dans chaque territoire (…) pour ne pas rédiger un projet social hors-sol, mais qui soit, au contraire, intégré dans le projet de territoire. »
Pour Stéphane Sbraggia, « La Chambre régionale des comptes ne détient toujours pas la vérité. C’est souvent très déconnecté des réalités du terrain. Cela manque de connaissance et de pragmatismes. On revient toujours sur par exemple les charges de personnel. Le CIAS c’est une volonté politique et nous sommes déjà dans une logique de mutualisation. On nous demande de délibérer un projet social mais nous avons attendu d’avoir des données pour l’élaborer. La qualité du service rendu à l’usager n’a pas été assez mis en avant. Le CIAS est venu compenser des déficits au niveau territorial. Ce rapport au final ce n’est pas grand-chose en termes de critiques. On nous demande juste des petits ajustements et on sait ce qu’il reste à faire. Si on ne répond aux besoins de nos concitoyens, on ne sera pas crédibles et le volet social en est le cœur ».
Pour rappel, la Chambre régionale des comptes Corse a passé au crible le Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) du Pays ajaccien, depuis sa création en 2018. Si elle a salué son activité très soutenue jusque dans les communes rurales, la multiplicité des dispositifs et son rôle essentiel d’accueil et d’aide aux personnes en difficulté, elle avait pointé, dans son rapport, une absence de statuts, de stratégie claire, d’analyse des besoins, et un manque de démocratie dans la gouvernance et avait préconisé de définir une nouvelle stratégie, de clarifier le partage des compétences avec la Collectivité de Corse et de mutualiser certaines fonctions avec la CAPA.