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11-Novembre : combien de Corses sont "morts pour la France ?"


La rédaction le Dimanche 10 Novembre 2024 à 16:00

On doit à Orsu-Ghjuvanni Caporossi et à sa Cronica di a Corsica, où il narre "l'histoire d'une île hors du commun", de mieux mesurer les tragédies qui ont rythmé la vie de plusieurs centaines de familles lors de la Grande Guerre. Le travail colossal qu'il a effectué au fil des années à partir du site du ministère de la Défense, du site des Archives départementales de la Corse-du-Sud, de l'ouvrage "Du deuil à la mémoire, les monuments aux morts de la Corse (Guerre de 1914-1918)" de Georges Ravis-Giordani et Jean-Paul Pellegrinetti (Éditions Albiana, 2011) ou bien encore au site "Monuments aux Morts Corses" de Mathieu Nivagionni, qu'il a compulsé, de mieux cerner le prix payé par la Corse entre 1914 et 1918. A la veille de la célébration de la signature de l'Armistice mettant fin au conflit mondial le plus sanglant de l'histoire, lisez ou relisez le fruit de son travail.



11-Novembre : combien de Corses sont "morts pour la France ?"
Dans cette étude très détaillée, Orsu-Ghjuvanni Caporossi estime que 11 691 insulaires sont morts durant la Première Guerre Mondiale, auxquels on pourrait rajouter les 164 morts recensés, nés en Corse, qui ne sont ni reconnus morts pour la France ni inscrits sur un Monument aux Morts en Corse.
 
10 773 sont officiellement reconnus morts pour la France (soit 92,15% d'entre eux) et 10 409 ont leur nom inscrit sur un Monument aux Morts en Corse (soit 89,04%). Parmi ces derniers 918 ne seraient pas reconnus Morts pour la France (soit 8,82% d'entre eux). Il est à noter que 1281 Poilus reconnus morts pour la France (la plupart nés hors de Corse) ne sont pas cités sur un Monument aux Morts en Corse, soit 10,96% des Poilus.10 227 Poilus sont nés en Corse, 1464 sont nés hors de Corse.

Le maximum de pertes pour Bastia
La commune ayant enregistré le maximum de perte est celle de Bastia, avec 505 morts, les communes de U Poghju Marinaccia et San Gavinu di Fiumorbu ne comptant qu'un seul décès chacune.
Le plus jeune décédé est né en 1901, un apprenti marin décédé à l'âge de 18 ans, le plus âgé, né en 1842, un adjudant en retraite décédé lors du torpillage du Balkan en 1918.

Militairement, ils se répartissent en 8 458 hommes de troupe (soldats, brigadiers et caporaux et 327 marins et quartiers-maîtres), 2 054 sous-officiers (de sergent à aspirant, dont 25 officiers mariniers) et 1 052 officiers (de sous-lieutenant à général), dont 27 médecins et pharmaciens, et 13 officiers d'administration. On compte également 26 métiers divers ou affectés spéciaux, 45 gendarmes et 50 inscrits maritimes. 4 grades ou fonctions ne sont pas identifiés.


6 234 morts au combat
6 234 sont morts au combat (tués à l'ennemi), 734 sont portés disparus sur le champ de bataille, 32 sont morts gazés au combat, 1 958 ont succombé des suites de leurs blessures, 502 sont décédés ou ont disparu en mer (dont 229 lors du torpillage du vapeur Balkan, au large de Calvi, en 1918), 1 113 sont morts des suites de maladies contractées en service (ou en captivité), 368 de maladies non contractées (ou aggravées) en service, 109 en captivité en Allemagne, 83 d'accidents en service commandé, 45 accidentellement hors service ou dans diverses autres causes indépendantes de la guerre, 9 lors de combats aériens. Enfin, 21 d'entre eux se sont suicidés et 7 ont été fusillés pour l'exemple suite à de diverses mutineries collectives ou individuelles (6 seulement figurent sur un Monument aux Morts). 476 sont morts des suites de la guerre (blessures, maladies, captivité...).

1 395 d'entre eux étaient du 173e RI
1 395 (soit 11,93%) faisaient partie du 173e Régiment d'Infanterie (le régiment des Corses), parmi eux 271 étaient incorporés au 373e, qui était le régiment de réserve du 173e .
2 620 sont morts dès les premiers mois de la guerre, d'août à décembre 1914, et 2 952 lors de l'année 1915, 2 000 en 1916, 1 334 en 1917 et 2 008 en 1918. 280 sont morts en 1919, et, au moins 498 sont décédés (reconnus morts pour la France ou ont leur nom gravé sur un Monument) après 1919, des suites de maladies, de leur captivité, de leurs blessures ou des effets dus aux gaz de combat.

8 027 sont morts dans l'Est ou le nord de la France, 2 258 les Dardanelles
Enfin, la plupart d'entre eux (au moins 8 027) sont morts dans les départements de l'Est et du nord de la France (Meuse (2 300), Marne (1 620), Haute-Marne (17), Somme (934), Aisne (858), Meurthe-et-Moselle (462), Pas-de-Calais (427), Moselle (301), Oise (303), Haut-Rhin (268), Vosges (304), Ardennes (102), Seine-et-Marne (30), Nord (37), Bas-Rhin (17), Aube (16) etc.), les autres se répartissant entre les divers hôpitaux de France, en Allemagne (129), ou sur les fronts de Belgique (439), de Turquie, notamment dans les Dardanelles (2 258), de Grèce (89), de Serbie (171), du Maroc (69), de Macédoine (20), d'Italie (17)... ou d'ailleurs...
A noter que 658 Poilus se sont éteints en Corse (soit dans les hôpitaux insulaires (Aiacciu, Bastia, Bunifaziu, Calvi ou Corti), soit dans leur foyer).
Le lieu de décès de 188 "Poilus" n'est pas connu.
 
 

1 000 familles ont perdu 2 membres

Sur les 361 communes que compte à ce jour la Corse, 307 enregistrent au moins une famille ayant vu plus d'un de ses membres tué lors de la Première Guerre Mondiale. On dénombre ainsi : 1 000 familles qui ont perdu 2 membres, dont 993, deux fils (dont 5 fratries de jumeaux), 5 qui ont perdu le père et un fils (à Bucugnà, Corti (2), Luri et PortiVechju), et 2 qui ont perdu un frère et une sœur (à Merusaglia et E Ville di Petrubugna).
95 familles qui ont perdu 3 membres, dont 93, trois fils, et 2, le père et deux fils (à Aregnu et Ota), 5 familles qui ont perdu quatre fils chacune, (à Canale di Verde, Oletta, A Piana, Tagliu Isulaccia et Zalana),
2 familles qui ont perdu cinq fils chacune (à Lecci et Olmi e’Cappella).
Ce qui donne un total de 1 102 familles touchées et 2 309 Corses tués au cours ou des suites de la guerre, soit près de 20% des morts recensés, Morts pour la France ou ayant leur nom inscrit sur un Monument aux Morts en Corse)