« La Corse a beaucoup d’atouts dans le domaine de la santé ». Cette affirmation, bien martelée par le directeur de l’ARS (cf interview) laisse un brin sceptiques les conseillers généraux de Haute-Corse, notamment ceux des cantons ruraux, qui se battent pour empêcher leur territoire de devenir des déserts médicaux. Mais Jean-Jacques Coiplet n’en démord pas et énumère. La Corse affiche une espérance de vie et un taux d’équipement Santé supérieurs à la moyenne nationale. Elle est la 1ère région française pour le nombre d’infirmières par rapport à la population, la 2ème pour les kinésithérapeutes, la 8ème pour les médecins.
Des défis à relever
Elle doit cependant, explique-t-il, faire face à des défis, dont le 1er est le vieillissement de sa population. En 2040, 1 personne sur 3 aura plus de 65 ans contre 1 sur 5 aujourd’hui. Le 2nd est la précarité grandissante qui impacte les services de santé. Le 3ème est la réduction des inégalités sociales et territoriales pour permettre l’accès aux soins. Le 4ème est la nécessité de construire des parcours de prise en charge et de réduire les recours des soins hors de Corse.
Sur 100 patients corses, 85 se font soigner sur place. Sur les 15 qui partent sur le continent, seuls 3 le font par nécessité parce que le plateau technique, que nécessite leur maladie, n’existe pas sur l’île. Les 12 restants font le choix d’aller ailleurs alors qu’ils bénéficient d’une réponse médicale de qualité à proximité de chez eux.
Des objectifs et des priorités
Le directeur de l’ARS cible également trois priorités de lutte : le tabac dont la consommation augmente chez les jeunes, la prévention des grossesses non désirées avec l’île qui détient le triste record du taux d’IVG le plus fort de France et l’addiction aux drogues des plus jeunes.
Il définit des objectifs : la poursuite de la rénovation et de la modernisation du bâti, notamment l’hôpital d’Ajaccio, la modernisation des services ambulatoires et la prise en charge adaptée des flux gériatriques. Egalement, la mise en place de deux services neuro-vasculaires, un à Bastia, l’autre à Ajaccio, pour traiter les AVC (Accidents cardio-vasculaires), de deux centres anti-douleur et d’un centre de santé mentale, ainsi que l’installation d’une 2ème IRM à Bastia.
Aide aux plus fragiles
Côté médico-social, le plan de l’ARS axe ses efforts sur les personnes âgées et les handicapées. Le taux d’équipement global pour les handicapés est inférieur à la moyenne nationale. Par contre, celui des services, notamment du service à domicile, est supérieur. L’idée est de privilégier la prévention, le diagnostic et le dépistage. Pour cela, de créer un centre et des maisons d’accueil sur l’autisme dans les deux grandes villes insulaires et de renforcer l’offre en établissements soignant les troubles du comportement.
Concernant les personnes âgées, Jean-Jacques Coiplet va soulever un paradoxe. La Corse est un territoire vieillissant, mais son taux d’équipement en la matière est en deçà de la moyenne nationale. Malgré un rattrapage assez conséquent du nombre de maisons de retraite, celles-ci peinent à remplir. Aussi l’ARS envisage-t-elle un moratoire de leur création sur les 5 prochaines années.
Des élus inquiets
La présentation du Plan achevé, le directeur de l’ARS s’est prêté aux questions des élus de tous bords, préoccupés par les besoins et les carences dans les territoires. La plus forte doléance concernait, comme on pouvait s’y attendre, les déserts médicaux des communes de l’intérieur. « Il n’y a plus de médecin car il n’y a plus de population. On peut faire ce que l’on voudra, on n’amènera pas de médecin. L’incitation de défiscalisation des horaires de nuit et de jours fériés n’est pas assez rémunératrice pour amener à prendre des gardes », affirme Ange-Pierre Vivoni, élu du Canton de Sagro-di-Santa-Giulia. Le maire de Sisco prône plutôt le développement de la télé-assistance et l’installation d’infirmiers pour assurer, au moins, un suivi médical assisté qui permettrait aux personnes âgées de rester au village.
Un plan minimaliste
A sa suite, Francis Guidici, élu du canton de Ghisoni, est encore plus coupant, estimant la vision d’ensemble du système de santé « floue » et le plan d’action « minimaliste » avec « l’inconvénient de ne pas placer le territoire au cœur des problématiques de santé, en tous cas pas suffisamment à mon goût ». Se demandant quels moyens seront alloués aux objectifs définis par l’ARS, le maire de Ghisonaccia défend le projet de Médipole en cours au Sud de la Plaine Orientale et dont le diagnostic sera présenté au Comité de pilotage à la fin du mois. « Les inquiétudes et les risques sont réels. L’accès aux soins est problématique. Une part importante de personnes renoncent aux soins », indique-t-il, en plaidant pour une concertation et la mise en place de dispositifs innovant.
Enfin, Claude Flori, l’élu du canton du Haut-Nebbiu, va revenir sur les moyens financiers qui, selon lui, ne seront pas au rendez-vous. S’appuyant sur les récentes annonces du 1er ministre en matière d’économie budgétaire, il déclare : « Ce plan d’1 milliard € est présomptueux. Il faut s’attendre à un plan en baisse ».
