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Autonomie : Après la rencontre avec François Rebsamen, les élus corses confiants


le Mardi 11 Février 2025 à 18:35

Pour son deuxième jour de déplacement sur l'île, ce mardi, le nouveau "monsieur Corse" du Gouvernement a échangé l’ensemble du conseil exécutif, puis les présidents de groupes de l’Assemblée de Corse afin d’évoquer la suite du processus de Beauvau. Des rencontres qui semblent globalement avoir rassuré les élus quant à l'aboutissement de la révision constitutionnelle d'ici la fin de l'année.



(Photos : Paule Santoni)
(Photos : Paule Santoni)
« Un point d’information et d’écoute important ». Au deuxième jour de sa première visite en Corse, le ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation, ce mardi, François Rebsamen a consacré une large partie de sa matinée ajaccienne à une séquence politique, en rencontrant tout d’abord l’ensemble du conseil exécutif, puis les présidents de groupes de l’Assemblée de Corse durant plus d'une heure, afin d’évoquer la suite du processus de Beauvau. « C’était un débat très respectueux, avec des prises de position sincères, beaucoup de franchise dans les expressions, et une même volonté, malgré les nuances, d’avancer dans l’intérêt de la Corse et de ses habitants », a-t-il résumé lors d’un point presse à l’issue des deux réunions, « J’en retire une certaine volonté commune de redonner espoir à travers l’aboutissement du processus dans lequel nous sommes à nouveau engagé ». Alors qu’il ne cesse depuis lundi d’assurer de son « engagement » et de sa « détermination » pour mener à bien la révision constitutionnelle portant un statut d’autonomie pour l’île d'ici la fin de l'année, le nouveau « monsieur Corse » du Gouvernement a estimé que « l’échec serait très dangereux ». « Je pense que l’inscription de la Corse dans la Constitution sera, avec tout ce qui en découle, un moment majeur pour cette île », a-t-il indiqué en soulignant que le vote des écritures constitutionnelles à la quasi-unanimité « oblige ceux qui ont voté à aller à l’aboutissement de ce processus ».
 
« Nous avons pu réaffirmer notre volonté farouche de réussir, lui dire qu’il n’y a pas d’autre alternative », a d’ailleurs appuyé Romain Colonna pour Fà Populu Inseme. « À ce stade, nous avons pu échanger et donner les informations nécessaires au ministre Rebsamen pour qu’il prenne l’exacte mesure de ce qui se joue démocratiquement en Corse et nous avons ajouté également qu’il ne peut y avoir de compromis au compromis », a-t-il ajouté en se réjouissant de « l’écoute attentive » du ministre. 
 
 

Du côté de la droite, Jean-Martin Mondoloni note « une forme de sagesse et un ton rassurant » de François Rebsamen « qui permet à tout le monde d’y trouver son compte ». « Il nous a beaucoup écouté et je pense qu’il a été assez rassurant sur sa volonté de voir le processus mené à terme avant la fin de l’année. Il connait bien le contexte, il connait le texte de consensus que nous avons réussi à élaborer et a rappelé qu’il fallait maintenant poursuivre », renchérit Valérie Bozzi, la co-présidente d’Un Soffiu Novu, en regrettant en revanche que ses interrogations répétées sur l’organisation d’un référendum n’aient pas trouvé de réponse. « J’ai l’impression qu’ils souhaitent plutôt attendre les lois organiques pour consulter la population », souffle-t-elle tandis que Jean-Martin Mondoloni reprend : « Nous aurions aimé au moins avoir une date concernant la consultation. Je pense que le temps est venu que les Corses puissent dire ce qu’ils pensent de ce sujet. Ma conviction c’est qu’on est pas du tout dans les mêmes proportions que ce qu’on peut rencontrer à l’Assemblée de Corse. Je pense qu’une consultation des Corses sur l’autonomie éclairerait le Parlement pour les travaux à venir ». 
 
Le leader d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini se félicite pour sa part de premiers échanges avec le ministre « de bon aloi » pour la suite du processus. « On n’est pas dans quelque chose qui s’apparenterait à une manœuvre dilatoire, on est a priori dans la volonté de reprendre un dossier. Il faut quand même noter qu’on change de ministre et de sensibilité politique, mais qu’en même temps on maintient un cap avec des étapes et une ligne d’arrivée clarifiée. À ce stade, je pense qu’on peut être assez heureux de ce qui est en train de se passer parce que je crois qu’on est encore et largement en mesure d’y arriver », commente-t-il.
 
 

La satisfaction semble en revanche moins marquée du côté des indépendantistes. « Nous avons acté que l’écriture constitutionnelle est un consensus qui ne fera pas l’objet d’une modification complémentaire et que le travail restant à faire aujourd’hui est l’écriture du statut d’autonomie intrinsèquement avec la loi organique, les compétences transférées, les étapes, les moyens, tout ce qui doit être annexé ou rajouté de manière parallèle à la discussion parlementaire », convient Paul-Félix Benedetti. Le président de Core in Fronte affirme toutefois : « Nous indépendantistes qui avons fait des concessions assez fortes, nous ne pourrons pas accepter que par le truchement d’un passage avec une forte censure du Sénat, la loi organique ne mentionne aucun transfert de compétences, ne mentionne pas un calendrier de transferts, et que ces transferts soient simplement de l’ordre de la réglementation. À ce moment là ce n’est plus de l’autonomie, mais du régionalisme à la française. Je crois que la Corse l’avait déjà en 1969 au référendum du Général De Gaulle. Il serait temps de passer à l’étape évolutive supérieure et que l’autonomie de la Corse soit a minima la même que celle de la Sardaigne ou de la Sicile ».
 
Enfin, sans surprise, la représentante de Nazione, Josepha Giacometti Piredda, ne retire pour sa part pas grand-chose de cette rencontre. « Je n’ai pas adhéré à la dernière écriture constitutionnelle qui ouvre le champ à beaucoup trop d’ambiguïté sur la notion de peuple, sur les possibilités d’agir en matière de foncier, de langue, de fiscalité, tout était laissé à mailles très large et on sait par expérience que nous sommes souvent sortis de l’ambiguïté à nos dépens. Quand en plus on nous annonce de nouveaux compromis au regard de l’instabilité française actuelle, cela peut s’entendre, on peut être très réservé », glisse-t-elle.