Le dossier réalisé par nos confrères de Corse Matin a fait l’effet d’une bombe. Dans son édition de ce vendredi, le quotidien s’intéresse au projet du téléporté Angelo qui doit entrer en service en août prochain à Ajaccio. Porté par la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA), ce mode de mobilité douce qui doit rallier Mezzavia à Saint Joseph en passant par le Stiletto et l’espace remarquable du Mont Sant’Angelo, afficherait en effet des écueils financiers et environnementaux inattendus selon des documents consultés par nos confrères.
Avant même la fin des travaux il ferait ainsi déjà l’objet d’un surcoût et pourrait afficher un important déficit d’exploitation une fois mise en route. En outre, en vertu d’une obligation légale de débroussaillage découlant du Code forestier, le groupement technique permanent de défense de la forêt française contre les incendies impose à la CAPA de démaquiser 50 mètres de chaque côté du câble dans la zone du Stiletto et du Mont Sant’Angelo. Une opération, dont l’intercommunalité n’aurait pris connaissance que tardivement, qui aura certes un coût conséquent, mais qui pourrait surtout conduire à la destruction de 20 hectares de végétation dans un espace remarquable qui abrite de plus des tortues d’Hermann, une espèce elle-même protégée.
« Il est essentiel d’être précis sur les termes utilisés : le débroussaillage demandé n’est pas un défrichement. Il s’agit de l’application des Obligations Légales de Débroussaillage (OLD) telles que définies dans le Code forestier pour les constructions. Cette exigence sera appliquée sous le câble du téléphérique. Celle-ci a été formulée après l’attribution du marché, et la CAPA s’y conformera dans le strict respect des recommandations du guide de la DREAL publié en 2023, notamment pour assurer la protection de la tortue d’Hermann », tient à souligner la CAPA alors que du côté des services de l’État, on se contente seulement d’indiquer que cette dernière « a transmis un dossier qui est en cours d’instruction » pour définir les modalités de cette intervention. Plus loin, la CAPA précise que « concernant l’impact environnemental, les OLD ne signifient pas un arasement systématique de la végétation, mais une gestion raisonnée visant à limiter les risques d’incendie tout en préservant la biodiversité locale ».
« Un coup de massue énorme »
Si rien ne semble donc arrêté, la révélation de cet impact environnement a mis le feu aux poudres. Claude Glinatsis, président de l’association Pietralba Autrement qui a suivi attentivement ce projet de téléporté depuis ses premières heures, avoue ainsi « être tombé des nues à la lecture de cet article ». « Nous ne nous sommes pas opposés au téléporté car on nous avait dit qu’il n’y aurait que de petits démaquisages à l’endroit où il y aurait les pylônes. La lecture de ce chiffre de 20 hectares m’a abasourdi. C’est un coup de massue énorme. Cela dépasse l’entendement, c’est un saccage environnemental qui est en train de se préparer et auquel nous allons nous opposer », souffle-t-il en glissant : « Nous nous sommes battus pour empêcher qu’on construise une route sur ce site, mais si c’était pour faire cela on aurait finalement dû la laisser passer ».
Pour autant, il se refuse à mettre ce revirement de situation sur le dos de la CAPA et évoque de multiples réunions avec des représentants des services de l’État et autres conseils des sites lors desquels la problématique de sécurité incendie « n’a jamais été évoquée ». « Dans cette affaire, je ne pense pas que la CAPA soit fautive. Nous avons tous les documents qui ont été élaborés lors des discussions de ce projet. L’État ne peut pas se réveiller maintenant et imposer quelque chose qui va tout défigurer », grince-t-il. « J’ai eu contact avec plusieurs associations dès ce matin. Nous allons très vite organiser une réunion. Nous ne laisserons pas cela se faire », affirme-t-il par ailleurs en relevant qu’au vu de ces OLD, « il est exclu que le téléporté soit mis en service au mois d’août ». « S’il faut démaquiser dans un espace remarquable dans lequel il y a des tortues d’Hermann, cela ne se fait pas n’importe quand et n’importe comment. Il est absolument interdit de démaquiser hors de la période d’hibernation des tortues et cela ne peut se faire qu’à la main », explique-t-il en martelant : « Il est hors de question de rentrer à la hussarde de tout massacrer ».
Femu a Corsica demande « la tenue d’un conseil municipal et communautaire exceptionnels »
Alors qu’il s’est toujours montré frontalement opposé au projet de téléporté, le parti Femu a Corsica n’a lui aussi pas tardé à réagir aux révélations de Corse Matin. « Dès 2023, nous montions au créneau contre ce projet inutile, démesuré, aux coûts financiers – près de 40 millions d’euros – et écologiques exorbitants et injustifiés », rappelle-t-il dans un communiqué en soulignant qu’à l’époque il avait interpellé le président de la CAPA et maire d’Ajaccio, Stéphane Sbraggia, ainsi que l’État « concernant l’aspect sécuritaire du projet » et notamment le risque incendie. « Au cours d’une conférence de presse tenue sur site le 23 juin 2023, avec Femu a Corsica, nous déplorions déjà l’entêtement de la majorité municipale et communautaire sur ce projet insensé, démesuré et très largement impopulaire », insiste le mouvement autonomiste en demandant aujourd’hui dans ce droit fil à la CAPA et à la mairie d’Ajaccio « de cesser leur entêtement catastrophique sur ce projet et demande la tenue d’un conseil municipal et communautaire exceptionnels ».
