3114 et Vigilans : deux dispositifs implantés en Corse pour prévenir le suicide

Il n'est jamais évident d'aborder cette thématique. C'est ce qu'est venu marteler Nathalie Pauwels la semaine dernière, en Corse. Venue de Lille, elle est chargée du déploiement national du programme Papageno, qui vise à sensibiliser les médias à la manière d'évoquer la question. "Les mots ont leur importance. Quand les journalistes vont parler du suicide, ils ont un rôle à jouer, affirme-t-elle. On a découvert il y a cinquante ans l'effet Werther : un certain type de traitement médiatique du suicide peut entraîner des passages à l'acte chez des personnes en situation de crise suicidaire."

La sensibilisation de la presse insulaire est une étape de plus dans la continuité d'une stratégie nationale engagée depuis deux ans. "Avant, il y avait beaucoup d'initiatives mais un gros manque de coordination sur le territoire, rappelle Nathalie Pauwels. Depuis que le ministère de la Santé a décidé de la déployer cette stratégie sur les territoires, il y a eu de nombreuses avancées : la formation des professionnels, le programme de sensibilisation des médias, la création du numéro national de prévention du suicide en octobre 2021..."

Opérationnel 7j/7, 24h/24, le 3114 reçoit près de 800 appels par jour en France. Un chiffre révélateur, réparti au travers des différentes antennes régionales mises en place dans tout le pays.
En Corse, la ligne a ouvert il y a tout juste neuf mois, le 14 mars 2022. Le standard se trouve dans les locaux du Centre hospitalier départemental de Castelluccio, à Ajaccio.

Chaque jour de 9 à 17 heures, des professionnels de santé insulaires sont donc disponibles pour décrocher le téléphone. "On a un planning en relation avec le centre de Montpellier, qui travaille lui 24h/24, 7j/7, explique Laura Frau, infirmière de formation répondante au numéro national de prévention du suicide. C'est là-bas que le relais de nos appels est pris de 17 heures à 9 heures. Généralement, on reçoit trois appels par jour sur le 3114, ici. Mais on rencontre les CNP, les hôpitaux, les maisons des ados et au fur et à mesure qu'on se fait connaître, on a de plus en plus d'appels."

Au bout du fil, des personnes en détresse, mais pas que. Proches inquiets, professionnels de santé... Le 3114 est à destination de toute la population. A la différence du second dispositif, Vigilans, en place depuis décembre 2021 sur l'île. "L'action est dirigée vers les personnes qui ont déjà fait une tentative de suicide, détaille Laura Frau, qui travaille aussi dans le dispositif. 10 à 21 jours après la sortie d'hospitalisation du patient, on va l'appeler pour prendre de ses nouvelles, savoir comment se passe le retour au domicile, revenir sur sa tentative s'il en a envie..."

Un délai choisi en se basant sur des recherches scientifiques : quelqu'un qui fait une tentative de suicide est plus à risque d'en refaire une dans la premier mois. Le but de l'outil est d'accompagner et d'orienter le patient qui, à sa sortie des urgences ou du centre hospitalier, obtient le numéro vert pour pouvoir appeler n'importe quand en cas de besoin. Vigilans représente environ trois ou quatre appels quotidiens.
En Corse, 210 personnes sont inscrites dans cette base de données.