Kamil Zihnioglu, Laura Gonçalves-Santoni et Juana Macari, directrice de Una Volta, ont inauguré l'expo visible jusqu'au 12 juillet
Tous deux renvoient déjà l’image de la jeunesse. Une image propre, saine, point retouchée, spontanée, sans cliché. Dans leurs yeux, leurs gestes, on détecte tout de suite la passion, l’amour d’un métier qu’ils ont choisi dès leur plus tendre enfance, la fascination pour la Corse aussi.
Laura Gonçalves-Santoni est Bastiaise, de racine fiumorbaise par sa mère. C’est à 6 ans, en visionnant un documentaire à la télévision, que lui vient le gout pour l’image, la vidéo. Son adolescence passée, elle part sur le continent pour s’initier au métier qu’elle a choisi. Etudes de cinéma et arts visuels…. elle affine ensuite son talent de vidéaste à Montréal où elle y explore la mise en espace des vidéos. Entre Canada, Paris et la Corse elle construit aujourd’hui des films, des documentaires, des vidéos artistiques, des campagnes de prévention….
Son travail a reçu des distinctions dans des festivals tels que « Vidéoformes » en France et « Fantasia » au Canada. « J’aime l’humain et la plastique vidéo et dans mon travail j’ai toujours une réflexion sur la condition humaine, le pouvoir des images, l’addiction, la dépendance et le manque à travers l’image ». Dans cette double exposition « Les Paradis Artificiels » et « Vidéotine » elle utilise ses souvenirs d’enfance, ses paradis perdus, à travers l’histoire d’une personne. Elle dévoile des paysages qui n’existent plus que dans la mémoire des personnes. « Il y a la question du manque, de la substitution : les images vont-elles pouvoir remplacer les gens et les lieux ? ». Laura relate la disparition des espaces sauvages ensevelis par l’urbanisation. Des paysages qui n’existent plus qu’à l’état d’image, simulés sur les écrans des villes, et dans la mémoire. C’est l’histoire d’un bord de plage disparu, recouvert par des constructions, à l’instar des souvenirs qui se délitent. Une femme se souvient. La reviviscence de la complétude ressentie en contemplant l’horizon infini. L’éternel mouvement des vagues incarnent l’obsession de cette femme pour ce souvenir. L’image procure par substitution, comme un paradis artificiel. Au second étage du centre culturel : Vidéotine. « J’y évoque le caractère addictif des médias. Les vidéos en sculpture prennent une forme comestible. Elles sont des « vidéotines », des friandises visuelles inspirées du processus de fabrication du sucre ».
Un enfant de la balle
Dans une autre galerie toute proche, le photographe franco-allemand Kamil Zihnioglu. Comme on dit, le jeune homme est un enfant de la balle : Un père photo-journaliste turc, une mère allemande et syrienne, iconographe. Baigné dans ce monde de l’image, il n’est toutefois pas vraiment encouragé par ses parents à suivre la même voie. Durant son adolescence il n’a de cesse de photographier son quotidien, ses voyages, ses amis. Il en vient tout naturellement au photojournalisme. En parallèle de ses études de photographie à l’École de Condé, il collabore avec les réputées agences Sipa Press et Associated Press.
La Corse ? Il la connait par des cousins de Porto Vecchio auxquels il rend visite depuis presque toujours. Au contact de cette île qui le fascine il se rapproche de la photographie documentaire au travers de laquelle il développe un travail personnel, intitulé Intraccià, Sur les traces, qui interroge les identités multiples de la Corse. En 2020, il se fixe dans le sud de l’île où il démarre une quête impossible, celle de saisir en images l’identité de ce territoire et de celles et ceux qui le peuplent. « Il y a plusieurs identités en Corse et j’ai chopé des fragments de ces identités. A travers mes propres émotions, je me suis laissé guider et j’essaye de montrer comment à travers notre intime, on part à l’universel».
« Ici ou ailleurs, comment embrassons-nous un lieu qu’on aime ? »
C’est la question que se pose Kamil Zihnioglu lorsqu’il sillonne la Corse à la rencontre de ses habitants. En laissant de côté son approche de journaliste, il a nous fait découvrir un voyage sans destination, celui de l’exploration des sentiments que provoque la Corse, loin, bien loin des « clichés » attendus. Il puise des traces sensibles pour redessiner une carte intime et poétique de la Corse. Intraccià, est le fruit de cette errance, cet amour et ce sentiment inexplicable d’appartenance pour une terre qui n’est pas la sienne. Le projet photographique Intraccià a obtenu le soutien du CNAP en 2021 et de la Grande Commande photographique de la BnF en 2022. Cette cartographie visuelle et sensible du territoire visible lors de cette exposition est devenu un beau livre photographique, édité par Saetta, qui sort en ce mois de juin et que Kamil présentera lors de cette exposition. Une exposition qui se lit d’ailleurs à l’envers du livre, comme séquencé par les émotions, le questionnement, les paradoxes corses. En attendant de partir un jour découvrir la Turquie de ses ancêtres.
