Roland Seitre, au centre, et son équipe à Poretta : Kilien de Chateauvieux, ornithologue et entomologiste et Yoann Oury, botaniste et écologue
«L’idée est de mesurer l’évolution de la biodiversité, de veiller à sa préservation, et de montrer que les acteurs du transport aérien ont un engagement responsable vis-à-vis de l’environnement et savent le partager » explique Roland Seitre, directeur de l’association. Roland Seitre a participé à la naissance de l’association en utilisant ses acquis : vétérinaire praticien, responsable de la création d’une station d’élevage de faune sauvage en Arabie Saoudite, photo-reporter indépendant spécialisé dans la relation entre l’homme et la nature durant 25 ans, communiquant et conseil en entreprise sur la biodiversité. «Nous travaillons en partenariat avec les aéroports*, l’Aviation Civile, la Fédération des Aéroclubs, le Muséum national d’Histoire naturelle et les compagnies aériennes Air France, Air Corsica et HOP ».
Responsable de la mission à Poretta ces deux jours, il avait à ses cotés Kilien de Chateauvieux, ornithologue et entomologiste et Yoann Oury, botaniste et écologue. Pour sa mission, Aéro Biodiversité s’appuie sur un Comité scientifique réunissant des scientifiques du Muséum d’Histoire Naturelle et des universitaires. Hors zone industrielle un aéroport et ses pistes sont entourés d’espaces verts, de prairies aéronautiques plus ou moins anciennes, parfois de cultures règlementées. Des zones closes, protégées de nombreuses actions humaines pour des raisons de sécurité. La nature y est ainsi souvent préservée, et pour une grande part mise à l’abri du développement urbain. Pour l’association créée en 2015, cette biodiversité mérite d’être considérée, évaluée, améliorée, et peut participer au mieux-être de tous. Le choix des méthodes scientifiques, validé par le Comité Scientifique, s’est appuyé sur une dizaine de protocoles participatifs**. Elles permettent de mieux connaître la biodiversité des plateformes, mais aussi l’appropriation par le personnel de cette connaissance. Tous les aéroports engagés, 25 au total principalement dans le sud de la France mais aussi en Outre-mer, suivent cette démarche, qui établit des inventaires non exhaustifs, avec leurs personnels propres et avec les employés d’autres entreprises présentes sur le site et intéressées, y compris ceux des compagnies aériennes. Le projet a d’ores et déjà permis l’observation régulière de plus de 250 espèces d’oiseaux et d’une cinquantaine de mammifères en comptant les chauves-souris mais surtout d’une végétation et d’une microfaune très variées, souvent bien plus abondantes et diverses que sur les parcelles alentours. De plus, il apparaît que cette vie sauvage est peu impactée par les activités aéronautiques et le mode de gestion des prairies (une à deux fauches par an) mis en place par les responsables. Sur un aéroport, les activités humaines sont localisées (avions, pistes aérogares, fret), donc peu perturbatrices, à condition que les émissions soient contrôlées au mieux et les eaux usées collectées, comme l’exige la règlementation. «Aujourd’hui il faut arrêter de dire que environnement et industrie ne font pas bon ménage» souligne Roland Seitre, «ils peuvent cohabiter. En gérant mieux un aéroport, on peut obtenir plus de biodiversité, plus de sécurité et plus d’économie. Un aéroport aujourd’hui constitue une sorte de relique car la zone est très surveillée ».
