La confrérie Saint-Erasme, fondée au XIXe siècle par des pêcheurs, est la plus récente de la ville. Avec une soixantaine de membres, elle perpétue les traditions transmises par les générations précédentes. Selon Baptiste Disimone, qui suit les pas de son grand-père Joseph, « nous nous réunissons tous les soirs à 18 h dans l'église Saint François pour la neuvaine, une pratique ancienne où les fidèles prient pour les âmes du purgatoire ». Chaque soir, les cinq confréries de la ville — la Miséricorde, Saint Barthélémy, la Vénérable Marie Madeleine, l'archiconfrérie de Sainte-Croix et Saint Erasme — se regroupent pour chanter des hymnes sacrés dédiés aux défunts.
Le dernier dimanche d'octobre marque le début des préparatifs pour la Toussaint. « Le Primo Notturno est chanté ce jour-là pour annoncer l'office religieux », précise Baptiste. Le 1er novembre, une messe est célébrée à 10 h en l’église Saint Dominique, suivie d'une autre messe des défunts à 16 h en l’église Sainte-Marie-Majeure, considérée comme « notre cathédrale » par Baptiste.
Une procession chargée de symboles
Le 2 novembre, le Jour des Morts, une messe des défunts a lieu à 9 h en l’église Saint François, avant que les confrères ne se dirigent vers le cimetière pour la bénédiction des tombes. Ce rituel souligne la foi en la résurrection et la continuité des liens familiaux. « La bénédiction des tombes est un moment crucial où nous reconnectons avec nos ancêtres », explique Baptiste.
La journée est marquée par une atmosphère lourde et réfléchie. « Les chants ont un ton plutôt auguste. On vit ces moments avec un profond recueillement, et l'on pense intensément à nos défunts. C'est un sentiment mêlé de pesanteur, mais sous le signe de la résurrection », ajoute-t-il en observant également que l'engouement pour ces célébrations est moins médiatisé que celui de la Semaine Sainte : « Il y a foule pour la Semaine Sainte, mais pas autant pour la Toussaint, ce qui s'explique par la médiatisation des fêtes religieuses. Cependant, la piété pour I Santi et I Morti demeure forte ».
Pour Baptiste et les membres des confréries, célébrer la mémoire des saints et des défunts est non seulement un devoir, mais un acte de communion et de solidarité entre les générations. « À Bunifazziu, les jeunes comme moi perpétuent ces traditions et sont sensibilisés dès leur plus jeune âge », conclut-il.