Dans la même dynamique, Core in Fronte s’est également exprimé dans un communiqué intitulé « Chronique d'un échec annoncé ». « À l'échec économique d'un projet non rentable, prévu initialement à plus de 36 millions d'euros et qui devrait l'être de plusieurs millions supplémentaires et porté par une enquête publique truquée, vient s'ajouter la catastrophe écologique qui, si elle était déjà annoncée, sera d'ampleur encore plus importante puisque la forêt de la montagne Sant'Angelo finira d'être rasée détruisant faune et flore au profit d'un projet présenté comme écologique par la majorité municipale d'Aiacciu », écrit le parti
Enfin, le Partitu di a Nazione Corsa fait de son côté part de son « inquiétude persistante » rappelant avoir toujours montré un certain « scepticisme, quant à un projet qui semblait pour le moins inadapté à une ville telle qu’Aiacciu ». Une position largement portée par les conseillers municipaux du mouvement siégeant dans le groupe d’opposition Pà Aiacciu, qui avaient versé une contribution à l’enquête publique à l’été 2023, dans laquelle ils mettaient notamment en exergue « un coût financier démesuré et difficilement supportable » et relevaient déjà « l’obligation légale de démaquisage sur 20 hectares qui représente aussi un désastre environnemental ».
« Un projet ambitieux et innovant »
Face à cette levée de boucliers, dans un communiqué envoyé à la presse en fin de journée, Stéphane Sbraggia a tenu à « resituer les enjeux ». « Chaque transformation majeure d’un territoire, chaque avancée qui bouscule les habitudes amène son lot de doutes et de questionnements », écrit-il reconnaissant que s’il est « le propre des sociétés démocratiques que d’en débattre », « entre le débat constructif et l’instrumentalisation politicienne, existe un fossé dans lequel certains s’enfoncent à l’envi ».
« La ficelle est grossière. Il est aisé de convoquer des images anxiogènes et analyses caricaturales, de brandir des hypothèses dramatiques et de souffler sur les braises de la désinformation », fustige-t-il en soutenant par ailleurs que « le téléporté est un projet ambitieux et innovant » qui « contribuera à désenclaver une entrée de ville asphyxiée ». « Il ne s’agit pas d’un caprice, mais d’une approche rationnelle, complémentaire des autres moyens de transport et inscrite dans une stratégie globale de mobilité », appuie-t-il encore.
Avant même la fin des travaux il ferait ainsi déjà l’objet d’un surcoût et pourrait afficher un important déficit d’exploitation une fois mise en route. En outre, en vertu d’une obligation légale de débroussaillage découlant du Code forestier, le groupement technique permanent de défense de la forêt française contre les incendies impose à la CAPA de démaquiser 50 mètres de chaque côté du câble dans la zone du Stiletto et du Mont Sant’Angelo. Une opération, dont l’intercommunalité n’aurait pris connaissance que tardivement, qui aura certes un coût conséquent, mais qui pourrait surtout conduire à la destruction de 20 hectares de végétation dans un espace remarquable qui abrite de plus des tortues d’Hermann, une espèce elle-même protégée.
« Il est essentiel d’être précis sur les termes utilisés : le débroussaillage demandé n’est pas un défrichement. Il s’agit de l’application des Obligations Légales de Débroussaillage (OLD) telles que définies dans le Code forestier pour les constructions. Cette exigence sera appliquée sous le câble du téléphérique. Celle-ci a été formulée après l’attribution du marché, et la CAPA s’y conformera dans le strict respect des recommandations du guide de la DREAL publié en 2023, notamment pour assurer la protection de la tortue d’Hermann », tient à souligner la CAPA alors que du côté des services de l’État, on se contente seulement d’indiquer que cette dernière « a transmis un dossier qui est en cours d’instruction » pour définir les modalités de cette intervention. Plus loin, la CAPA précise que « concernant l’impact environnemental, les OLD ne signifient pas un arasement systématique de la végétation, mais une gestion raisonnée visant à limiter les risques d’incendie tout en préservant la biodiversité locale ».
« Un coup de massue énorme »
Si rien ne semble donc arrêté, la révélation de cet impact environnement a mis le feu aux poudres. Claude Glinatsis, président de l’association Pietralba Autrement qui a suivi attentivement ce projet de téléporté depuis ses premières heures, avoue ainsi « être tombé des nues à la lecture de cet article ». « Nous ne nous sommes pas opposés au téléporté car on nous avait dit qu’il n’y aurait que de petits démaquisages à l’endroit où il y aurait les pylônes. La lecture de ce chiffre de 20 hectares m’a abasourdi. C’est un coup de massue énorme. Cela dépasse l’entendement, c’est un saccage environnemental qui est en train de se préparer et auquel nous allons nous opposer », souffle-t-il en glissant : « Nous nous sommes battus pour empêcher qu’on construise une route sur ce site, mais si c’était pour faire cela on aurait finalement dû la laisser passer ».
