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Candidate corse sur la liste EELV, Hélène Sanchez aspire à une Europe apaisée et soucieuse de l’environnement


Francesca-Orsula Angelini le Mercredi 5 Juin 2024 à 15:24

Militante écologiste de la première heure, altermondialiste et partisane du mouvement Utopia, Hélène Sanchez est 43ème sur la liste d’Europe Écologie les Verts (EELV) portée par Marie Toussaint, aux élections européennes du 9 juin. Graveur d’art, originaire de Balagne, elle souhaite pérenniser et améliorer la protection européenne de l’environnement, mais veut défendre aussi, les désirs autonomistes de la Corse.



Hélène Sanchez
Hélène Sanchez
- Pourquoi avez-vous décidé de vous engager dans ces élections européennes au nom d’Europe Écologie les Verts ? 
- Je suis engagée depuis longtemps avec ce groupe et ses idées. En 2008, j’ai intégré Europe Écologie, avant sa fusion avec les Verts. Je pense qu’il est très important que les écologistes soient présents au niveau de l’Europe. Ce sont eux qui ont porté le combat du vivant et de la protection de la Terre. Je suis persuadée qu’il ne peut pas y avoir d’émancipation des peuples sans la solidarité, mais aussi sans le respect de la nature. La protection avec l’environnement ne peut se faire qu’en communauté.


- Comment votre liste et votre programme entendent améliorer l’Europe ? 
- Les députés écologistes européens sont à la bonne échelle pour agir afin de préserver le climat. La tête de liste, Marie Toussaint, qui est juriste, a porté la reconnaissance des crimes contre l’environnement et l’« écocide » au niveau européen. Cela a été une grande victoire. De plus, personne ne parle des fondamentaux de l’Europe. C’est le combat des écolos. Le Pacte vert, qui veut rendre l’Europe neutre en carbone d'ici à 2025, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, fait également partie de ce combat très important. La droite et l’extrême droite veulent le remettre en cause. 

- La Corse subit, elle aussi, le changement climatique. Quels sont les enjeux environnementaux que l’île doit affronter ? 
- D’une part, les problèmes de santé ne sont pas à négliger. La nature et la santé humaine sont extrêmement liées. Au niveau environnemental, il y a beaucoup de microrégions en Corse qui souffrent de stress hydrique, même s’il a beaucoup plu dans certaines zones. Mais la grande crainte à l’avenir, ce sont les incendies. La montée des eaux fait partie de ces autres défis à surveiller de près.
Il faut savoir, aussi, que la France s’engage complètement dans le nucléaire. Même si nous sommes en Corse et que l’on se sent protégés, nous ne le sommes pas du tout. Le nucléaire est un danger environnemental certain. Et parlons du plastique. Une déchetterie pour recycler ce matériau va se construire dans le Tavignanu. Le plastique, c'est un vrai problème. Et les déchets en Corse, c’est une catastrophe.

- Comment les appréhenderez-vous ?    
- Pour les incendies par exemple, il faut promouvoir des politiques publiques pour démaquiser, pour replanter des arbres, pour permettre à des agriculteurs de s’installer et de récupérer des terres à l’abandon. En ce qui concerne la gestion des déchets, nous pouvons agir rapidement. Dès aujourd’hui, nous pouvons décider de faire du tri au porte-à-porte. Mais aussi, empêcher le plastique d’arriver jusqu’à la Corse. Il faut mobiliser les pouvoirs publics et les supermarchés. 95% de notre alimentation est importée. Et la plupart du temps, sous plastique. Cela ne peut plus continuer.
 
- Quelle est votre position sur l’autonomie et la défense de la langue corse ? 
- Il ne faut pas déposséder le peuple de sa parole. Je suis pour une construction collective. Nous écologistes, nous sommes pour l’acceptation des peuples et pour l’autonomie. Nous continuons à réclamer la reconnaissance des langues. Personnellement, je suis pour le bilinguisme et la coofficialité pour évoluer. C’est un combat que je voudrais mener. Mais cette action doit se faire au niveau local, français et européen.
 
- Europe Écologie Les Verts a atteint 8% des voix aux dernières élections. Actuellement, votre groupe dépasse légèrement la barre des 5%, sur les dernières intentions de vote. Comment rassembler les électeurs insulaires autour de la liste que vous représentez ? 
- J’appelle ceux qui veulent  lutter contre la montée de l’extrême droite à se rassembler avec ceux qui désirent que l’écologie soit présentée au Parlement européen. C’est de cette façon que l’on peut essayer d’inverser la tendance. Nous combattons sur la durée alors que le populisme agit pour avoir des voix et des actions dans l’immédiat. Je pense qu’il y aura une mobilisation de dernière minute pour encourager l’écologie. Les Corses nous ont déjà fait confiance dans le passé.  Nos députés européens ont œuvré pour les langues et ils ont été très proches des Corses.  Ce sont des militants. Des gens qui croient en  leurs causes et qui vont les défendre au maximum. 
 
- Si vous êtes élue, quelles seraient vos priorités à défendre, avec intransigeance, au Parlement européen ? 
- La chose à faire avant tout, c’est lorsque nous avons des revendications environnementales, il faut intégrer une justice sociale. On ne peut pas avoir de justice climatique sans ce principe. Ceux qui souffrent le plus des problèmes de santé qui nous sont imposés avec cette agriculture industrielle, par exemple, ce sont les plus pauvres. La Corse est la région la pauvre de France métropolitaine.
Pour moi, il ne faut surtout pas revenir sur les directives climatiques, comme le Pacte vert, pour sauver les générations futures. Je suis également, pour une fiscalité environnementale et pour des produits verts et durables faits en Europe. Les polluants éternels sont à interdire, tout comme le plastique. C’est une des mesures phares que je voudrais défendre. En tant qu’écologiste, je souhaite privilégier l’agriculture paysanne et écologique à l’agroalimentaire industriel.  Il faudrait que la politique agricole commune (PAC) change, car elle privilégie cette industrie. 80% des subventions européennes vont à 20% des exploitations de masse. 
 
- Et quelle serait votre stratégie pour défendre les intérêts de l’île ?
- Je pense qu’il faudrait encourager l’Europe à mieux reconnaître la Méditerranée et ses îles, comme la Corse,  dans sa politique. Pour permettre à ces territoires de sortir du surtourisme, par exemple. Par ailleurs,  il faut amener l’Union européenne à aider les régions méditerranéennes au sujet du changement climatique. Je souhaite que ces régions puissent collaborer.  La Corse doit lier de véritables liens avec les autres.
 
- Le taux d’abstention sur l’île s’élevait à 62% en 2019. Comment comptez-vous motiver les Corses à se présenter aux urnes le 9 juin ?
- Tout d’abord, il faut aller voter et ne pas se laisser déposséder de sa parole. Mais il faut voter pour ceux qui vont défendre l’environnement. La réglementation européenne nous protège. Plus il y aura de députés européens écolos, plus la politique de l’Union sauvegardera la santé et la Terre. Nous continuerons à défendre cette idée d’Europe qui est mal connue et menacée. L’Europe, c’est la paix.