En Corse
Sur notre île, deux aéroports sont partenaires depuis presque le début de l’aventure, il y a 5 ans. Ajaccio Napoléon Bonaparte et Bastia-Poretta. «Nous effectuons plusieurs fois par an des relevés sur les 2 sites, selon les protocoles. On recense vers, oiseaux, végétaux, mammifères, papillons, suivant la saison. Cela nous permet d’évaluer la biodiversité de façon ordinaire. La biodiversité, je vous le rappelle, c’est tout le vivant qui produit de la vie nécessaire à l’équilibre planétaire Ce qui nous intéresse c’est la qualité de l’écosystème. En Corse nous avons obtenu de très bons résultats et nos conseils portent leurs fruits. Par exemple, concernant la fauche. Il n’est pas bon de couper l’herbe à ras. Car dans ce cas là les oiseaux, dont les rapaces, viendront nombreux se poser et manger les insectes et occasionnant des dangers pour les avions. En laissant une certaine hauteur de tige, on éloigne les oiseaux. On préconise aussi la mise en place de plan de fauche pour anticiper la végétation, pour limiter les coûts, le risque animalier. Et on a constaté une réelle amélioration. A Poretta où la végétation est typique de la plaine orientale on a un tapis d’orchidées exceptionnel, un véritable cortège de plants et d’animaux. On a repéré de gros insectes ce qui est synonyme d’un écosystème en bon état. Il y a une vraie richesse. C’est différent à Ajaccio, en fonds de vallée, qui lui présente des lichens remarquables. Le site de l’aéroport présente un gradient d’écosystème très intéressant. Il y a une vraie richesse sur ces deux aéroports ».
Cette mission intervient quelques semaines après le déconfinement. Le confinement a-t-il eu une incidence sur la biodiversité des aéroports ? «Déjà durant le confinement nous n’avons pas pu travailler. Ensuite nous n’avons pas les éléments scientifiques pour argumenter. Mais je ne pense pas que le confinement ait eu une incidence. L’impact positif a peut-être été le retard pris par les fauches».
*Membre adhérents
Air Saint-Pierre
FFA - Fédération Française Aéronautique (Aérodromes de Vesoul,
Gray, Chartres, Andernos et Graulhet)
Groupe Aéroports de Paris (Paris-Orly, Paris-Charles de Gaulle, Le
Bourget, Pontoise Cormeilles-en-Vexin, Issy-les-Moulineaux)
UAF - Union des Aéroports Français
Aéroport d’Ajaccio-Napoléon Bonaparte
Aéroport de Bastia Poretta
Aéroport de Brive-Vallée de la Dordogne
Aéroport de Carcassonne Sud-de-France
Aéroport de Castres-Mazamet
Aéroport de La Réunion - Roland Garros
Aéroport de Pau Pyrénées
Aéroport de Perpignan Sud de France
Aéroport de Saint-Pierre Pointe-Blanche
Aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées
Aéroport de Toulouse-Blagnac
Aéroport de Tours Val-de-Loire
**Les protocoles
1- Suivi de la faune du sol sous des « Planches à invertébrés » Escargots et limaces sont sensibles à la façon dont l’espace est entretenu. Ils sont plus nombreux et diversifiés avec un mode de gestion « naturel », ils vivent assez longtemps et sont peu mobiles. 2- Suivi des abeilles solitaires via « Nichoirs à pollinisateurs » De nombreuses études ont montré leur importance dans la pollinisation. Certaines sont actives dès le mois de mars, plus tôt que l’abeille domestique. 3- Suivi des lépidoptères via « Transects Papillons » Sensibles aux modifications d’habitat et à la présence de plantes sauvages, parfois très spécialisés, ils sont indicateurs de l’état du milieu et des pollinisateurs. 4- Suivi des vers de terre via « Test Bêche Vers de Terre »Bons indicateurs de la qualité du sol et indispensables à sa fertilité, ils témoignent des pratiques de gestion de la prairie. 5- Suivi Photographique des Insectes Pollinisateurs SPIPOLL Permet la mesure de la diversité des insectes pollinisateurs au cours du temps et dans l’espace. 6- Suivi des chiroptères via « Vigie-Chiro Point Fixe » Les enregistrements nocturnes des ultrasons des chauves souris font évoluer rapidement les connaissances sur ce groupe discret. 7- Suivi des oiseaux via « Estimation Ponctuelle d’Oiseaux Communs » Ce sont de bons indicateurs de la structure et composition des paysages. 85% des espèces présentes peuvent être inventoriées en 2 journées de terrain, surtout en milieu ouvert. 8- Suivi des hauteurs de végétation et présence d’oiseaux selon ces hauteurs Les relevés réguliers des hauteurs de végétation assurent le suivi des modes de gestion de la plateforme. 9- Présence d’oiseaux posés en fonction des hauteurs de végétation Ces relevés fournissent des données utiles pour la gestion du risque animalier sur les plateformes. 10- Étude des pelotes de réjection de rapaces. La récolte et l’analyse des pelotes permettent un relevé de présence des micromammifères.