A chaque fois, le directeur de l’ARS a tenté, tant bien que mal, de calmer les inquiétudes et d’apporter des réponses aux attentes des élus. Un exercice fort difficile sur fond d’austérité budgétaire laissant les élus entre scepticisme et espoir.
N.M.
Des défis à relever
Elle doit cependant, explique-t-il, faire face à des défis, dont le 1er est le vieillissement de sa population. En 2040, 1 personne sur 3 aura plus de 65 ans contre 1 sur 5 aujourd’hui. Le 2nd est la précarité grandissante qui impacte les services de santé. Le 3ème est la réduction des inégalités sociales et territoriales pour permettre l’accès aux soins. Le 4ème est la nécessité de construire des parcours de prise en charge et de réduire les recours des soins hors de Corse.
Sur 100 patients corses, 85 se font soigner sur place. Sur les 15 qui partent sur le continent, seuls 3 le font par nécessité parce que le plateau technique, que nécessite leur maladie, n’existe pas sur l’île. Les 12 restants font le choix d’aller ailleurs alors qu’ils bénéficient d’une réponse médicale de qualité à proximité de chez eux.
Des objectifs et des priorités
Le directeur de l’ARS cible également trois priorités de lutte : le tabac dont la consommation augmente chez les jeunes, la prévention des grossesses non désirées avec l’île qui détient le triste record du taux d’IVG le plus fort de France et l’addiction aux drogues des plus jeunes.
Il définit des objectifs : la poursuite de la rénovation et de la modernisation du bâti, notamment l’hôpital d’Ajaccio, la modernisation des services ambulatoires et la prise en charge adaptée des flux gériatriques. Egalement, la mise en place de deux services neuro-vasculaires, un à Bastia, l’autre à Ajaccio, pour traiter les AVC (Accidents cardio-vasculaires), de deux centres anti-douleur et d’un centre de santé mentale, ainsi que l’installation d’une 2ème IRM à Bastia.
Aide aux plus fragiles
Côté médico-social, le plan de l’ARS axe ses efforts sur les personnes âgées et les handicapées. Le taux d’équipement global pour les handicapés est inférieur à la moyenne nationale. Par contre, celui des services, notamment du service à domicile, est supérieur. L’idée est de privilégier la prévention, le diagnostic et le dépistage. Pour cela, de créer un centre et des maisons d’accueil sur l’autisme dans les deux grandes villes insulaires et de renforcer l’offre en établissements soignant les troubles du comportement.
Concernant les personnes âgées, Jean-Jacques Coiplet va soulever un paradoxe. La Corse est un territoire vieillissant, mais son taux d’équipement en la matière est en deçà de la moyenne nationale. Malgré un rattrapage assez conséquent du nombre de maisons de retraite, celles-ci peinent à remplir. Aussi l’ARS envisage-t-elle un moratoire de leur création sur les 5 prochaines années.
Des élus inquiets
La présentation du Plan achevé, le directeur de l’ARS s’est prêté aux questions des élus de tous bords, préoccupés par les besoins et les carences dans les territoires. La plus forte doléance concernait, comme on pouvait s’y attendre, les déserts médicaux des communes de l’intérieur. « Il n’y a plus de médecin car il n’y a plus de population. On peut faire ce que l’on voudra, on n’amènera pas de médecin. L’incitation de défiscalisation des horaires de nuit et de jours fériés n’est pas assez rémunératrice pour amener à prendre des gardes », affirme Ange-Pierre Vivoni, élu du Canton de Sagro-di-Santa-Giulia. Le maire de Sisco prône plutôt le développement de la télé-assistance et l’installation d’infirmiers pour assurer, au moins, un suivi médical assisté qui permettrait aux personnes âgées de rester au village.
Un plan minimaliste
A sa suite, Francis Guidici, élu du canton de Ghisoni, est encore plus coupant, estimant la vision d’ensemble du système de santé « floue » et le plan d’action « minimaliste » avec « l’inconvénient de ne pas placer le territoire au cœur des problématiques de santé, en tous cas pas suffisamment à mon goût ». Se demandant quels moyens seront alloués aux objectifs définis par l’ARS, le maire de Ghisonaccia défend le projet de Médipole en cours au Sud de la Plaine Orientale et dont le diagnostic sera présenté au Comité de pilotage à la fin du mois. « Les inquiétudes et les risques sont réels. L’accès aux soins est problématique. Une part importante de personnes renoncent aux soins », indique-t-il, en plaidant pour une concertation et la mise en place de dispositifs innovant.
Enfin, Claude Flori, l’élu du canton du Haut-Nebbiu, va revenir sur les moyens financiers qui, selon lui, ne seront pas au rendez-vous. S’appuyant sur les récentes annonces du 1er ministre en matière d’économie budgétaire, il déclare : « Ce plan d’1 milliard € est présomptueux. Il faut s’attendre à un plan en baisse ».
A chaque fois, le directeur de l’ARS a tenté, tant bien que mal, de calmer les inquiétudes et d’apporter des réponses aux attentes des élus. Un exercice fort difficile sur fond d’austérité budgétaire laissant les élus entre scepticisme et espoir.
N.M.