Pour autant, il se refuse à mettre ce revirement de situation sur le dos de la CAPA et évoque de multiples réunions avec des représentants des services de l’État et autres conseils des sites lors desquels la problématique de sécurité incendie « n’a jamais été évoquée ». « Dans cette affaire, je ne pense pas que la CAPA soit fautive. Nous avons tous les documents qui ont été élaborés lors des discussions de ce projet. L’État ne peut pas se réveiller maintenant et imposer quelque chose qui va tout défigurer », grince-t-il. « J’ai eu contact avec plusieurs associations dès ce matin. Nous allons très vite organiser une réunion. Nous ne laisserons pas cela se faire », affirme-t-il par ailleurs en relevant qu’au vu de ces OLD, « il est exclu que le téléporté soit mis en service au mois d’août ». « S’il faut démaquiser dans un espace remarquable dans lequel il y a des tortues d’Hermann, cela ne se fait pas n’importe quand et n’importe comment. Il est absolument interdit de démaquiser hors de la période d’hibernation des tortues et cela ne peut se faire qu’à la main », explique-t-il en martelant : « Il est hors de question de rentrer à la hussarde de tout massacrer ».
Femu a Corsica demande « la tenue d’un conseil municipal et communautaire exceptionnels »
Alors qu’il s’est toujours montré frontalement opposé au projet de téléporté, le parti Femu a Corsica n’a lui aussi pas tardé à réagir aux révélations de Corse Matin. « Dès 2023, nous montions au créneau contre ce projet inutile, démesuré, aux coûts financiers – près de 40 millions d’euros – et écologiques exorbitants et injustifiés », rappelle-t-il dans un communiqué en soulignant qu’à l’époque il avait interpellé le président de la CAPA et maire d’Ajaccio, Stéphane Sbraggia, ainsi que l’État « concernant l’aspect sécuritaire du projet » et notamment le risque incendie. « Au cours d’une conférence de presse tenue sur site le 23 juin 2023, avec Femu a Corsica, nous déplorions déjà l’entêtement de la majorité municipale et communautaire sur ce projet insensé, démesuré et très largement impopulaire », insiste le mouvement autonomiste en demandant aujourd’hui dans ce droit fil à la CAPA et à la mairie d’Ajaccio « de cesser leur entêtement catastrophique sur ce projet et demande la tenue d’un conseil municipal et communautaire exceptionnels ».
Dans la même dynamique, Core in Fronte s’est également exprimé dans un communiqué intitulé « Chronique d'un échec annoncé ». « À l'échec économique d'un projet non rentable, prévu initialement à plus de 36 millions d'euros et qui devrait l'être de plusieurs millions supplémentaires et porté par une enquête publique truquée, vient s'ajouter la catastrophe écologique qui, si elle était déjà annoncée, sera d'ampleur encore plus importante puisque la forêt de la montagne Sant'Angelo finira d'être rasée détruisant faune et flore au profit d'un projet présenté comme écologique par la majorité municipale d'Aiacciu », écrit le parti
Enfin, le Partitu di a Nazione Corsa fait de son côté part de son « inquiétude persistante » rappelant avoir toujours montré un certain « scepticisme, quant à un projet qui semblait pour le moins inadapté à une ville telle qu’Aiacciu ». Une position largement portée par les conseillers municipaux du mouvement siégeant dans le groupe d’opposition Pà Aiacciu, qui avaient versé une contribution à l’enquête publique à l’été 2023, dans laquelle ils mettaient notamment en exergue « un coût financier démesuré et difficilement supportable » et relevaient déjà « l’obligation légale de démaquisage sur 20 hectares qui représente aussi un désastre environnemental ».
« Un projet ambitieux et innovant »
Face à cette levée de boucliers, dans un communiqué envoyé à la presse en fin de journée, Stéphane Sbraggia a tenu à « resituer les enjeux ». « Chaque transformation majeure d’un territoire, chaque avancée qui bouscule les habitudes amène son lot de doutes et de questionnements », écrit-il reconnaissant que s’il est « le propre des sociétés démocratiques que d’en débattre », « entre le débat constructif et l’instrumentalisation politicienne, existe un fossé dans lequel certains s’enfoncent à l’envi ».
« La ficelle est grossière. Il est aisé de convoquer des images anxiogènes et analyses caricaturales, de brandir des hypothèses dramatiques et de souffler sur les braises de la désinformation », fustige-t-il en soutenant par ailleurs que « le téléporté est un projet ambitieux et innovant » qui « contribuera à désenclaver une entrée de ville asphyxiée ». « Il ne s’agit pas d’un caprice, mais d’une approche rationnelle, complémentaire des autres moyens de transport et inscrite dans une stratégie globale de mobilité », appuie-t-il encore.