Responsable de la mission à Poretta ces deux jours, il avait à ses cotés Kilien de Chateauvieux, ornithologue et entomologiste et Yoann Oury, botaniste et écologue. Pour sa mission, Aéro Biodiversité s’appuie sur un Comité scientifique réunissant des scientifiques du Muséum d’Histoire Naturelle et des universitaires. Hors zone industrielle un aéroport et ses pistes sont entourés d’espaces verts, de prairies aéronautiques plus ou moins anciennes, parfois de cultures règlementées. Des zones closes, protégées de nombreuses actions humaines pour des raisons de sécurité. La nature y est ainsi souvent préservée, et pour une grande part mise à l’abri du développement urbain. Pour l’association créée en 2015, cette biodiversité mérite d’être considérée, évaluée, améliorée, et peut participer au mieux-être de tous. Le choix des méthodes scientifiques, validé par le Comité Scientifique, s’est appuyé sur une dizaine de protocoles participatifs**. Elles permettent de mieux connaître la biodiversité des plateformes, mais aussi l’appropriation par le personnel de cette connaissance. Tous les aéroports engagés, 25 au total principalement dans le sud de la France mais aussi en Outre-mer, suivent cette démarche, qui établit des inventaires non exhaustifs, avec leurs personnels propres et avec les employés d’autres entreprises présentes sur le site et intéressées, y compris ceux des compagnies aériennes. Le projet a d’ores et déjà permis l’observation régulière de plus de 250 espèces d’oiseaux et d’une cinquantaine de mammifères en comptant les chauves-souris mais surtout d’une végétation et d’une microfaune très variées, souvent bien plus abondantes et diverses que sur les parcelles alentours. De plus, il apparaît que cette vie sauvage est peu impactée par les activités aéronautiques et le mode de gestion des prairies (une à deux fauches par an) mis en place par les responsables. Sur un aéroport, les activités humaines sont localisées (avions, pistes aérogares, fret), donc peu perturbatrices, à condition que les émissions soient contrôlées au mieux et les eaux usées collectées, comme l’exige la règlementation. «Aujourd’hui il faut arrêter de dire que environnement et industrie ne font pas bon ménage» souligne Roland Seitre, «ils peuvent cohabiter. En gérant mieux un aéroport, on peut obtenir plus de biodiversité, plus de sécurité et plus d’économie. Un aéroport aujourd’hui constitue une sorte de relique car la zone est très surveillée ».
En Corse
Sur notre île, deux aéroports sont partenaires depuis presque le début de l’aventure, il y a 5 ans. Ajaccio Napoléon Bonaparte et Bastia-Poretta. «Nous effectuons plusieurs fois par an des relevés sur les 2 sites, selon les protocoles. On recense vers, oiseaux, végétaux, mammifères, papillons, suivant la saison. Cela nous permet d’évaluer la biodiversité de façon ordinaire. La biodiversité, je vous le rappelle, c’est tout le vivant qui produit de la vie nécessaire à l’équilibre planétaire Ce qui nous intéresse c’est la qualité de l’écosystème. En Corse nous avons obtenu de très bons résultats et nos conseils portent leurs fruits. Par exemple, concernant la fauche. Il n’est pas bon de couper l’herbe à ras. Car dans ce cas là les oiseaux, dont les rapaces, viendront nombreux se poser et manger les insectes et occasionnant des dangers pour les avions. En laissant une certaine hauteur de tige, on éloigne les oiseaux. On préconise aussi la mise en place de plan de fauche pour anticiper la végétation, pour limiter les coûts, le risque animalier. Et on a constaté une réelle amélioration. A Poretta où la végétation est typique de la plaine orientale on a un tapis d’orchidées exceptionnel, un véritable cortège de plants et d’animaux. On a repéré de gros insectes ce qui est synonyme d’un écosystème en bon état. Il y a une vraie richesse. C’est différent à Ajaccio, en fonds de vallée, qui lui présente des lichens remarquables. Le site de l’aéroport présente un gradient d’écosystème très intéressant. Il y a une vraie richesse sur ces deux aéroports ».