Laura Gonçalves-Santoni est Bastiaise, de racine fiumorbaise par sa mère. C’est à 6 ans, en visionnant un documentaire à la télévision, que lui vient le gout pour l’image, la vidéo. Son adolescence passée, elle part sur le continent pour s’initier au métier qu’elle a choisi. Etudes de cinéma et arts visuels…. elle affine ensuite son talent de vidéaste à Montréal où elle y explore la mise en espace des vidéos. Entre Canada, Paris et la Corse elle construit aujourd’hui des films, des documentaires, des vidéos artistiques, des campagnes de prévention….
Son travail a reçu des distinctions dans des festivals tels que « Vidéoformes » en France et « Fantasia » au Canada. « J’aime l’humain et la plastique vidéo et dans mon travail j’ai toujours une réflexion sur la condition humaine, le pouvoir des images, l’addiction, la dépendance et le manque à travers l’image ». Dans cette double exposition « Les Paradis Artificiels » et « Vidéotine » elle utilise ses souvenirs d’enfance, ses paradis perdus, à travers l’histoire d’une personne. Elle dévoile des paysages qui n’existent plus que dans la mémoire des personnes. « Il y a la question du manque, de la substitution : les images vont-elles pouvoir remplacer les gens et les lieux ? ». Laura relate la disparition des espaces sauvages ensevelis par l’urbanisation. Des paysages qui n’existent plus qu’à l’état d’image, simulés sur les écrans des villes, et dans la mémoire. C’est l’histoire d’un bord de plage disparu, recouvert par des constructions, à l’instar des souvenirs qui se délitent. Une femme se souvient. La reviviscence de la complétude ressentie en contemplant l’horizon infini. L’éternel mouvement des vagues incarnent l’obsession de cette femme pour ce souvenir. L’image procure par substitution, comme un paradis artificiel. Au second étage du centre culturel : Vidéotine. « J’y évoque le caractère addictif des médias. Les vidéos en sculpture prennent une forme comestible. Elles sont des « vidéotines », des friandises visuelles inspirées du processus de fabrication du sucre ».
Un enfant de la balle
Dans une autre galerie toute proche, le photographe franco-allemand Kamil Zihnioglu. Comme on dit, le jeune homme est un enfant de la balle : Un père photo-journaliste turc, une mère allemande et syrienne, iconographe. Baigné dans ce monde de l’image, il n’est toutefois pas vraiment encouragé par ses parents à suivre la même voie. Durant son adolescence il n’a de cesse de photographier son quotidien, ses voyages, ses amis. Il en vient tout naturellement au photojournalisme. En parallèle de ses études de photographie à l’École de Condé, il collabore avec les réputées agences Sipa Press et Associated Press.
La Corse ? Il la connait par des cousins de Porto Vecchio auxquels il rend visite depuis presque toujours. Au contact de cette île qui le fascine il se rapproche de la photographie documentaire au travers de laquelle il développe un travail personnel, intitulé Intraccià, Sur les traces, qui interroge les identités multiples de la Corse. En 2020, il se fixe dans le sud de l’île où il démarre une quête impossible, celle de saisir en images l’identité de ce territoire et de celles et ceux qui le peuplent. « Il y a plusieurs identités en Corse et j’ai chopé des fragments de ces identités. A travers mes propres émotions, je me suis laissé guider et j’essaye de montrer comment à travers notre intime, on part à l’universel».
« Ici ou ailleurs, comment embrassons-nous un lieu qu’on aime ? »
C’est la question que se pose Kamil Zihnioglu lorsqu’il sillonne la Corse à la rencontre de ses habitants. En laissant de côté son approche de journaliste, il a nous fait découvrir un voyage sans destination, celui de l’exploration des sentiments que provoque la Corse, loin, bien loin des « clichés » attendus. Il puise des traces sensibles pour redessiner une carte intime et poétique de la Corse. Intraccià, est le fruit de cette errance, cet amour et ce sentiment inexplicable d’appartenance pour une terre qui n’est pas la sienne. Le projet photographique Intraccià a obtenu le soutien du CNAP en 2021 et de la Grande Commande photographique de la BnF en 2022. Cette cartographie visuelle et sensible du territoire visible lors de cette exposition est devenu un beau livre photographique, édité par Saetta, qui sort en ce mois de juin et que Kamil présentera lors de cette exposition. Une exposition qui se lit d’ailleurs à l’envers du livre, comme séquencé par les émotions, le questionnement, les paradoxes corses. En attendant de partir un jour découvrir la Turquie de ses ancêtres.