Cette mission intervient quelques semaines après le déconfinement. Le confinement a-t-il eu une incidence sur la biodiversité des aéroports ? «Déjà durant le confinement nous n’avons pas pu travailler. Ensuite nous n’avons pas les éléments scientifiques pour argumenter. Mais je ne pense pas que le confinement ait eu une incidence. L’impact positif a peut-être été le retard pris par les fauches».
*Membre adhérents
Air Saint-Pierre
FFA - Fédération Française Aéronautique (Aérodromes de Vesoul,
Gray, Chartres, Andernos et Graulhet)
Groupe Aéroports de Paris (Paris-Orly, Paris-Charles de Gaulle, Le
Bourget, Pontoise Cormeilles-en-Vexin, Issy-les-Moulineaux)
UAF - Union des Aéroports Français
Aéroport d’Ajaccio-Napoléon Bonaparte
Aéroport de Bastia Poretta
Aéroport de Brive-Vallée de la Dordogne
Aéroport de Carcassonne Sud-de-France
Aéroport de Castres-Mazamet
Aéroport de La Réunion - Roland Garros
Aéroport de Pau Pyrénées
Aéroport de Perpignan Sud de France
Aéroport de Saint-Pierre Pointe-Blanche
Aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées
Aéroport de Toulouse-Blagnac
Aéroport de Tours Val-de-Loire
**Les protocoles
1- Suivi de la faune du sol sous des « Planches à invertébrés » Escargots et limaces sont sensibles à la façon dont l’espace est entretenu. Ils sont plus nombreux et diversifiés avec un mode de gestion « naturel », ils vivent assez longtemps et sont peu mobiles. 2- Suivi des abeilles solitaires via « Nichoirs à pollinisateurs » De nombreuses études ont montré leur importance dans la pollinisation. Certaines sont actives dès le mois de mars, plus tôt que l’abeille domestique. 3- Suivi des lépidoptères via « Transects Papillons » Sensibles aux modifications d’habitat et à la présence de plantes sauvages, parfois très spécialisés, ils sont indicateurs de l’état du milieu et des pollinisateurs. 4- Suivi des vers de terre via « Test Bêche Vers de Terre »Bons indicateurs de la qualité du sol et indispensables à sa fertilité, ils témoignent des pratiques de gestion de la prairie. 5- Suivi Photographique des Insectes Pollinisateurs SPIPOLL Permet la mesure de la diversité des insectes pollinisateurs au cours du temps et dans l’espace. 6- Suivi des chiroptères via « Vigie-Chiro Point Fixe » Les enregistrements nocturnes des ultrasons des chauves souris font évoluer rapidement les connaissances sur ce groupe discret. 7- Suivi des oiseaux via « Estimation Ponctuelle d’Oiseaux Communs » Ce sont de bons indicateurs de la structure et composition des paysages. 85% des espèces présentes peuvent être inventoriées en 2 journées de terrain, surtout en milieu ouvert. 8- Suivi des hauteurs de végétation et présence d’oiseaux selon ces hauteurs Les relevés réguliers des hauteurs de végétation assurent le suivi des modes de gestion de la plateforme. 9- Présence d’oiseaux posés en fonction des hauteurs de végétation Ces relevés fournissent des données utiles pour la gestion du risque animalier sur les plateformes. 10- Étude des pelotes de réjection de rapaces. La récolte et l’analyse des pelotes permettent un relevé de présence des micromammifères.
Aéro biodiversité étudie aussi bien faune que flore sur les aeroports, ici à Poretta (copyright : r.seitre@aerobiodiversite.org
La biodiversité à l'aéroport de Bastia-Poretta. (copyright : r.seitre@aerobiodiversite.org)